Quand l’armée aide à rentrer dans le rang… du boulot

Quand l’armée aide à rentrer dans le rang... du boulot
Le capitaine Cyrille veille sur les volontaires. Et est fier du taux d’insertion professionnelle de ses troupes
photos Agnès Marroncle

Quand l’armée se met au service de l’insertion professionnelle, cela porte visiblement ses fruits n Exemple à La Rochelle où le centre de service militaire volontaire a déjà vu passer deux promotions.

Agnès MARRONCLE

Ils ont appris à se tenir droit les mains dans le dos, à répondre positivement à leur chef de section, faire leur lit au carré, se lever à 6h et se coucher à 22h. « Moi qui était plutôt fêtard et couche-tard, j’ai pensé ‘ça va pas le faire’ . Finalement, on s’habitue vite. » D’autant que David, 20 ans, venu du Loiret, était volontaire comme tous les jeunes de 18 à 25 ans accueillis depuis janvier 2016 à la caserne Beauregard de La Rochelle.

David fait partie de la seconde promotion de jeunes en service militaire volontaire (SMV). Il termine ses huit mois au centre de formation Poitou-Charentes, géré par l’armée de terre (1). « Avant, j’étais en bac pro électricité mais j’ai tout lâché. Problèmes familiaux », déclare pudiquement le jeune homme. Même réserve chez Lou-Anne, 18 ans, qui ne s’étend pas sur son passé mais affirme: « J’avais besoin d’être recadrée. Sinon j’aurais fait n’importe quoi. »

 

Chômage, service… boulot

 

Volontaire pour partager la vie de caserne, sa discipline et ses valeurs. Le SMV s’adresse principalement aux jeunes en décrochage scolaire, expression que le capitaine Cyrille, chef du bureau formation, transforme en « raccrochage scolaire! Nous ne cherchons pas à faire de ces jeunes des soldats mais à les redynamiser, les préparer à être citoyens et à trouver un emploi. »

Les six ou huit mois du SMV se divisent en plusieurs périodes: d’abord une formation militaire – sans pratique des armes – puis un second temps de formation complémentaire, remise à niveau scolaire, préparation au permis de conduire, mission citoyenne au service des collectivités. « La seconde promotion a par exemple nettoyé une partie du canal de Rompsay à La Rochelle et des fossés de la citadelle de Vauban à Saint Martin de Ré », indique le capitaine. Enfin le troisième temps est consacré à de la formation professionnelle, en relation avec des organismes spécialisés comme l’AFPA ou les Compagnons du Devoir. « Quand je suis arrivé là, ça faisait trois ans que j’étais au chômage », raconte Mike, un jeune de Cozes en Charente Maritime. « J’avais plaqué le CAP Métallerie dans lequel on m’avait orienté. ça ne me plaisait pas. Je voulais faire de la mécanique, mais aucun garage ne m’embauchait sans diplôme. »

Dans le cadre de son SMV, Mike a passé un certificat de qualification professionnelle en mécanique et il vient de décrocher un contrat en CDI dans un service rapide auto à Saintes. Une belle histoire comme le centre rochelais peut se targuer d’en avoir beaucoup à raconter.

La première promo de 120 jeunes affichait un taux d’insertion de 83,76%. « Ce qui était, parait-il, le meilleur taux français, tout organisme d’insertion confondu », fait valoir le capitaine Cyrille.

Le bilan de la seconde promo n’est pas encore connu, mais il devrait être du même ordre. « Si on est deux à se présenter pour un poste devant un patron, il préférera celui qui a fait un SMV. Il sait qu’on lui a appris à respecter les horaires et la hiérarchie », suppose Mike.

 

L’atout: le volontariat

 

Le capitaine responsable de la formation considère aussi qu’un des traits essentiels du service militaire volontaire est de travailler sur le savoir être: « Intégrer des notions de rigueur, de respect, du gout de l’effort et de la valeur travail. Nous cultivons la discipline mais les chefs de section et encadrants s’efforcent aussi de comprendre les jeunes. Ils savent leur parler et leur faire comprendre qu’ils ont des talents. »

ça ne marche pas sur tout le monde et 11% de l’effectif initial de la dernière promo a quitté les lieux avant terme. « Certains pour des raisons de santé, ils n’étaient pas aptes », temporise le militaire. La réussite du SMV tient aussi au volontariat. Ils viennent par choix et très souvent avec une forte attirance pour l’armée que beaucoup rêvent d’intégrer.

C’était le cas de Mike « mais ensuite, j’ai changé d’avis. Je veux bien obéir aux ordres, mais j’ai eu du mal avec certains. » David ne voit plus non plus son avenir sous les drapeaux « C’est surtout parce j’ai décroché une formation de 18 mois de monteur réseau, avec de grandes chances ensuite d’être embauché par Engie. »

 

(1) Une nouvelle promotion de 120 jeunes est prévue en septembre 2017, puis trois autres en janvier, août et octobre 2018. Renseignements au 05.16.49.34.95

Contacte svmlarochelle@hotmail.com

Source : Charente Libre

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