Dans le centre-ville de L’Aigle, une course-poursuite à la James Bond !

Les faits se sont déroulés en décembre dernier. Une course-poursuite digne d’un James Bond aurait pu très mal se terminer. Le tribunal a condamné le fuyard à 16 mois ferme

Gendarmes-gyrophares-854x569Malgré le gyrophare et le deux tons le conducteur n’a pas obtempéré et la course-poursuite s’est engagée durant trente minutes – photo d’illustration – (©Chalabala)

Alors qu’il circulait dans L’Aigle (Orne), vers 16 h 20 le 15 décembre 2017, au volant d’une Xantia, un Aiglon alors âgé de 29 ans s’est fait sommer par les gendarmes, « gyrophares et « deux tons » à l’appui », de s’arrêter.

Il percute la voiture des gendarmes et poursuit à pied

Ce qu’il a refusé de faire, engageant alors à son encontre une course-poursuite rythmée d’embardées sur la voie de gauche, de non-respect des priorités, de mise en danger de passants et piétons « contraints à s’écarter » à sa vue, jusqu’à cette voie à sens unique dans laquelle il s’est retrouvé « bloqué ».

Pour autant, le fuyard n’obtempère pas, il enclenche la marche arrière et a percute le capot de la Ford Focus de la gendarmerie avant de prendre la fuite à pied dans le centre-ville de L’Aigle.

Finalement interpellé peu après, le jeune homme circulait sans permis et sans assurance.

Flashé à 228 km/h au lieu de 70 km/h… à 19 ans

Dans le box des prévenus du tribunal correctionnel d’Alençon, jeudi 24 mai 2018, il a reconnu les faits.

J’ai agi sous la panique, j’ai pris la fuite pour semer les gendarmes, pour ne pas me faire contrôler parce que je n’ai plus de permis ». Il l’a pourtant obtenu « le jour de [ses] 19 ans » mais, reconnaît-il, « je ne l’ai gardé que six ou sept mois ».

La présidente précise qu’il lui a été confisqué après avoir été flashé « à 228 km/h au lieu des 70 km/h autorisés » sur le lieu de contrôle.

Pourquoi ne l’a-t-il pas repassé depuis ces dix dernières années ? « Je ne sais pas ! », rétorque celui qui exécute une peine d’emprisonnement « au Quartier de semi-liberté de Condé », pour une autre cause.

Les réparations sur le véhicule de gendarmerie se chiffrent à 3 162 €. Et chacun des deux gendarmes engagés dans la poursuite réclame, via la voix de leur avocate, 1 000 € de préjudice moral.

Des images de vidéo-surveillance impressionnantes

« Parce qu’ils ne sont pas là pour être mis en danger ! », signale Me Aude Labey-Bosquet pour les parties civiles selon qui « cette course-poursuite était digne d’un James Bond ! Or, les gendarmes ne sont pas là pour se faire écrabouiller ! »

Selon la substitut du procureur de la République, « ces faits laissent sans voix ». Elle évoque les « images impressionnantes » récupérées à partir de la vidéo-surveillance avant de noter « la chance extraordinaire » du prévenu « qu’il n’y ait pas eu d’autres conséquences matérielles plus graves ». Elle pointe du doigt la récidive légale et requiert deux ans de prison ferme, l’interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur pendant trois ans et la confiscation de son véhicule.

Trente minutes de course sur 12,3 km

Il conduit sans permis et il est connu à L’Aigle, c’est d’ailleurs comme cela qu’il est repéré par les gendarmes qui le croisent », plaide Me Elodie Giard, l’avocate de la défense selon qui « ce n’était pas du James-Bond mais plutôt un mauvais polar !  Car il suffisait aux gendarmes de faire une vérification de sa plaque d’immatriculation puisqu’ils l’avaient reconnu visuellement au volant. Au lieu de cela, ce sont trente minutes de course-poursuite sur 12,3 km qui se sont engagées ! »

Elle rappelle que son client reconnaît les faits mais que « deux ans ferme dans son contexte particulier, ce n’est pas avenu ». Elle invite le tribunal à opter pour une peine mixte « avec éventuellement un travail d’intérêt général et une obligation de passer le permis de conduire pour que ça ne se reproduise pas ! »

Le tribunal a finalement condamné l’Aiglon de 30 ans à 18 mois de prison dont deux mois assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans assortis des obligations d’obtenir le permis de conduire, de travail et d’indemnisation des gendarmes ainsi qu’à l’interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur pendant 18 mois. Sa Xantia a également été confisquée.

Il devra, en outre, dédommager chacun des deux gendarmes à hauteur de 350 € pour leur préjudice moral et 300 € pour leurs frais d’avocat.

Source : Actu.fr

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