« Violences policières »: le ton monte entre gendarmerie et police

Face à des images de gilets jaunes matraqués dans un fast food, un colonel de la gendarmerie n’a pas hésité à parler de « violences policières. »

SÉCURITÉ – “Là on est sur des violences policières.” Confronté à une vidéo de manifestants gilets jaunes frappés par des CRS le 1er décembre 2018 dans un fast-food parisien, le colonel de gendarmerie Michael Di Méo n’a pas mâché ses mots. Une parole rare pour un responsable hiérarchique, alors que ses collègues s’abritent généralement derrière les “enquêtes de l’IGPN” pour ne pas condamner ces pratiques, et encore moins les nommer de la sorte.

De quoi relancer la guéguerre entre ces deux institutions, alors que les personnes mises en cause par le gendarme sont des membres des Compagnies républicaines de sécurité, donc des policiers.

“Quand je vois ça, je suis obligé d’aller dans le sens des manifestants”, explique ce haut-gradé aux journalistes de BFMTV, comme vous pouvez le voir ci-dessous, dans cet extrait d’un documentaire diffusé ce lundi 8 avril dans la soirée.

Sur cette vidéo, on peut notamment voir des femmes et des hommes roués de coups de matraque sans distinction. “Les manifestants ont visiblement forcé l’entrée, parce que le Burger King était fermé, et que la porte était endommagée quand on est entrés. On rentre dans le Burger King avec une quinzaine de gilets jaunes, tout le monde suffoque, moi je vomis quasiment, tellement l’air était chargé en gaz lacrymogène”, racontait un journaliste de Libération pendant que les images faisaient le tour des réseaux sociaux. Capture d’écran 2019-04-08 à 23.33.02

Mais les critiques de ce haut-gradé, qui commandait ce jour-là les gendarmes mobiles dans la capitale, n’ont pas franchement plu au directeur général de la police nationale. “‘Violences policières’ suggère un système, sciemment organisé. C’est évidemment faux”, a répliqué Éric Morvan dans un tweet avant d’ajouter: “S’il y a fautes ou manquements à la déontologie, justice et inspections interviennent et sanctionnent.”

Et de cibler plus directement Michael Di Meo: “j’appelle certains commentateurs, fussent-ils gendarmes, à respecter le temps des enquêtes.”

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Ce n’est pas la première fois que le ton monte quelque peu entre police et gendarmerie.

Un rapport sénatorial publié le 11 mars 2019 confirmait que ce sont bien les services de police et non les gendarmes qui ont eu le plus recours au très polémique LBD (lanceur de balles de défense) pendant les trois mois de crise des gilets jaunes, et donc occasionné plus de blessés.

Mais face aux explications d’une sénatrice spécialiste de la question, arguant que les policiers avaient été davantage mobilisés que les gendarmes, une source officielle de l’institution militaire avait contacté Le HuffPost pour préciser que les gendarmes mobiles étaient eux aussi très souvent sur le terrain, en appui notamment aux CRS. Insinuant ainsi que l’énorme différence de chiffre (à constater ci-dessous) entre le nombre de tirs de LBD provenant de policiers et ceux venant de gendarmes n’étaient pas forcément liée à une différence d’implication dans le maintien de l’ordre mais plutôt à leurs pratiques.

Capture d’écran 2019-04-08 à 23.35.28Capture d’écran 2019-04-08 à 23.36.18Source : Le HuffPost

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