Vannes. Dix-huit mois avec sursis requis contre le conducteur impliqué dans la mort d’un gendarme

b85019a89161833195bfe53ad6ebbd4b-vannes-dix-huit-mois-avec-sursis-requis-contre-le-conducteur-implique-dans-la-mort-d-un-gendarme_0Un automobiliste a été jugé, hier, à Vannes, après la mort d’un gendarme de la brigade motorisée de Theix-Noyalo, en mai 2018, dans un accident de la route, à Saint-Gildas-de-Rhuys. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis, ce jeudi 5 septembre 2019, devant le tribunal correctionnel de Vannes, à l’encontre du conducteur d’un 4×4 qui, en mai 2018, avait provoqué la mort d’un motard de la gendarmerie, à Saint-Gildas-de-Rhuys. Le jugement sera rendu dans quinze jours.

C’est un dramatique accident de la route qui a occupé la totalité de l’audience, ce jeudi après-midi, au tribunal correctionnel de Vannes. Un accident mortel qui, à l’époque, avait connu un certain retentissement, car la victime était un gendarme en service, affecté à la brigade motorisée de Theix-Noyalo.

Philippe Hervé, 43 ans, revenait de Sarzeau, dans le cadre d’un contrôle routier, lorsque, vers midi, à Saint-Gildas-de-Rhuys, sa moto a percuté de plein fouet un véhicule 4×4 qui lui a coupé la route. Le militaire a été tué sur le coup.

Entendus, plusieurs témoins ont indiqué que le gendarme roulait « vite », en évoquant une vitesse de l’ordre de « 90 ou 100 km/h ». Les collègues de la victime parlent d’un homme « prudent », à la « conduite calme » et ne prenant « jamais de risque ».

À la barre, le conducteur mis en cause dans cet homicide involontaire, un Gildasien de 51 ans, estime, qu’il n’a commis « aucune maladresse » en coupant la départementale pour s’engager dans un chemin et « n’a pas eu de moment d’inattention » . Pour lui, le motard « conduisait trop vite » et le prévenu l’incrimine donc sans hésitation, précisant même que d’après d’autres automobilistes, il aurait, avant l’accident, « doublé sur une ligne continue ».

« On a l’impression que c’est vous la victime »

Sur les réseaux sociaux, le quinquagénaire avait insinué que les gendarmes pouvaient être alcoolisés sur les routes, avant de lancer son propre appel à témoins Il avait, aussi, fait des photos de sa voiture et de la moto, juste après l’accident. Une attitude dénoncée, avec vigueur, par un très proche ami du gendarme décédé, venu rendre, à l’homme qu’il était, un vibrant et bel hommage. Un moment d’humanité qui contraste avec l’attitude d’un prévenu qui, par tous les moyens, aura cherché à fuir ses responsabilités. Jusqu’à faire citer, à l’audience et à la grande surprise des parties civiles, sept témoins, dont… un expert privé, qui estimera que la vitesse du motard était, au moment du choc, « supérieure à 181 km/h » ! Une estimation deux fois plus élevée que celle de l’expert judiciaire, mandaté par le tribunal, et que celle d’un témoin direct de l’accident, doublé par le motard juste avant la collision mortelle.

« Quand j’ai vu la moto « gendarmerie », je me suis dit : « putain, je suis mort », indique le prévenu, à la barre, en précisant : Gendarme, j’ai vu de tout de suite les emmerdes. Un civil, ça n’aurait pas été pareil. Là, l’enquête est menée par les gendarmes. » Une manière de mettre en doute l’impartialité des enquêteurs jugée difficilement acceptable par les avocats des parties civiles qui ont fustigé un prévenu qui s’est rendu « plus odieux par son comportement que par l’acte qu’il a commis ».

« Cette faute d’imprudence est devenue une affaire exceptionnelle de par le positionnement totalement déplacé du prévenu, a enchaîné le procureur, Alexis Mihman. Ce qu’il a commis est irréparable, mais a été aggravé par ce qu’il s’est passé ensuite. Dès le lendemain, il déposait plainte contre le major pour excès de vitesse ! »

À l’encontre de cet automobiliste, qui « a ajouté de l’indécence au chagrin », le procureur Mihman a requis 18 mois de prison avec sursis, une annulation du permis de conduire, avec interdiction de le repasser avant un an, et une amende de 500 €. « Vous avez jugé un homme par rapport à son comportement après les faits, votre rôle, c’est de juger les faits », a estimé l’avocat de la défense, en s’appuyant sur l’analyse de l’expert privé pour imputer toute la responsabilité de l’accident au seul motard et réclamer la relaxe.

Au terme de plus de six heures de débat, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré. Le jugement sera rendu le 19 septembre prochain.

Source : Ouest-France

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