Une salle d’audition spéciale pour les » bouts de chou »
Les gendarmes disposent de salles “ Mélanie ” pour entendre les enfants victimes de violences ou d’agressions sexuelles. Exemple à Vendôme.
Des posters de dessins animés, des jouets, une marelle, des petites chaises, une télé… Cela pourrait être une banale salle de jeux pour les enfants. Sauf qu’elle se trouve à la compagnie de gendarmerie de Vendôme et que la pièce sert exclusivement à l’audition des enfants victimes de violences ou d’agressions sexuelles. Des auditions filmées, parce que les gestes ou attitudes des enfants en disent parfois beaucoup plus long que les mots.
Cette salle « Mélanie » (du nom de la première enfant entendue de cette manière) évolue constamment. Ce sont les gendarmes de Vendôme qui apportent les jeux et les éléments de décoration.
Environ 120 auditions d’enfants l’an dernier
Avec quelque 400 auditions au compteur, le maréchal des logis-chef Bernard Michaud, enquêteur à la brigade de recherche, est le spécialiste des « bouts de chou », comme il les appelle. Il explique que l’objectif est d’arriver à répondre à cinq questions principales : qui, quand, quoi, où, comment. S’y ajoute le pourquoi. Les enfants ne sont auditionnés qu’une seule fois, mais « parfois, on peut faire deux auditions, si on apprend d’autres faits ». Jamais au-delà d’une heure, et, pour les plus petits, c’est souvent moins de 15 minutes.
« Pour moi, le principal est le bien-être de l’enfant. Un enfant, il parle s’il se sent bien », souligne l’enquêteur. « Je leur dis que cette salle est magique, qu’ils peuvent parler comme ils veulent, avec les mots qu’ils veulent. Et, une fois sortis, ils reprennent les bonnes manières, ne disent plus de gros mots. » Pendant que la jeune victime joue, le gendarme pose des questions. « Au départ, on parle de sa vie en général, la scolarité, la famille, du sport, des loisirs… » Avant d’aborder les faits. « Je les laisse parler. Tant que ça sort, ça sort. Puis on reprend fait par fait ». Pour répondre aux fameuses cinq questions.
Dans la salle, le chef Michaud peut compter sur l’aide de « ses assistants », selon ses propres termes. Les assistants en question : Ken et Barbie. L’enfant peut ainsi se saisir des poupées pour montrer ce qu’il a parfois du mal à verbaliser. Propos, comportement et gestes sont donc enregistrés. Les silences aussi. Qui peuvent aussi en dire long, comme le sait très bien le militaire.
« Nous avons un rôle judiciaire, tout en restant humains. Le but, c’est d’avoir assez de preuves et que l’enfant ressorte en se sentant mieux ou, en tout cas, qu’il n’aille pas plus mal. »
L’an passé, 46 enfants ont été entendus dans la salle « Mélanie » de Vendôme. Les compagnies de Blois et Romorantin disposent également d’une salle de ce type. En tout, ce sont donc environ 120 auditions de jeunes victimes qui ont été réalisées.
Source : La Nouvelle Republique
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