Un colonel assure qu’un gendarme vaut «un policier et demi, voire deux»
Le syndicat Alliance et même le directeur général de la police nationale se sont déclarés outrés par les propos du colonel, qui s’est exprimé dans le cadre d’une audition à l’Assemblée nationale. Ce dernier s’est depuis excusé.
Quelques mots pour relancer une rivalité ancestrale. Un colonel de l’armée de terre a assuré récemment devant les parlementaires qu’il fallait «un policier et demi, voire deux» pour faire le travail d’un gendarme. Michel Goya, chef du bureau de recherche au centre de doctrine et d’emploi des forces de l’armée de terre, s’est exprimé le 19 novembre dernier devant les membres de la commission de défense de l’Assemblée nationale sur l’absence de syndicats pour les militaires. Bien que rattachés au ministère de l’Intérieur depuis 2009, les gendarmes possèdent le statut militaire, et y sont très attachés.
Partant du postulat «généralement» admis qu’il fallait «un policier et demi, voire deux (…) pour accomplir le travail d’un gendarme», le colonel Goya a estimé devant les parlementaires qu’une «syndicalisation» induirait donc un coût supplémentaire pour obtenir «une efficacité équivalente». Dans un second temps, face aux critiques suscitées par son intervention, le militaire a expliqué tenir cette information de Philippe Folliot, député UDI du Tarn.
@SebMln ce que @Michel_Goya pense, à la limite, m’est égal! Mais déblatérer des âneries pareilles devant L’AN, ça me fout en l’air!
@PJ_un_jour@SebMln En fait, je suis parti des propos d’un des membres de cette même AN (P Folliot). http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/14-15/c1415021.asp …
L’élu centriste s’est en effet exprimé le 12 novembre dernier devant la Commission de la défense nationale des forces armées. «Le statut militaire de la gendarmerie n’est pas neutre sur le plan budgétaire, a-t-il ainsi expliqué. La potentialité de 100.000 gendarmes, en termes de charge de travail et de présence sur le terrain, équivaut à celle de 150.000 policiers.»
Michel Goya a poursuivi les comparaisons entre policiers et gendarmes, assurant qu’il existait une «différence de traitement» entre les deux forces, «sources de frustration». «Quand on a vu comme moi, pendant les événements en Nouvelle-Calédonie dans les années 1980, des gendarmes mobiles loger sous des tentes à côté de l’hôtel où résidaient les compagnies républicaines de sécurité (CRS) qui remplissaient les mêmes tâches qu’eux, on peut le concevoir», a-t-il expliqué.
Le statut des gendarmes leur interdit en effet de faire grève ou d’exprimer publiquement leurs revendications catégorielle, tout en ayant des astreintes horaires supérieures à celles des policiers. En échange, ils bénéficient de certains avantages, comme un logement de fonction ou des systèmes de mutuelle et de retraite particuliers. La dualité des forces de maintien de l’ordre a historiquement été décidée afin de garantir la sécurité de l’Etat, les militaires ne pouvant contester ses décisions.
Un communiqué d’excuse publié… en même temps qu’un tweet-clash
L’officier s’est également dit «sidéré» après avoir constaté que «tous les policiers s’arrêtaient de patrouiller entre une heure et deux heures du matin pour respecter la pause syndicale». Le syndicat de police Alliance, le premier chez les gardiens de la paix, s’est dit à son tour mercredi «sidéré» par les déclarations du colonel Michel Goya «qui n’a sans doute jamais mis les pieds dans un service de police pour débiter un tel tissu d’inepties». Le syndicat a demandé au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve de «réagir publiquement et fermement» devant ces propos «dégradants voire outrageants».
Preuve de l’impact de tels propos au sein de la police, la condamnation de ce syndicat a été accompagnée, jeudi, de celle du directeur général de la police nationale (DGPN) Jean-Marc Falcone. Dans un communiqué transmis à l’AFP, il a «vivement» regretté des propos «offensants et injustes» qui «démontrent une méconnaissance totale de l’organisation et du fonctionnement de la police nationale».
Michel Goya, spécialiste d’histoire militaire et de l’analyse des conflits, a noté jeudi, dans une déclaration rendue publique par le service de presse de l’armée de Terre, qu’il s’était exprimé «à titre personnel» et a regretté une comparaison qui «n’avait pas lieu d’être». Dans le même temps, l’homme continuait le débat sur Twitter avec un internaute se présentant comme un membre de la Police judiciaire. Sur un ton nettement moins policé.
Source : Le Figaro
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