Policiers agressés à Saint-Malo : « En 25 ans de police, je n’ai jamais eu aussi peur »

Deux policiers ont été violemment agressés à la sortie d’une discothèque à Saint-Malo, dimanche dernier. Ils ont témoigné aujourd’hui, devant le tribunal.

25061-190619200807847-0Deux policiers ont été violemment agressés à la sortie d’une discothèque à Saint-Malo, dimanche 16 juin. (© Illustration actu.fr)

« L’ambiance était électrique », raconte un témoin. « Il y avait une cinquantaine de personnes sur le parking. Des gens se battaient », témoigne un autre client. La scène se passe au petit matin, dimanche 16 juin 2019, à la sortie de la discothèque l’Escalier, à Saint-Malo. La présence des videurs de l’établissement et de la police municipale ne suffisent plus. La police nationale est appelée en renfort.

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La suite ? Ce sont les images de la vidéosurveillance qui la racontent le mieux : on voit un homme courir à toutes enjambées vers un policier. Il se jette sur lui et est aussitôt rejoint par une quinzaine d’individus. La scène est violente, rapide. Deux policiers en sortent blessés.

« J’ai vu mon collège se faire emplafonner et tomber violemment au sol »

L’un d’eux, minerve autour du cou et plaie au visage, raconte devant le tribunal de Saint-Malo, ce mercredi 19 juin 2019 :

« J’ai vu mon collège se faire emplafonner et tomber violemment au sol. Je me suis alors dirigé vers lui pour l’aider. Je me suis penché, et là, j’ai été projeté. J’ai perdu connaissance. Quand j’ai retrouvé mes esprits, je n’ai pas compris ce que je faisais là, ce qu’il s’était passé ».

Un groupe d’une quinzaine d’individus vient en fait de lui foncer dessus. Le policier s’en relèvera, victime d’un traumatisme crânien.

« J’ai 25 ans de police derrière moi. Comme mes collègues, j’ai travaillé dans des banlieues chaudes en région parisienne. C’est la première fois que je suis confronté à ça. Oui, j’ai eu peur ».

« Je me suis dit : mais si le groupe revient, qu’est-ce qu’on fait ? »

À ses côtés, son collègue d’infortune boîte péniblement jusqu’à la barre du tribunal pour témoigner lui aussi. Il porte une attelle le long de la jambe, stigmate de cette fin de soirée chaotique.

« J’ai senti subitement des coups de pied dans mon dos. J’ai réussi à me relever. J’avais ma main sur mon arme pour qu’on ne me la prenne pas. Je me suis dit : mais si le groupe revient, qu’est-ce qu’on fait ? »

Personne, heureusement, ne reviendra à la charge. Deux des principaux agresseurs seront rapidement identifiés. L’un d’eux court toujours dans la nature. L’autre que l’on voit à l’image sauter le pied en avant sur les victimes a été interpellé et présenté devant la justice, pour être jugé en comparution immédiate ce mercredi 19 juin 2019 :

« Je me suis trouvé minable »

« Je m’excuse. Je ne suis pas quelqu’un de violent. J’avais beaucoup bu. Je ne me souviens pas des coups que j’ai portés ».

« Vous vous êtes trouvé comment en visionnant les images de la vidéosurveillance », lui demande alors la présidente du tribunal.

« Minable », répondra le prévenu.

« Vous êtes un potentiel meurtrier »

« Non, vous vous n’êtes pas comporté comme un minable, lui rétorquera plus tard, durant l’audience, l’avocat des deux policiers, Me Pierre Stichelbaut. « Vous vous êtes comporté comme un potentiel meurtrier ».

Le prévenu, âgé de 25 ans, diplômé dans les métiers du bâtiment, est actuellement au chômage. En proie à des difficultés financières, il s’est rabattu sur la vente de stupéfiants. En perquisitionnant son domicile, les enquêteurs ont trouvé « une chambre de culture de cannabis, plus d’une trentaine de plants, avec un branchement électrique hors-normes ».

Trouvaille plus inquiétante encore, ils ont mis la main dans un placard sur un fusil de chasse de calibre 12 et le canon d’un fusil à pompe.

« Un morceau de la République qui part en morceaux »

« Quand on s’attaque à des policiers, c’est toujours un morceau de la République qui part en morceaux », dira le procureur dans son réquisitoire.

Me Christian Tricheur, l’avocat du prévenu, rappellera pour sa part au tribunal que son client (déjà condamné pour d’autres faits) « comparaît pour la première pour des violences. Il faisait partie d’un groupe d’agresseurs cette nuit-là. Or je ne vois que lui aujourd’hui devant le tribunal ».

Son client a été condamné à 5 mois de prison ferme. Aucun mandat de dépôt n’a en revanche été prononcé à son encontre. Il est donc ressorti libre du tribunal.

Source : Actu.fr

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