OISE Des assistantes sociales chez les gendarmes

Pour aider les militaires à régler les différends familiaux, trois intervenantes sociales sont attachées aux brigades de gendarmerie, à Méru, Clermont, Chantilly et Compiègne.

intervenante sociale en gendarmerie

N e venez surtout pas, ça va empirer les choses. » Cet appel au secours d’une femme, victime de la violence de son mari, le commandant de la compagnie de gendarmerie de Méru, David Lacheteau, s’en souvient encore. «  Pour nous, c’était une évidence, il fallait y aller  », insiste le chef d’escadron.

Mais ce genre de problème ne se règle pas par la simple intervention des militaires dans une vie de couple. «  L’essentiel de nos sorties, entre 20 et 23 heures chaque soir, est consacré aux différents familiaux, souvent sur fond d’alcool, partage David Lacheteau. Nous sommes confrontés à cette détresse que nous traitons sur le plan de la procédure pénale mais notre métier, ce n’est pas d’orienter quiconque sur le plan social  ».

Une majorité de femmes victimes de violences conjugales

C’est le travail de Cécilia Saggiorato. Cette assistante sociale de formation a désormais son bureau à la compagnie de gendarmerie de Méru et de Chantilly où elle intervient aussi. Véritable relais des militaires, la jeune femme y accueille ceux qui acceptent son aide. Femmes victimes de violences conjugales, mais aussi leurs maris, originaires de tout le Sud-Ouest de l’Oise, qu’elle reçoit ensemble ou séparément, dans le but de trouver une solution. Des soins contre l’alcool, un conseil juridique ou encore l’appui d’une association de médiation. «  Les dames sont très souvent isolées, elles ne savent vers qui se retourner  », explique Cécilia Saggiorato.

Plusieurs rendez-vous sont nécessaires à la jeune femme pour comprendre la situation de chaque famille. «  Difficile de se dévoiler devant un inconnu lors d’un premier entretien. La victime a aussi parfois besoin de temps avant de savoir ce qu’elle veut. Je suis là pour répondre à leurs inquiétudes, leur rappeler leurs droits, les rassurer, surtout quand il y a des enfants dans le couple et que la femme a peur d’en perdre la garde. »

Un dispositif à l’épreuve de l’adhésion des familles

Certaines ne réalisent pas encore l’ampleur du drame. «  J’ai reçu dernièrement une femme qui a promis de me rappeler. Je ne suis pas certaine qu’elle le fasse. Elle refusait de porter plainte. Je ne peux pas non plus les obliger  », insiste Cécilia Saggiorato. Si les victimes de violences conjugales sont systématiquement dirigées vers l’intervenante sociale, nul ne les contraint à accepter cette main tendue. Encore plus quand tout se passe dans les locaux d’une gendarmerie.

Cette nouvelle forme de prise en charge est récente dans l’Oise, née d’un partenariat entre l’État et le conseil départemental. Comme Cécilia Saggiorato, des intervenantes sociales en gendarmerie ont été recrutées en mars dernier dans les compagnies de Clermont, Chantilly et Compiègne. Les policiers de l’Oise sont également épaulés par les mêmes profils de professionnel depuis plus longtemps.

Depuis sept mois, 74 personnes, dont 28 en septembre, sont passées dans le bureau de la nouvelle « collègue » des gendarmes de Méru. Parmi elles, également des adolescents à la dérive, et leurs parents désœuvrés.

À travers ce nouvel intermédiaire, les militaires espèrent régler différemment certaines affaires. «  Il faudra du recul pour mesurer les premiers bénéfices de ce nouvel appui. Mais il est clair que le but est de nous reconcentrer sur nos missions de gendarme. Dans la Somme, le dispositif existe déjà depuis longtemps. Les gendarmes n’ont plus à intervenir dans certaines familles où les problèmes ont définitivement été réglés  », insiste David Lacheteau. Mélanie Carnot

Source : Courrier Picard

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