Non, la dame de Penmarc’h n’a pas été verbalisée parce qu’elle voulait rentrer chez elle

photo-d-illustration_5141755_676x416pPhoto d’illustration. (Photo François Destoc)

La vidéo postée sur Facebook le 23 avril a été vue plus de 224 000 fois. On y voit une octogénaire bourguignonne, au bord des larmes, relater qu’elle a été verbalisée par les gendarmes du Guilvinec (29), sur la digue de Kerity, parce qu’elle voulait rentrer chez elle. C’est faux.

« J’étais au bout de la digue quand deux agents de la gendarmerie sont arrivés pour me verbaliser (…) Je suis un peu en déprime parce que je voudrais rentrer chez moi (…) pour me récompenser, on m’a verbalisée de 135 €». La vidéo dure deux minutes et 18 secondes. On y voit une octogénaire, originaire de Bourgogne, à Kerity, en Penmarc’h (29), où elle séjourne depuis le 28 février. Elle y est confinée, depuis le 17 mars.

« Elle a pour seul exutoire la digue », relève l’ami qui la filme. Ce dernier y explique avoir appelé, le 22 avril, les gendarmes du Guilvinec (29) pour l’empêcher de prendre la route, seule, pour la Bourgogne. « Ils ont été très gentils et l’ont raisonnée alors que les deux gendarmes arrivés aujourd’hui (le 23 avril, NDLR) n’ont trouvé qu’une seule chose à faire, c’est de lui mettre une amende ». « En colère », il a décidé de poster la vidéo sur Facebook. En moins de 24 h, elle a été vue plus de 224 000 fois et partagée à plus de 14 000 reprises.

Ce qui a fait réagir le groupement de gendarmerie du Finistère. « La dame n’a pas été verbalisée parce qu’elle se promenait sur la digue ou parce qu’elle voulait rentrer en Bourgogne mais parce qu’elle n’avait pas d’attestation dérogatoire de sortie », rétorque le colonel Nicolas Duvinage.

« Les gendarmes ne font pas de différence entre les jeunes, les vieux, les locaux et les visiteurs »

Le patron des gendarmes du département explique que si deux gendarmes se sont déplacés le 22 avril pour « dissuader gentiment » l’octogénaire de prendre la route de la Bourgogne, le lendemain, deux autres gendarmes étaient « en patrouille confinement » à Kerity. « Ils l’ont vue sur la digue et sont allés pour la contrôler, relate le colonel. D’emblée, la dame s’est montrée assez vindicative, en refusant de décliner son identité, de donner son adresse et en contestant le bien-fondé des questions des gendarmes ».

Les militaires lui ont alors demandé son attestation dérogatoire de sortie, qu’elle n’avait pas. Et a donc été verbalisée. « Cela illustre que les gendarmes ne font pas de différence entre les jeunes, les vieux, les locaux et les visiteurs », mais aussi « que les personnes âgées ont du mal à supporter le confinement et que certaines ont tendance à sortir plus que de raison, or, ce sont les personnes les plus vulnérables ». Le chef des gendarmes du Finistère explique « l’âge n’exonère pas du respect du confinement ». Et indique que trois autres seniors ont été verbalisés le même jour, pour le même motif, par la gendarmerie du Guilvinec.

L’octogénaire pourrait bénéficier d’un rapatriement

Le groupement a donc pris connaissance de la vidéo, postée et partagée en masse sur les réseaux sociaux. « Au vu de la vidéo alarmante sur l’état de santé de la dame, on a repris contact avec elle, ce vendredi matin, pour savoir comment elle allait, relate le colonel Duvinage, qui précise que la dame a le droit de contester la verbalisation auprès du procureur de la République de Quimper. On l’a mise en relation avec la mairie de Penmarc’h ».

Tout en étant en lien avec Raynald Tanter, le maire de la commune. « Il nous a dit qu’elle était éligible à un accompagnement social par la mairie et qu’elle pourrait bénéficier d’un rapatriement en Bourgogne, en toute légalité, par un dispositif municipal ». Contacté, le maire de Penmarc’h déclare : « Ma première adjointe est allée à sa rencontre, ce vendredi matin. Pour l’instant, ça va. On l’accompagnera d’une manière ou d’une autre pour la Bourgogne mais il faut que les circonstances le méritent, par exemple de gros problèmes de santé ». L’édile et son équipe ont inscrit l’octogénaire sur la liste des personnes à contacter, pendant le confinement. « Elle ne l’était pas avant, n’étant pas de la commune. Elle en fait partie désormais et nous la contacterons régulièrement pour prendre de ses nouvelles ».

Source : Le Télégramme

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