Mobilisation des gardiens de prison. Une maison d’arrêt au ralenti

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Démarré depuis dix jours, le mouvement de contestation des surveillants de la maison d’arrêt, autour de leurs conditions de travail et de rémunération, s’est intensifié depuis lundi avec des entrées et des sorties limitées aux activités médicales et aux visites (parloirs).

Si la situation s’est quelque peu tendue devant la maison d’arrêt de Brest, rien à voir avec les confrontations et les évacuations violentes observées ailleurs en France. À Brest, tout aussi privé du droit de grève, le personnel expérimenté mène une mobilisation pondérée avec, pour le moment, des occupations réalisées par des personnels hors service. À l’intérieur de la maison d’arrêt, pas d’incidence sur le planning et les moyens de surveillance. Pourtant, depuis hier matin, les gardiens de prison ont décidé de hausser le ton en menaçant de déclencher les premiers arrêts de travail et, si besoin, les refus de prise de service, « des remises de clés » synonymes de conséquences salariales et disciplinaires pour les personnels soumis aux mêmes obligations que les policiers et gendarmes. À l’écoute des discussions nationales, les surveillants brestois empêchent, depuis lundi, toute entrée et sortie de l’établissement en laissant les visites au parloir s’effectuer ainsi que les interventions des professionnels de santé. En revanche, aucune entrée et extraction de détenus n’a été possible depuis lundi, les forces de l’ordre étant mobilisées hier après-midi pour la troisième fois depuis le début du conflit, afin de rétablir les sorties et entrées.

« S’il faut déposer les clés »

Dans la rue, de nombreux automobilistes soutiennent la mobilisation en klaxonnant. « On a laissé trop d’années se dégrader une situation avec des prisons surpeuplées, des comportements qui n’ont cessé de se radicaliser et pas seulement de la part des islamistes, sur fond de rémunérations insuffisantes », résume Jean-François Morval, de la CGT. Un feu de palettes et de pneus est tranquillement maîtrisé à une dizaine de mètres de la porte principale de la maison d’arrêt. « C’est le moment de faire avancer les choses dans ce métier et s’il faut venir déposer les clés, on le fera malgré les conséquences ! ». « En 1992 à Brest, neuf surveillants de prison avaient été mis à pied pendant trois mois. Ça date mais on s’en souvient encore », complétait un autre gardien de prison. Combien sont-ils, tous les jours de l’année, à faire tourner l’établissement brestois ? Entre 115 et 120, dont une dizaine de femmes, tous rémunérés entre 1.300 et 2.100 € pour encadrer 370 détenus dans un site dimensionné à 254. Ajoutez à cela les nombreux week-ends travaillés et les vacances à dates contraintes. « Faut pas s’étonner que les jeunes ne veuillent plus faire ce métier dans ces conditions et à ce tarif, surtout à se retrouver dans un établissement parisien ou à l’autre bout de la France ! », entendait-on parmi la dizaine de personnels regroupés, hier, devant la porte principale.

Déficit d’approvisionnement

De son côté, la directrice de l’établissement, Catherine Pech, déplore « les difficultés d’extraction persistante et les incidences sur le fonctionnement de la justice ». « Avec les livraisons annulées, la logistique et les approvisionnements risquent de manquer dans les prochains jours ».

Source : Le Télégramme

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