Les deux frères d’Adama Traoré placés en garde à vue à Pontoise

Un rassemblement en mémoire d'Adama Traoré, le 30 juillet 2016 à Paris.
Un rassemblement en mémoire d’Adama Traoré, le 30 juillet 2016 à Paris.

afp.com/DOMINIQUE FAGET

Un rassemblement en mémoire d’Adama Traoré, le 30 juillet 2016 à Paris.

afp.com/DOMINIQUE FAGET

Ce mardi matin, Youssouf et Bagui Traoré, les deux frères d’Adama Traoré, mort en juillet à Beaumont-sur-Oise, ont été arrêtés. Leur garde à vue a été prolongée dans la journée.

Dernier rebondissement dans l’affaire Adama Traoré. Youssouf et Bagui Traoré, ses frères, ont été arrêtés ce mardi matin vers 8h15, à Beaumont-sur-Oise, indique le procureur adjoint de Pontoise François Capin-Dulhoste à L’Express, confirmant une information de L’Obs. Ils ont été placés en garde à vue à la gendarmerie de Pontoise pour violences et outrages à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique. Leur garde à vue a été prolongée en fin de journée.

Le magistrat précise que les faits qui leur sont reprochés datent de jeudi dernier. Lors d’un rassemblement devant la mairie de Beaumont, qui a dégénéré et nécessité un blocage des accès, les deux hommes auraient eu une attitude virulente à l’égard des policiers municipaux et des gendarmes.

« Une opération d’intimidation », dénonce la famille

Dans un communiqué, le collectif « Justice pour Adama »,qui fustige les zones d’ombres dans la mort d’Adama Traoré, en juillet à Beaumont-sur-Oise, estime que « cette opération ne peut être qu’une opération de déstabilisation et d’intimidation des forces de l’ordre de la ville de Beaumont-sur-Oise ». « Youssouf n’a à aucun moment fait usage de la violence devant des gendarmes qui se sont rués sur lui alors qu’il n’y avait aucune provocation de sa part », ajoute le collectif, faisant référence aux heurts qui ont éclaté jeudi dernier dans la ville.

« On vit des répressions, un acharnement grave des force de l’ordre, gendarmes, policiers et politiciens », a de nouveau dénoncé ce mardi soir Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré, lors d’une conférence de presse organisée devant la mairie de Beaumont-sur-Oise. « Depuis ce matin, deux de mes frères en payent encore les frais », affirme la jeune femme.

Assa, la soeur d'Adama Traoré (C), lors d'une manifestation pour réclamer la vérité sur la mort de son frère, le 30 juillet 2016 à Paris
Assa, la soeur d’Adama Traoré (C), lors d’une manifestation pour réclamer la vérité sur la mort de son frère, le 30 juillet 2016 à Paris

afp.com/DOMINIQUE FAGET

« Jeudi, nous sommes venus au même endroit et nous avons été accueillis par un cortège de policiers. Ils nous ont gazé dans la plus grande impunité (…). Les gendarmes ont dit ‘chargez’, ils ont tabassé et humilié les jeunes. Ils étaient sur les toits avec des flash-balls », a-t-elle affirmé. « Nous vivons de l’antidémocratie », a martelé la soeur d’Adama Traoré. « Cette pression continue sur nous, c’est nous qui avons perdu quelqu’un. Ce qu’ils veulent, c’est détruite notre cellule familiale car on dérange », déplore-t-elle. Elle annonce que « la mobilisation va continuer », pour faire libérer ses frères.

Le conseil municipal annulé

Dans la journée, la mairie de Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise, a annoncé sur son site l’annulation du Conseil municipal qui devait se tenir ce mardi soir: « Les conditions de sécurité ne sont pas réunies ». « Nous souhaitons ne pas mettre en danger les Beaumontois et les personnels municipaux », a-t-elle assuré. « Nous ne souhaitons pas que les passions vives engendrées par le contexte local actuel créent de nouveaux troubles pouvant porter atteinte à l’intégrité physique des personnes amenées à se déplacer au conseil municipal », a ajouté la mairie.

Le 17 novembre déjà, des violences avaient éclaté en marge du conseil municipal de la ville, qui n’avait pas pu se tenir, et dans le quartier Boyenval, d’où était originaire Adama Traoré. Plusieurs dizaines de personnes avaient voulu assister au conseil, qui devait se prononcer sur la prise en charge des frais de justice de la maire, Nathalie Groux, régulièrement mise en cause par la famille Traoré.

Les militaires de la gendarmerie ont essuyé des tirs de mortiers et d’engins incendiaires et deux personnes avaient été interpellées. Dans la soirée, d’autres incidents ont eu lieu dans la ville voisine de Persan où des poubelles et un véhicule ont été incendiés.

Nuits d’émeutes à Beaumont-sur-Oise

Qualifiée de « bavure » policière par son entourage, la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet, avait entraîné plusieurs nuits de violences. Malgré deux autopsies, la cause du décès du jeune homme n’a pu être établie avec certitude. Elles ont toutefois mis en évidence notamment un « syndrome asphyxique« .

Lors de son arrestation, le jeune homme avait été maintenu au sol sous « le poids des corps » de trois gendarmes, selon une source proche de l’enquête citant les déclarations de l’un des militaires. L’information judiciaire ouverte après sa mort a été dépaysée à Paris,à la demande de la famille.

Source : L’Express

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