Les attentats de Paris réveillent la guerre police-gendarmerie

Dans une lettre au vitriol, les syndicats de police dénoncent des « manœuvres de déstabilisation » qui seraient orchestrées par la gendarmerie contre le Raid et la BRI.

Bernard Cazeneuve forces de l'ordre

Bernard Cazeneuve va devoir trancher dans la guerre police-gendarmerie. (Bony/Sipa)

C’est le principal enseignement des attentats de novembre : réagir vite. Le ministre de l’Intérieur a fixé le délai d’intervention… à vingt minutes. Comment? « Je souhaite que les forces d’intervention rapide, celles du GIGN en ce qui concerne la gendarmerie, du Raid et de la BRI en ce qui concerne la police nationale, soient réparties de manière à ce que la totalité du territoire national soit couvert », a précisé mardi Bernard Cazeneuve. « C’est un objectif », relativise-t-on dans l’entourage du ministre. « Nous devons faire évoluer l’articulation des zones de compétences propres à la gendarmerie et à la police. Le sujet est sensible, j’en ai bien conscience… », a encore annoncé le ministre.

Un sujet sensible? Bel euphémisme… Le 1er janvier, le ministre de l’Intérieur a reçu un courrier de la Fédération autonome des syndicats du ministère de l’Intérieur (Fasmi) affiliée à l’Unsa et du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Un véritable brûlot contre les gendarmes! Cinq pages de récriminations contre les pandores, qui se concluent par une aimable « invitation à recentrer son dispositif sur les nombreuses portions de territoire par trop délaissées », adressée au directeur général de la gendarmerie, le général Denis Favier, ex-patron du GIGN… Pour les signataires de ce courrier, les critiques et autres « sous-entendus fielleux » qui ont suivi les interventions de la BRI au Bataclan et du Raid à Saint-Denis ne seraient que des « manœuvres de déstabilisation » orchestrées pour faire le jeu « d’un acteur mineur du champ de la sécurité : la gendarmerie nationale ». « L’agacement » des policiers vise également les « aspirations expansionnistes de la gendarmerie » qui « se moque des zones de compétence de chaque force… » Une véritable déclaration de guerre.

Arbitrage début février

Les gendarmes du GIGN auraient-ils été plus prompts que les policiers de la BRI, le soir du 13 novembre, à intervenir au Bataclan? « On a regardé les vidéos, leurs premiers véhicules ne sont arrivés à la caserne des Célestins qu’à 23h15 », s’énerve un policier. « Pourquoi le patron du Raid s’est-il amusé à communiquer sur des tirs nourris de kalachnikovs qui n’existaient pas? », feint de s’interroger de son côté un gendarme. « Personne ne s’intéresse à la quasi-destruction de l’imprimerie de Dammartin par le GIGN alors que les frères Kouachi ont été tués sur le parking… », réplique un policier. Ambiance.

C’est dans ce climat – « pas vraiment amical », résume un participant – que les réunions s’enchaînent en ce moment. Déjà présent à Toulouse, Orange et Dijon, le GIGN compte implanter des antennes à Nantes, Rennes et Tours. De son côté, le Raid a intégré les groupes d’intervention de Lille, Rennes, Marseille, Nice, Bordeaux et Strasbourg. À Paris, la BRI va voir ses effectifs doubler et pourrait ne pas déménager du 36, quai des Orfèvres. Faut-il, pour le reste du pays, prévoir d’autres implantations ou encourager la formation et l’équipement des « primo-intervenants », BAC dans la police, pelotons d’intervention dans la gendarmerie? Bernard Cazeneuve, qui attend une réponse d’ici à début février, va devoir arbitrer…

Source : Le JDD

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