Le chien de la gendarmerie a perdu son flair

À la gendarmerie de Caen, le chien Djembé va recevoir la médaille de la Défense nationale, pour ses bons et loyaux services. Présent sur des centaines d’interventions, ce Saint-Hubert a permis de retrouver des dizaines de personnes disparues. Un travail tellement intense, qu’un jour, il en a eu ras les babines et a fait un vrai burn-out…

« Pour moi, c’est un grand jour. Je reçois ce vendredi à Caen, la médaille de bronze de la Défense nationale, à titre exceptionnel. La récompense d’une vie de chien. Car, moi, Djembé, je suis un chien de Saint-Hubert. Pendant huit ans, je n’ai pas eu mon pareil pour retrouver, juste avec ma truffe, des personnes disparues.

Rendez-vous compte : avec mon maître, le gendarme Cédric Moulin, on nous a engagés sur le terrain à 200 reprises ! 45 fois, j’ai aidé à la découverte du disparu. Et 15 fois, je l’ai trouvé moi-même ! Des vivants, parfois des morts, aussi. Pas toujours gai, le métier de pisteur. Mais ça m’a fait voir du pays. Tout le grand Ouest, bien sûr, mais aussi des zones reculées, aux frontières belges ou espagnoles.

(Photo : Ouest-France)
Faut dire que, avec cinq autres camarades, nous avons été les premiers Saint-Hubert utilisés en France pour la recherche de personnes. Mon maître m’avait récupéré en 2008, à 2 mois, dans un élevage de Midi-Pyrénées.

« Ras les babines ! »

Et on a beaucoup bossé, ensemble. Enfin, on s’est surtout amusé. Mon surnom, chez les tontons de la gendarmerie, c’était « Cabochard ». Cédric a dû en déployer des trésors de malice pour que je prenne goût à la recherche. Foi de canidé, ça a payé. Une fois, j’ai retrouvé la trace de quelqu’un cinq jours après sa disparition. Et même délogé un malfrat caché dans un container à poubelles ! Cédric n’oublie jamais de me récompenser par une poignée de pâté de foie en tube, qu’il garde toujours dans sa poche.

Malgré ça, un jour, j’en ai eu ras les babines. On venait d’enchaîner 26 interventions en un mois ! J’ai fait un burn-out, comme vous dites chez les humains. Je ne voulais plus travailler. Alors mon cher maître m’a mis repos, m’a redonné le goût de la piste, par plein de jeux. Moi, ni chef ni salaire ne me motive, que le plaisir !

Après quatre mois, j’ai repris du service pour de nouvelles missions. Mais j’ai raccroché la laisse officiellement en octobre. À moi la retraite. Que je vais passer dans le logement de fonction de mon maître, à Évrecy, près de Caen. Ma seule famille.

Je ne m’inquiète pas pour mes copains les gendarmes : mon successeur est déjà formé, il s’appelle Jazz. Sûr que ce sera un as de la piste : c’est Cédric qui l’a formé. »

(Photo : Ouest-France)

Source : Ouest-France

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