Insécurité : quand les préfets relaient «l’exaspération» des policiers

Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, en compagnie des préfets lors d'une cérémonie en hommage à la mémoire de Claude Érignac, le 6 février 2013, 15 ans après l'assassinat du haut fonctionnaire.

Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, en compagnie des préfets lors d’une cérémonie en hommage à la mémoire de Claude Érignac, le 6 février 2013, 15 ans après l’assassinat du haut fonctionnaire. Crédits photo : Julien de Rosa / Starface

Dans une note confidentielle, ils décrivent le «découragement» des forces de l’ordre face au laxisme judiciaire.

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La révolte gronde dans les rangs policiers. Alors que le bilan 2013 du ministère de l’Intérieur, fraîchement accueilli, atteste d’une hausse de la délinquance, notamment des cambriolages et des vols à la tire, Le Figaro publie les meilleurs extraits d’un rapport assassin des préfets, en date du 17 janvier, sur ce qui pourrait expliquer cette contre-performance.

Révélée par Le Canard enchaîné, cette synthèse confidentielle de quatre pages est nourrie des rapports envoyés mois après mois par les préfets des 101 départements de France. Voici ce que la plume préfectorale distille très précisément à un Manuel Valls que ses troupes appellent à résister aux réformes de sa collègue Taubira qui menaceraient, à les entendre, l’équilibre pénal.

Le sous-titre donne le ton: «Tendues, les forces de l’ordre souhaiteraient être soutenues dans leur action par l’autorité judiciaire.» Suivent les explications: «Après avoir été repris par les médias, le discours du directeur des opérations et de l’emploi de la gendarmerie dénonçant devant une commission de l’Assemblée nationale l’insuffisance de la réponse judiciaire à la délinquance est inégalement relayé sur le territoire où il trouve une oreille attentive.»

On se souvient que le général Soubelet avait brisé l’omerta, le 18 décembre dernier, en déclarant, prenant l’exemple de Marseille pour expliquer la hausse des crimes et délits: «Quand vous relâchez 65 % de ceux qui se sont rendus coupables d’un certain nombre d’exactions, comment voulez-vous que les chiffres baissent? C’est tout à fait impossible. Vous pouvez multiplier par deux les effectifs de gendarmes dans les Bouches-du-Rhône, cela ne changerait rien.» Le haut gradé résumait ainsi en deux phrases, et avec courage, le cauchemar des ministres de l’Intérieur successifs.

Mais les préfets vont plus loin: «Policiers et gendarmes pointent le fossé entre la fermeté des directives de leur hiérarchie et les suites pénales des interpellations effectuées, notamment en matière de lutte contre les cambriolages. Ils citent, par exemple, la simple convocation devant OPJ (officier de police judiciaire) six mois plus tard d’un cambrioleur interpellé en flagrant délit», écrivent-ils. Les agents auraient ainsi le sentiment de travailler en pure perte.

Ce n’est pas tout. «Les forces de l’ordre déplorent également la judiciarisation croissante de leur activité, source de lourdeurs administratives et de contentieux, et considèrent que trop de procédure tue la procédure.» Le cas d’un département bourguignon est alors évoqué: «En Côte-d’Or, 120 policiers sur 405 sont affectés à des tâches judiciaires contre 30 il y a une dizaine d’années. L’efficacité des services s’en ressent», assurent les préfets.

Le sujet de l’immigration est en partie lié à ces difficultés, selon eux. «En matière d’éloignement, par exemple, toute décision fait systématiquement l’objet d’un recours contentieux, ce qui, ajouté aux certificats des ARS (agences régionales de santé) attestant de l’impossibilité des soins dans le pays d’origine ou d’une contre-indication à prendre l’avion, fait échec à l’exécution de la mesure.» On comprend mieux, à les lire, pourquoi Manuel Valls n’a pas fait mieux en 2013 qu’en 2012 en matière d’expulsion de clandestins.

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