Houplines : l’instituteur travaillait secrètement pour la gendarmerie

Imaginez-vous découvrir que l’instituteur que vous avez eu gamin travaillait alors, en parallèle, sur des programmes secrets au profit de la direction nationale de la gendarmerie. Cette histoire incroyable, c’est celle de Jean-Michel Dozier, directeur de l’école du Bourg, à Houplines. Fin juin, lors de son départ à la retraite, il a avoué, devant parents d’élèves et collègues, sa « double vie »…

Quand Jean-Michel Dozier vous fixe avec ses gros yeux, on ne peut s’empêcher de se mettre un instant à la place de l’un des nombreux élèves que l’instituteur a vu défiler au fil de sa carrière. On se dit alors qu’il ne fallait certainement pas le mettre en colère. Et puis, alors que les minutes défilent, que l’échange s’installe, son regard s’adoucit. Oui, les apparences sont parfois trompeuses. Austère, Jean-Michel Dozier ? On le devine surtout discret. Une caractéristique plutôt bienvenue quand il déroule le fil de sa vie professionnelle.

Une révélation

Jean-Michel Dozier, 61 ans, a été instituteur toute sa carrière. Rapidement directeur d’école, le Wambrecitain a « tourné » dans le secteur : Quesnoy-sur-Deûle, Wambrechies, Verlinghem et Houplines.

Mais c’est surtout son autre vie qui suscite la curiosité. L’enseignant est en effet à l’origine, notamment, du premier logiciel de portrait-robot mis en service par la gendarmerie française.

Comment en est-il arrivé là ? Un concours de circonstance et surtout, une lecture « capitale » : celle du livre Informatique pour tous, publié par l’Éducation nationale en 1985. Une révélation. « Je me suis retrouvé devant un ordinateur et ça m’a passionné. » Matheux et curieux, Jean-Michel Dozier se met à bouquiner des ouvrages sur la programmation informatique. Cette simple idée de lecture vous donne une migraine ? Lui a adoré. Il élabore un premier programme. « Si ça n’avait pas fonctionné, j’aurais peut-être arrêté… » Mais il marche. L’instituteur commence à passer des nuits sur son ordinateur. « Le plaisir, c’était de voir qu’on pouvait multiplier à l’infini les exercices pour les enfants. »

Après la révélation, le basculement. Nous sommes en 1987. Jean-Michel Dozier met au point un logiciel dans le cadre d’un projet de sécurité routière pour son école, avec les gendarmes de Quesnoy-sur-Deûle. « Un officier a parlé de cette expérience à un général. À Paris, ils m’ont dit que ça les intéressait pour leur service relations publiques. » Il accepte de collaborer. Le voilà parti pour développer des simulations. « Là, j’ai commencé à monter en puissance. Un monde s’ouvrait pour moi. » Ses nuits n’y suffisent plus. Il y passe aussi ses vacances. « C’était presque une drogue. »

« J’allais à Paris deux-trois fois par semaine. J’ai travaillé pendant un an dans une cave »

Un nouveau basculement intervient à la fin des années 80. Au terme d’un quiproquo, la direction nationale de la gendarmerie lui propose d’informatiser son système de portraits-robots.

source : la Voix du Nord (lire la suite)

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