Gendarmerie : les candidatures de réservistes en forte hausse

Sécurité – Une trentaine de volontaires supplémentaires attendus en 2016

Surveillance du territoire, contrôles routiers… les réservistes viennent renforcer les effectifs.
Surveillance du territoire, contrôles routiers… les réservistes viennent renforcer les effectifs.

Depuis les attentats qui ont touché la France, un élan patriotique pousse des jeunes à se porter volontaire pour intégrer les équipes de la gendarmerie. Si on compte en cette rentrée 154 éléments en Tarn-et-Garonne, cette réserve pourrait donc atteindre les 250 d’ici un an.

Les jours qui ont suivi l’attentat du 14 juillet dernier à Nice, la gendarmerie de Tarn-et-Garonne a reçu plus de 75 candidatures pour intégrer les équipes de réservistes. «Nous n’avions jamais connu un tel engouement, reconnaît le colonel José Lorenzati, conseiller réserves pour le département. L’émotion qui a fait suite aux attentats mais aussi le discours du chef de l’État faisant appel aux réserves de nos armées ont été décisifs.»

Le fait de porter de 30 à 40 ans la limite d’âge pour intégrer la réserve a aussi créé un appel d’air. À tel point que la seule date de formation prévue sur l’année n’a pas suffi. Neuf éléments sont partis se former en juillet en Dordogne, quatre ont profité de la nouvelle session d’août à Tulle et 25 vont partir à la Toussaint pour une troisième session extraordinaire.

Avant d’avoir une place dans un de ces stages, les candidats sont reçus à plusieurs entretiens et les dossiers étudiés de près. «La base de notre recrutement porte essentiellement sur le bon sens de l’individu, son équilibre, sa bonne forme physique et bien sûr le fait qu’il n’est pas d’antécédents judiciaires, liste le colonel. Durant les 4 semaines de stage, ces recrues seront formées à la police judiciaire, la sécurité routière, la police administrative et le maniement du pistolet, comme arme d’auto-défense.»

Ces jeunes qui exercent un métier à côté (agent de sécurité, employé de police municipale, ouvrier…) ou sont étudiants viennent ainsi grossir les rangs de la gendarmerie sur leurs temps libres. Ils perçoivent environ 70 € pour une vacation de 8 heures où ils intègrent des équipes sous la responsabilité d’un gendarme actif. Au mois d’août le groupement de gendarmerie de Tarn-et-Garonne a ainsi utilisé plus de 600 jours réserves (soit en moyenne 20 réservistes par jour) alors qu’habituellement il oscille entre 130 et 150 journées dédiées.

Ce mois de septembre a été porté à plus de 700 journées d’emploi, un record pour le département.


Portraits

Quatre réservistes tarn-et-garonnais nous expliquent leur engagement

Camille Bernini

19 ans,

réserviste depuis 2 mois,

étudiant, Castelsarrasin

«J’ai commencé la formation PMG (préparation militaire gendarmerie) début juillet et j’ai été affecté à Moissac au mois d’août. Avant ça j’ai fait un BTS électrotechnique en alternance mais ce n’était qu’histoire d’assurer mes arrières car je veux m’engager depuis mes 6 ans. Mon grand-père a combattu en Algérie et mon père est un ancien marin. Je suis métisse et ce n’est pas toujours évident, j’ai compris que je pouvais changer le regard des gens, avoir pour se faire l’autorité que confère l’uniforme. Et puis bien sûr il y a eu les attentats, ça m’a d’autant plus motivé. En plus pendant ma formation cet été en Dordogne, on a reçu la visite du chef de l’État, je me suis rendu compte qu’on était vraiment sur le devant de la scène, qu’on a un rôle de dissuasion à jouer. À Moissac je fais des patrouilles, des contrôles routiers, je me sens utile. Dans quelque temps je compte passer le concours de sous-officiers.»

Stéphanie Gramaglia

45 ans, adjudant-chef, réserviste depuis 2011,

Adjoint administratif territorial,

Saint-Sardos

«Mon engagement dans la réserve de la gendarmerie nationale remonte à 2011. C’était pour moi une façon de continuer dans la gendarmerie où je venais d’effectuer 20 ans de carrière, notamment dans les brigades de recherches de Nanterre (Hauts-de-Seine) et de Toulouse. J’ai quitté la gendarmerie pour me poser un peu. J’ai deux enfants. Au départ, je voulais garder ce lien avec l’uniforme. Mon nouveau métier au sein d’une collectivité locale me plaît aujourd’hui beaucoup, mais la réserve est vraiment complémentaire. Vu le contexte actuel, j’y consacre six journées par mois. En temps normal, il faut compter trois journées. Ces journées sont prises sur mes temps de repos et mes congés. Dans la réserve, j’ai un rôle surtout administratif. Je m’occupe des personnels. Nous recevons beaucoup de gens hypermotivés pour s’engager et servir la population. »

Stéphanie Garrigues 29 ans, réserviste depuis 2008

consultante juridique, Nègrepelisse

«Fille de gendarme, c’est mon père qui m’a fait déposer un dossier de candidature pour devenir réserviste alors que je n’étais encore qu’étudiante. J’avais du temps de libre et par curiosité, j’ai accepté de suivre la formation. C’était aussi une façon pour moi de mieux comprendre la carrière de mon père qui s’était toujours montré discret sur ses missions. Depuis 8 ans, j’ai pu concilier, vie privée, vie professionnelle et mes vacations de réserviste. Dès que je connais mon emploi du temps dans la société où je travaille, je donne mes dispos à la gendarmerie. Depuis la vague de terrorisme qui touche notre pays et l’attaque de Charlie Hebdo, je vous avoue que la notion de risque est un peu plus présente à l’esprit. Je n’attends plus d’arriver au vestiaire de la brigade pour enfiler mon gilet pare-balles, je l’enfile chez moi en même que mon uniforme. Avec Vigipirate, les missions sont plus axées sur la surveillance du territoire. Je note aussi que le regard des gens a changé : notre présence ne dérange plus, elle rassure.»

David Bladanet 43 ans, réserviste depuis 2004,

agent de surveillance de la voie publique (ASVP), Montbartier

«Je suis devenu réserviste après avoir vendu le café que je tenais sur Montbartier. Un ami adjudant de la gendarmerie m’avait expliqué le rôle de réserviste que je ne connaissais absolument pas. Ayant du temps à revendre, je n’ai pas hésité à envoyer mon dossier de candidature. Il faut dire que depuis mon service militaire, j’ai gardé un souvenir extraordinaire des douze mois passés dans l’armée de Terre. ASVP à Castelsarrasin, je jongle entre ma famille (une épouse et un enfant), mon métier et les missions que j’effectue pour la gendarmerie. Il m’arrive parfois de ne pas repasser chez moi et de partir directement sur une brigade. Même s’il est important pour moi de préserver une vie familiale, je reconnais que l’adrénaline de mes vacations en gendarmerie pimente mon quotidien et m’apportent la fierté d’aider mon pays. Je suis également très heureux d’aider mes voisins âgés voire de les rassurer quand ils partent en vacances ou quand ils ont besoin de conseils en matière de sécurité.»

Source : La Dépêche

 

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