Fourmies : le redéploiement police-gendarmerie aura coûté 10 M€… en guise d’économies

C’est symbolique. Alors que la remise des clés de la nouvelle caserne vient d’avoir lieu, il y a juste deux ans (le 26 avril 2012), le commissariat de Fourmies fermait ses portes. Les 56 policiers laissaient leur place à 36 gendarmes dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) qui visait au non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. L’objectif ? Faire des économies pour un État surendetté. C’est le contraire qui s’est produit : la facture de ce redéploiement est particulièrement salée.

L’ancien commissariat de police, où travaillaient maintenant les gendarmes, va être vendu.

L’ancien commissariat de police, où travaillaient maintenant les gendarmes, va être vendu.

Précisons-le d’entrée, il ne s’agit pas ici d’opposer policiers et gendarmes qui ont assuré ou assurent leurs missions avec compétences. Mais de revenir sur un tour de passe-passe qui devait s’annoncer comme une source importante d’économies alors que c’est l’inverse qui s’est produit. Nous n’irons pas jusqu’à parler de gabegie mais… Retour en arrière. En 2011, la révision générale des politiques publiques (RGPP) bat son plein : l’État est surendetté et, démarche louable à l’origine, il faut économiser des fonctionnaires. À Fourmies, il existe un « doublon », un commissariat (56 policiers) et une caserne (8 gendarmes). Et la police est un « îlot » en zone gendarmerie. En même temps, Fourmies a « l’habitude » qu’on lui supprime les services publics depuis quelques décennies déjà… L’occasion est donc trop belle et on imagine assez bien la réunion en préfecture : on va remplacer les 56 policiers par 36 gendarmes – ce sera effectif le 26 avril 2012. Même la calculette a dû sourire ! C’est acté. L’économie sur la masse salariale est réelle, pense-t-on en haut lieu : avant, la ville possédait, au total, 64 forces de l’ordre ; après, il n’y en aura plus que 36. Cela fait 28 postes en moins. Ça, c’était sur le papier. Car la réalité est tout autre. D’abord, il a fallu payer le « départ » des policiers (primes, mutations, déménagements, promotions, indemnisations quand l’épouse travaillait, etc.). Cela a représenté plusieurs centaines de milliers d’euros. Ensuite, il a fallu payer « l’arrivée » des gendarmes et les loger dans le parc privé pendant deux ans, c’est-à-dire 864 loyers de quelques centaines d’euros, dans l’attente de la construction d’une nouvelle caserne. Enfin, justement, il a fallu construire une nouvelle caserne de gendarmerie : 9 M € ! Tout cela additionné, le reploiement police-gendarmerie aura finalement coûté près de 10 M €. Par conséquent, les 28 postes supprimés ne seront amortis que dans environ 20 ans. Vous avez dit économies ? LIONEL MARÉCHAL

La nouvelle caserne ouverte au public le 21 mai

Le directeur de l’office public d’HLM Fourmies Habitat, Franck Berteaux ; l’ancien (puisque le projet avait été initié par l’ex-municipalité) et le nouveau maires, Alain Berteaux et Mikaël Hiraux, ainsi que les représentants des entreprises et de la gendarmerie étaient présents. Il s’est agi, en fin de semaine dernière, de remettre les clés de la caserne neuve de gendarmerie, implantée rue d’Anor à Fourmies. Les 36 gendarmes, qui étaient logés dans le parc privé depuis leur arrivée il y a deux ans, vont pouvoir enfin bénéficier d’un bel « outil de travail » et d’un lieu digne de leur fonction de militaire qui requiert un casernement (contrairement aux policiers qui se logent par leurs propres moyens). Cette nouvelle caserne est composée de deux parties. La première, ce sont les logements individuels, au nombre de 35, du type III à VI, pour les familles. La seconde, c’est la brigade territoriale autonome, soit 400 m2 : d’accueil du public, de bureaux, de cellules de garde à vue, etc. Des lieux qui vont être équipés avec le transfert du mobilier et des matériels qui se trouvent actuellement dans l’ancien commissariat, rue Gambetta, là-même où travaillaient les gendarmes. Tout devrait être prêt pour le mercredi 21 mai, date à laquelle la population sera reçue sur place, rue d’Anor. Le coût total de ce chantier, débuté en 2012, s’élève à 9 M€, dans le cadre d’une « vente en l’état futur d’achèvement ». En clair, c’est Fourmies Habitat qui a financé les travaux, l’État remboursant l’investissement par un loyer-acquisition au fil du temps : 50 ans pour le foncier, 35 ans pour les maisons et 15 ans pour les bureaux. Quant à l’ancien commissariat, très vétuste, il va être estimé par les Domaines avant mise en vente. L. M.

Source : La Voix du Nord

 

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