Éteindre la lumière la nuit en Seine-et-Marne : une idée lumineuse ?

Meaux, samedi 10 juin. Les bords de Marne à la tombée de la nuit. Éteindre l’éclairage public n’aurait pas d’incidence négative sur la délinquance et en plus permettrait de faire des économies et serait bon pour la santé des animaux et des humains. LP/Hugues Tailliez

Plus d’une commune sur quatre dans le département a éteint l’éclairage public en 2015. Non seulement cela permet de faire des économies mais en plus c’est bon pour la santé. Selon la gendarmerie, en plus, cela n’aurait pas de conséquences néfastes sur la délinquance.

Éteindre l’éclairage public dans la commune la nuit, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Lors d’un salon récent, le syndicat départemental des énergies de Seine-et-Marne (SDESM) organisé à Melun a tenté d’apporter des réponses alors qu’en 2015, 107 communes du département sur 510 ont fait ce choix au moins cinq heures par nuit. On en compte plus de 5 000 en France à avoir pris cette décision. Quels en sont les impacts ?

«Pas d’effets majeurs » en matière de sécurité. Selon le chef d’escadron Rodolphe Jean-Gilles, officier au groupement de la gendarmerie nationale de Seine-et-Marne, « il n’y a pas encore d’études fiables sur le sujet et pas d’effets majeurs. Malgré cela, le sentiment d’insécurité des habitants augmente ».

Côté sécurité routière, le même explique que « l’extinction complète augmente les risques pour les piétons, les deux-roues et les véhicules, mais paradoxalement chacun est plus vigilant et on ne note pas plus d’accidents. Les accidents graves se produisent hors agglomération et jusqu’à maintenant, aucun piéton n’a été tué dans une commune non éclairée. »

Et en matière de délinquance ? « Quatre-vingts pourcents des cambriolages se produisent le jour. L’éclairage de nuit facilite les repérages sur les accès, la hauteur des haies, etc. Au contraire, l’obscurité n’aide pas les cambrioleurs », constate l’officier qui assure même que « les dégradations et tags sont en nette baisse dans la nuit noire ».

 

Des économies assurées. Selon les spécialistes du SDESM, l’extinction des lumières six heures par nuit permet de réduire de moitié la facture d’électricité. Perthes-en-Gâtinais a ainsi économisé près de 40 % sur son budget d’éclairage public. Les communes qui coupent la poire en deux et optent pour l’éclairage aux diodes électroluminescentes (les fameuses « leds ») à défaut d’une obscurité totale réduisent aussi la facture . C’est le cas à Villevaudé qui réduit sa facture de 76 %, mais aussi à Limoges-Fourches (- 65 %), à Fublaines (- 60 %) et à La Chapelle-Gauthier (- 58 %).

Ils montrent l’exemple. Au parc naturel régional (PNR) du Gâtinais français, qui réunit 69 communes (36 en Essonne et 33 en Seine-et-Marne), 59 éteignent leurs réverbères cinq heures par nuit. Et trois autres vont le faire d’ici à la fin de 2017, soit 62 sur les 69 communes. « On incite nos adhérents à le faire pour qu’ils bénéficient ensuite de subventions », précise-t-on au PNR. Avant d’insister : « Aucune ville n’est revenue sur sa décision. »

Du mieux pour la biodiversité. Selon Denis Celadon, maire de Châtenoy, membre du PNR, « l’éclairage modifie l’alternance jour-nuit de nombreux animaux et perturbe leur cycle de vie. Les insectes tournent autour des lampadaires et meurent d’épuisement. Les oiseaux migrateurs perdent leurs repères dans le ciel, les chauves-souris disparaissent …» Côté humain, selon lui, « la lumière peut gêner la qualité du sommeil et générer insomnie ou fatigue. »

Source :   leparisien.fr

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