Essonne : déjà 200 volontaires pour devenir réservistes
Illustration. Les réservistes interviennent sur le terrain en renfort des gendarmes professionnels. (LP/lexis Bisson)
Six cent trente demandes de renseignements depuis l’attentat de Nice le 14 juillet et l’appel lancé par le gouvernement pour étoffer la réserve opérationnelle. La gendarmerie de l’Essonne croule sous les coups de téléphone. « J’ai même eu un monsieur de 80 ans qui m’a appelé pour me demander s’il pouvait s’engager… », raconte le chef Jean-Yves Boutron, gestionnaire de réserve.
« Nous avons constaté un engouement pour cette réserve opérationnelle », confirme Josiane Chevalier, la préfète de l’Essonne. Pas moins de 200 dossiers de futurs réservistes sont actuellement à l’étude. Les gendarmes vérifient les motivations et le passé de ces candidats. « Il ne faut pas qu’ils soient connus de la justice » poursuit le lieutenant-colonel Frédéric Dupont, commandant en second de la gendarmerie de l’Essonne.
Lorsqu’ils sont retenus, ils partent en formation au camp de Beynes (Yvelines) où la préparation militaire dure deux semaines. Fin juillet, une session a pris fin et une nouvelle débutera dans le courant du mois d’août.
Actuellement, l’Essonne compte 423 réservistes dans ses rangs contre 375 à la fin de l’année 2015. Depuis le 1er janvier, ils ont été employés sur les inondations, à Marcoussis, jour et nuit, pour assurer la sécurité de l’équipe de football du Portugal durant l’Euro ou sur le plateau de Saclay durant la Cop21. En moyenne, il y a ainsi eu jusqu’à 21 réservistes chaque jour sur le terrain en renfort des gendarmes professionnels.
p>Rencontre avec cinq d’entre eux.« C’est une manière de servir mon pays »
Evry, le 4 août. Mathilde est officier de réserve depuis 3 ans. (LP/N.G.)
Mathilde, 24 ans, de Paris est officier de réserve depuis 3 ans. Après des études à Sciences-po, elle s’est orientée dans le conseil en secteur public. Parallèlement, elle intègre régulièrement les rangs de la gendarmerie « pour aider. C’est une manière de servir mon pays. Y a plusieurs manières de le faire et moi j’ai choisi celle-là. La gendarmerie est la force armée qui est la plus proche de la population. Je peux aussi transmettre ce que je sais aux nouveaux réservistes. » Elle poursuit : « Cet engouement, je trouve ça bien. Nous ne sommes pas en guerre mais il y a une vraie tension sur la sécurité intérieure. »
« Je me sens en guerre contre ceux qui veulent détruire la démocratie »
Evry, le 4 août. Benjamin, 19 ans, a trouvé sa vocation dans la réserve de la gendarmerie. (LP/N.G.)
Un an jour pour jour. Benjamin, 19 ans, de Breuillet, fête sa première année de réserve et vient de décrocher le bac. « En octobre, je vais passer le concours de sous-officier. » Une vocation est ainsi née avec la réserve. « J’ai découvert ça durant la journée d’appel à la défense et je me suis inscrit. Les derniers événements n’ont pas changé mon choix. Déjà, avant, je me disais que le danger est partout. Je peux très bien me faire agresser à mon domicile. » Il conclut : « Je me sens en guerre contre ceux qui veulent détruire la démocratie. »
Evry, le 4 août. Thierry est chef. Réserviste depuis 10 ans, il exerce la profession de surveillant de prison. (LP/N.G.)
Thierry, de Fleury-Mérogis, a 50 ans dont 10 ans de réserve à son actif. Quand il ne porte pas les polos de la gendarmerie, il porte ceux de l’administration pénitentiaire en tant que surveillant de prison. « Je vois les enquêtes jusqu’à l’incarcération » dit-il. Il participe aussi aux reconduites à la frontière à la sortie de la prison. Chaque année, la gendarmerie procède ainsi à 750 reconduites. S’il est en guerre ? Thierry répond : « Non, nous ne sommes pas en guerre mais nous devons faire attention. »
« Nous sommes plus vigilants quand nous intervenons »
Evry, le 4 août. Omégane est sur les bancs de la fac quand elle ne met pas l’uniforme. (LP/N.G.)
Evry, le 4 août. Coline est réserviste depuis 3 ans. (LP/N.G.) Coline, 25 ans de Longjumeau, est brigadier-chef de la réserve de la gendarmerie depuis 3 ans. Dans le civil, elle est responsable hygiène sécurité environnement et, pour ses loisirs, elle a décidé d’enfiler la « tenue d’inter » pour prêter main-forte aux gendarmes. « C’est un hobby, je ne suis pas prête de m’en passer » assure-t-elle. « Les derniers événements m’ont conforté dans ce choix. J’adore ce que je fais. J’aide les gens. » Elle conclut : « Je ne me sens pas particulièrement en guerre mais c’est sûr que nous sommes plus vigilants. On ne sait pas ce qui peut se passer. »
Source : Le Parisien
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