Disparues de l’Yonne : l’émouvant hommage posthume au gendarme Jambert

L’adjudant-chef Christian JambertLP/ Jean-Marc Ducos
Le responsable de la formation des gendarmes dans le Cantal a décidé placer sa nouvelle promotion sous le patronnage de Christian Jambert, l’enquêteur (aujourd’hui décédé) qui a permis de démasquer le tueur en série Emile Louis.

C’est un choix courageux. Mais assumé. Même revendiqué. Un capitaine de gendarmerie du Cantal, responsable de la formation d’officiers de police judiciaire, les enquêteurs compétents pour mener des investigations, a décidé de placer sa classe sous les auspices de l’adjudant-chef, Christian Jambert. Ce sous-officier est un mythe pour beaucoup d’enquêteurs criminels. Il est le gendarme qui avait identifié dès 1984, soit dix-sept ans avant son arrestation en décembre 2000, le tueur en série Emile Louis dit «le boucher de l’Yonne». Un prédateur, décédé en détention en 2013, et condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir enlevé et tué entre 1977 et 1979 sept jeunes filles, dont certaines mineures ou vulnérables en raison de leur handicap, et toutes des enfants de la Ddass. Un militaire hors norme.

 

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«C’est une démarche personnelle. Il incarne pour moi ce que doit être un bon officier de police judiciaire: un homme pugnace, efficace, réaliste, courageux et sûr de ses connaissances juridiques. C’est pour cela que je lui dédicace cette formation», insiste le capitaine Sylvain Munsch, directeur de la formation des OPJ, au groupement de gendarmerie du Cantal.

 

«J’ai présenté à mes stagiaires qui était le sous-officier Jambert. Ce sont de jeunes gendarmes, peu le connaissait mais tous ont entendu parler de l’affaire du tueur en série de l’Yonne Emile Louis», continue le capitaine Munsch qui lors d’un passage dans le département de l’Yonne au début de sa carrière «avait entendu parler de ce gendarme qui a démasqué un tueur en série». Le capitaine Munsch avait gardé en mémoire le rôle clé joué par ce gendarme lors de la mise en cause puis de l’arrestation du tueur Emile Louis. Le procès-verbal qu’il avait rédigé en juin 1984 identifiait Emile Louis comme suspect numéro et il lui imputait déjà six des sept victimes pour lesquelles l’ex chauffeur de car sera condamné à perpétuité. Un procès-verbal qui restera égaré, pour des raisons qui erestent encore aujourd’hui inexpliquées, dans un coffre du parquet du tribunal d’Auxerre. Il y sera retrouvé par hasard des années plus tard..

 

Bouc-émissaire

 

Il y a quelques mois, l’Association des disparues de l’Yonne s’étonnait qu’à ce jour «aucune promotion de sous-officiers ou d’officiers de la gendarmerie ne porte le nom de l’adjudant-chef» par la voix de Pierre Monnoir, son emblématique président qui a porté à bout de bras le combat judiciaire dans cette affaire. «L’adjudant-chef Jambert a été maltraité et a servi de bouc-émissaire. Je constate que dans ce dossier malgré bien des errements, certains magistrats ont continué leur carrière sans être inquiété ou si peu… Jambert mérite que les gendarmes l’honorent», poursuit Pierre Monnoir.

 

Quant à Isabelle Richard, la fille du sous-officier décédé dans des circonstances troubles en août 1997, elle se souvient d’un père «très investi qui voulait aboutir coûte que coûte et donnait de sa personne». «Un gendarme dévoué qui allait au bout des choses et savait être persévérant. C’est lui qui sort cette incroyable affaire. Et à l’époque il n’y avait pas de recours à l’Adn. Mais surtout il aimait et savait écouter les gens», décrit sa fille qui considèrerait comme «un honneur et une fierté» de voir son père «être le parrain de futurs gendarmes».

 

Source :  leparisien.fr

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