Des avocats attaquent la justice, les plus hauts magistrats du pays s’insurgent

Une tribune de trois avocats accusant la magistrature de déserter la justice, met le feu aux poudres, révélant l’exaspération croissante au sein des tribunaux.

Une outrance qui passe mal et fait sortir de sa réserve la première présidente et le procureur général près la Cour de cassation, Chantal Arens et François Molins. Trois avocats du Barreau de Paris en l’occurrence Dominique Tricaud, Matteo Bonaglia et Anis Harabi ont signé mercredi une tribune de sang sur Mediapart accusant non seulement les magistrats de se terrer plutôt que de rendre la justice en ces temps troublés, mais en rappelant l’attitude des magistrats pendant l’occupation. En ligne de mire : une justice ralentie, recentrées sur les urgences pénales et qui crispent les avocats, une profession en crise. « Aujourd’hui dans une société qui vacille sous la peur et rêve de dictature, ils devraient rendre la justice c’est-à-dire être le dernier rempart institutionnel des libertés publiques et privées contre l’arbitraire. Ils devraient intervenir dans l’urgence pour sauver des familles que le confinement déchire, protéger des enfants battus. Au lieu de quoi ils se terrent ! », affirme le texte.

De quoi engendrer un mouvement de colère rare au sein de ce corps très policé : « Outre le fait que de tels propos sont particulièrement insultants, ils sont inexacts », protestent les deux plus hauts magistrats de l’ordre judiciaire français. « Dans cette période difficile, nous ne pouvons que regretter que par de vaines polémiques, des auxiliaires de justice cherchent ainsi à décrédibiliser notre institution dans une période qui exige, au contraire, qu’autour des valeurs qui nous sont communes, magistrats, fonctionnaires et auxiliaires de justice, nous mobilisions nos énergies dans l’exercice optimal de nos missions ».

De son côté, l’Union syndicale des magistrats tente de calmer le jeu en demandant à ce que « tous les acteurs de la justice puissent s’impliquer pleinement dans cette étape de relèvement des tribunaux, qui sortiront encore plus exsangues de cette crise sans précédent ». Olivier Cousi, le Bâtonnier de Paris, ne dit pas autre chose. En faisant remarquer que « les propos de ces avocats n’engagent en aucun cas l’ordre », il insiste sur la nécessité désormais de « laisser là les polémiques. Il est temps au contraire de se retrousser les manches et de travailler à la restauration d’une justice au quotidien digne d’un grand pays ».

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Source : Le Figaro

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