Comment les militaires de l’opération « Sentinelle » peuvent-ils répondre à une attaque armée ?

Des familles de victimes de la prise d’otages au Bataclan ont porté plainte contre X, considérant que les soldats de l’opération « Sentinelle » ne sont pas intervenus le soir du 13 novembre 2015.

AAyq0pi.img© Boris HORVAT / AFP Des militaires de l’opération Sentinelle; le 19 mai 2018 à Marseille.

Des familles de victimes ont porté plainte contre X, vendredi 8 juin, pour « non-assistance à personne en péril ». Elles cherchent à savoir pourquoi des militaires de l’opération « Sentinelle », présents sur place, ne sont pas intervenus, sur ordre de leur hiérarchie, lors de l’attaque du Bataclan, qui a fait 90 morts, le 13 novembre 2015 à Paris. Trois questions pour comprendre leurs possibilités d’intervention.

1. Qu’est-ce que l’opération « Sentinelle » ?

Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et Montrouge, les 7, 8 et 9 janvier 2015, l’ancien président de la République, François Hollande, a décidé la mise en place de l’opération « Sentinelle », en complément du plan Vigipirate. Effective depuis le 14 janvier de la même année pour sécuriser des points sensibles du territoire métropolitain, elle mobilise quelque 10 000 hommes et femmes, dont 3 000 réservistes.

Armées de fusils d’assaut Famas, les factions de l’opération « Sentinelle » parcourent les gares, lieux publics sensibles, tels que des lieux de culte, établissements scolaires, centres commerciaux, etc. L’objectif de leurs patrouilles est double : être en mesure de répondre à la menace terroriste grandissante et protéger l’ensemble du territoire national.

2. Les soldats de « Sentinelle » ont-ils le droit d’ouvrir le feu sur un assaillant armé ?

Oui, les forces de l’opération « Sentinelle » peuvent intervenir en cas d’attaque armée : leur mission comprend la dissuasion (des assaillants) et la protection de la France. Pour autant, ils ne peuvent le faire qu’à condition d’être les « primoarrivants » sur les lieux, et après trois tirs de sommation. Les troupes de « Sentinelle » « ont vocation à appuyer l’intervention des forces de sécurité intérieure (FSI), et non de s’y substituer », explique-t-on au ministère des armées. Dans le cas où leurs effectifs arrivent sur place après des forces de police ou de gendarmerie, ils ne sont pas prioritaires sur l’intervention et se cantonnent aux ordres des FSI.

La « discipline du feu », propre au corps militaire, restreint par ailleurs les possibilités d’action des « Sentinelle ». À l’inverse du RAID, par exemple, qui peut nourrir des tirs contre un assaillant, les militaires ne font usage de leur arme « que lorsqu’ils sont sûrs d’être capables de neutraliser », précise-t-on au ministère.

3. Pourquoi les réponses à une attaque diffèrent-elles d’une fois à l’autre ?

Dans le cadre de la prise d’otages dans la salle du Bataclan du 13 novembre 2015, les soldats de « Sentinelle » sont arrivés sur place aux alentours de 22 h 15, soit vingt-cinq minutes après les forces de la brigade anticriminalité (BAC) du Val-de-Marne. Ils sont cependant « bel et bien intervenus », souligne-t-on au ministère des armées. Conformément à l’ordre donné par les FSI, leur action a consisté à la mise en place et au maintien d’un périmètre de sécurité autour de la sortie arrière de la salle de concert.

À l’inverse, lorsqu’un assaillant armé d’un couteau a tué deux cousines sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille, en octobre, les premières forces en présence étaient les « Sentinelle ». Postés à quelques mètres à peine dans la gare et sans FSI à proximité, c’est aux militaires qu’il incombait de mettre l’assaillant hors d’état de nuire. Un scénario similaire s’était déjà déroulé quelques mois plus tôt dans le Carrousel du Louvre, à Paris. Les soldats faisaient face à une attaque les ciblant directement. L’un des militaires ayant reçu un coup de machette, il se trouvait en situation de légitime défense, un principe qui s’applique aussi aux membres des armées.

Source  : MSN.com

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