Cocktail molotov contre la gendarmerie : relaxe

La gendarmerie de Mauléon a été visée au cocktail molotov l’an passé. Soupçonné, un Mauléonais de 30 ans a été relaxé hier faute de preuves.

Surprise en arrivant à la caserne au petit matin pour un gendarme de Mauléon. Il découvre dans l’enceinte de l’établissement, les restes d’un cocktail molotov au sol. Une fabrication artisanale visiblement lancée à une vingtaine de mètres de là, depuis le portail où seront retrouvées des allumettes consumées. L’explosif n’a heureusement touché ni les bâtiments, ni le personnel, laissant des traces de brûlures sur le sol et causant un petit début d’incendie.

Cet acte commis l’an passé, dans la nuit du 2 au 3 mars, était au menu du tribunal correctionnel de Niort, hier, où un Mauléonais de 30 ans comparaissait.

«  J’vais tout brûler  »

Soulignant le caractère « assez inhabituel » de cet acte violent dirigé vers une gendarmerie, la présidente Sylvie Bordat a expliqué qu’en l’absence de témoins, « l’enquête s’est orientée vers une vengeance ». Et parmi les potentiels suspects figurait ce trentenaire résidant dans la commune. Victime d’un cambriolage quelques mois auparavant, l’homme avait une dent contre la gendarmerie, estimant que l’enquête n’avançait pas assez vite. Il dit lui-même avoir « pété les plombs », purgeant d’ailleurs actuellement une peine de 18 mois de prison pour d’autres faits commis cet été. Oui, le prévenu reconnaît les menaces de mort envers des gendarmes, ou celles de mettre le feu à la caserne. Texto : « J’vais vous crever, j’vais tout brûler ». Mais en revanche, il nie farouchement les avoir mises à exécution et être l’auteur de ces faits contre la caserne : « En aucun cas, c’est moi qui ai fait ça ! ».
Mensonge ou vérité ? « Pas de doute raisonnable » pour la procureure de la République, Émilie Rayneau, convaincue de sa culpabilité. « Pour moi, il n’y a qu’un faisceau d’indices, nullement des preuves », lançait à l’inverse l’avocate du client. Et il faut le dire, les deux se sont montrées persuasives.

«  Le profil parfait  »

La première a rappelé que chez le prévenu avait été trouvé un autre cocktail molotov fait par ses soins et du carburant, une « coïncidence troublante ». Éléments que le prévenu indique avoir acheté et fabriqué en janvier après son agression de peur des représailles, factures à l’appui. Elle rappelle aussi que sur plusieurs de ses vêtements ont été retrouvées des traces de carburant. Il explique en avoir utilisé juste avant pour faire un brûlot dans son jardin. Pas de quoi faire douter le ministère public : « On a le mobile, la possibilité de passer à l’acte, les éléments matériels, pas d’alibi… ». Elle a requis en conséquence 18 mois de prison dont six ferme « pour répondre à la gravité de l’acte ».
L’avocate s’est appuyée sur les failles de l’enquête, soulignant que les experts n’avaient pas pu établir de lien entre le carburant retrouvé chez le prévenu et sur ses vêtements et les restes du cocktail molotov. « On cherche un coupable et monsieur a la tête de l’emploi. Il a le profil parfait ». Mais : « Quand on creuse le dossier, il n’y a pas grand-chose ». Elle a plaidé la relaxe. Obtenue.

Source : La Nouvelle République

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