Au lycée professionnel d’Albi, on demande l’exclusion définitive des gendarmes mobiles

Éducation – Albi (81)

Les militaire mobilisés pour faire face aux anti-barrage de Sivens commencent à déranger./ Photo DDM

Les militaire mobilisés pour faire face aux anti-barrage de Sivens commencent à déranger./ Photo DDM

Une unité de gendarmerie mobile est hébergée depuis le 29 septembre au lycée agricole d’Albi-Fonlabour. Mobilisée pour contenir les mouvements anti-barrage de Sivens, sa présence dans l’établissement provoque quelques tensions.

«Un établissement scolaire n’a pas vocation à accueillir des gendarmes, d’autant plus s’ils sont mobilisés dans le cadre d’une action de répression.» Le message du syndicat national de l’enseignement technique agricole public (SNETAP-FSU) associé au Syac-CGT de l’Enseignement agricole public de Midi-Pyrénées est clair.

Arrivée sur place la semaine dernière, une unité de gendarmerie mobile, composée d’une cinquantaine d’éléments, a pris ses quartiers dans l’ancien dortoir des filles du lycée agricole d’Albi-Fonlabour. Missionnée pour contenir les mouvements d’opposition au projet du barrage de Sivens, la présence de cette unité est totalement désapprouvée par les syndicats d’enseignants.

Malgré des démarches motivées auprès du Service régional de la formation et du développement, ainsi que de Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, pour empêcher cette unité d’occuper l’établissement, le syndicat enseignant n’a pas obtenu satisfaction. «Les gendarmes fréquentent le restaurant scolaire, parfois avec l’arme à la ceinture. Ils font des exercices physiques et sont constamment prêts à partir en opération. Ils sont au milieu des apprenants qui peuvent se trouver confrontés à eux» explique l’intersyndicale. Une situation qui peut-être perturbante pour des élèves directement concernés par les problématiques environnementales et parfois mobilisés contre le projet de barrage. «Des manifestations de lycéens et étudiants ont eu lieu dans des lycées du Tarn ces derniers jours. Les tensions au sein de la communauté éducative ne peuvent qu’en être exacerbées» ajoute le syndicat.

Une réquisition sur ordre du préfet

Ce n’est pas la première fois qu’une unité de gendarmerie mobile est hébergée au lycée agricole. À l’époque, le directeur de cet «établissement agro environnemental», Gérard Parisot, avait autorisé les forces de l’ordre à passer plusieurs jours sur place. Il s’agissait déjà d’une mission de répression contre les manifestations anti-barrage de Sivens.

L’intersyndicale Snetap-FSU – Syac-CGT de l’Enseignement agricole public de Midi-Pyrénées s’était déjà opposé à cette présence et avait eu gain de cause auprès de Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, qui avait trouvé un autre logement pour ces troupes. Un conseiller régional révèle cependant que cette nouvelle demande est venue directement du préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme. Il s’agit d’une réquisition d’une semaine qui ne laisse aucune latitude à l’établissement.

Pour rappel, le projet de barrage-réservoir d’1,5 millions de mètres cubes d’eau stockée est porté par le conseil général du Tarn. Ses partisans assurent qu’il est indispensable pour irriguer les terres agricoles alentour et qu’une autre zone humide sera recréée. Les opposants contestent la destruction déjà quasi effective de la zone humide et dénoncent, sur le fond, un modèle d’agriculture irriguée intensive selon eux dépassé. Un débat qui concerne et implique directement les élèves, apprentis et enseignants du lycée albigeois.


La situation pourrait s’envenimer

La mobilisation contre le projet de barrage de Sivens a pris à plusieurs reprises une tournure violente. Le déboisement, commencé le 1er septembre, a fait l’objet d’échauffourées sporadiques entre opposants et gendarmes et de nouveaux heurts ont opposé des militants aux forces de l’ordre le 29 septembre. Les gendarmes auraient fait usage de gaz lacrymogènes et de flash-ball pour déloger des opposants. Dans ce contexte particulièrement tendu, l’appel à la mobilisation des différents groupes d’opposition au projet le 25 octobre prochain pourrait être accompagné de nouveaux affrontements. Les unités de gendarmeries mobilisées depuis le début des opérations pourraient donc revenir au lycée agricole d’Albi-Fonlabour si le préfet en donne l’ordre, et exacerber les tensions déjà existantes dans l’établissement.

Source : La Dépêche du Midi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *