Alexandre Benalla, tête à casque

1141893-prodlibe-emmanuel-macron-au-salon-de-l-agricultureParis, le 24 février 2018. Porte de Versailles. Inauguration par le Président de la République Emmanuel Macron (3ème plan), de la 55ème édition du Salon de l’agriculture. Sur la photo: Alexandre Benalla, responsable de la sécurité du candidat durant la campagne présidentielle. laurent Troude

Ex-membre du service d’ordre du PS et cofondateur d’une société de sécurité, le jeune homme a laissé des souvenirs mitigés.

C’est l’histoire d’un ovni. D’un étudiant en droit parti de rien, passé par le service d’ordre du Parti socialiste avant d’être catapulté à l’Elysée en 2017 et de déclencher un scandale sans précédent au sein de la macronie. Grosse barbe noire sur visage presque poupin, Alexandre Benalla est apparu mercredi soir sur une vidéo, en train de s’en prendre à un militant en marge de la manifestation parisienne du 1er Mai. Depuis, d’autres images sont remontées à la surface du Net, montrant le jeune homme – il n’a pas 30 ans – en train de faire du vélo en chemisette jaune canari ou du ski en anorak rouge avec le chef de l’Etat.

Alexandre Benalla est né à la Madeleine, le plus gros quartier populaire d’Evreux. Passionné par les questions de sécurité, il entame un cursus de droit et ira jusqu’au master. En 2010, il prend sa carte du PS à Evreux, mais ne militera jamais dans l’Eure, rapidement happé par Solférino, où il intègre le service d’ordre (SO). «Il voulait progresser dans le SO, pas dans le parti», explique un dirigeant socialiste. A Paris, Eric Plumer le prend sous son aile. Le patron du SO se souvient d’un gars «pointilleux et perfectionniste» qui «avait étudié le fonctionnement de la police et de la gendarmerie». Selon une autre source, Benalla serait gendarme auxiliaire de réserve d’Evreux. Comme Vincent Crase, réserviste originaire de l’Eure, aussi mis en cause dans la vidéo du 1er Mai. La primaire socialiste commence : Benalla, qui n’a jamais milité pour un courant ou un autre, va s’occuper de Martine Aubry, principalement en tant que chauffeur. «C’était une crème, serviable et dévoué», se souvient un ex-collaborateur. «Il était effectivement sympa, mais il n’était pas clair. On l’avait éloigné à la fin», tempère un deuxième.

Pendant la présidentielle, Benalla est un membre lambda du SO. François Hollande entre à l’Elysée, les socialistes cherchent des collaborateurs à tous les postes. Benalla est recruté par l’équipe Montebourg. «Pour Alexandre, c’était beaucoup trop tôt, il a vrillé», analyse Plumer a posteriori. Le Monde raconte que le jeune homme, alors à peine âgé de 20 ans, provoque un accident et essaie de prendre la fuite : il est viré de Bercy. En 2015, il fait une formation d’une semaine à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice (IHESJ). Selon plusieurs lettres d’information confidentielles, Benalla a travaillé pour le groupe Velours, spécialisé dans la sécurité privée et créé par d’anciens policiers. Il fonde une mystérieuse Fédération française de sécurité avec Vincent Crase en 2016 avant de rejoindre l’équipe du candidat Macron, en tant que garde du corps. Aux méthodes musclées comme le montrent d’autres vidéos.

Selon des échanges révélés par les Macron Leaks, Crase, prestataire de la campagne qui deviendra salarié de La République en Marche, et Benalla vont essayer de s’équiper en pistolets lanceur de caoutchouc, flash-balls et boucliers anti-émeute. Les proches de Macron mettent le holà illico. «Je n’ai jamais entendu dire que les partis politiques avaient des vigiles armés, je trouve même ça dangereux», répond Cédric O., alors trésorier de la campagne, aujourd’hui à l’Elysée. Où, malgré les alertes, Benalla sera pourtant nommé au printemps 2017, après la victoire de Macron, chef de cabinet adjoint du président. «La sécurité du Président, ce sont les forces de sécurité de la France, tempête un ancien de Beauvau. La sécurité du Président, ce n’est sûrement pas un ancien bénévole du SO socialiste.»

Source : Libération

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