Un poème pour dénoncer les agressions sexuelles de son oncle à Brive

illustration-greve-du-zele-avocats_4943135Photo d’illustration. © Stéphanie Para

En passant par l’écriture, un homme victime d’agressions sexuelles étant mineur est parvenu à dénoncer un membre de sa famille. Son procès avait lieu ce jeudi, à Brive (Corrèze).

« Rapport de bataille ». C’est le titre d’un poème, lu ce jeudi 24 septembre, devant le tribunal correctionnel de Brive.

Dans ce poème, un Corrézien de 31 ans dénonçait les agressions sexuelles dont il a été victime adolescent. Envoyé à ses proches au tout début de l’affaire, il y peignait la relation d’un « novice » sous l’emprise d’un « général », une métaphore pour expliquer sa souffrance, après ce que lui a fait subir son oncle, Hervé Farges, en 2004.

Quelques semaines après l’écriture de ces vers, en mai 2019, le « novice » devenu trentenaire, s’est rendu à la gendarmerie pour briser ce silence vieux de quinze ans. Prêt pour une nouvelle bataille, judiciaire celle-là, il voulait protéger ses neveux et nièces de la toxicité de ce membre de la famille. Alors sans détours, il décrira « l’éducation sexuelle » dont il a été victime jusqu’en 2005.

Des revues pornographiques dans Picsou magazine

« Tout a débuté par des revues pornographiques soigneusement glissées dans un Picsou magazine ou dans Le journal de Mickey. Puis, c’est l’engrenage : DVD porno, incitations à la masturbation jusqu’aux fellations imposées », explique la présidente du tribunal, rapports en main.

Ces séances, qui ont profondément marqué la victime, avaient le plus souvent lieu dans le bureau des grands-parents, ou dans d’autres lieux lors de réunions de famille, à l’abri des regards.

Dans le cadre de l’enquête, les perquisitions menées au domicile du prévenu, à Argentat avaient permis à la gendarmerie de découvrir 113 DVD et 13 revues pornographiques, ainsi qu’une BD mettant en scène un enfant au sexe démesuré s’adonnant à des actes avec des adultes.

Pour ces faits, le tribunal retiendra deux périodes : la première antérieure aux 15 ans de la victime, la seconde postérieure. Mais pour la seconde partie de ces agressions, la prescription de dix ans empêchera toute condamnation.

Un point sur la loi. La prescription pour une agression sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans est de vingt ans, tandis que celle pour une agression sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans est de seulement dix ans.

Une façon « d’échapper à la justice »

Ultime manipulation du « Général », ce dernier reconnaîtra devant le tribunal uniquement la partie prescrite des faits, et plaidera la relaxe pour l’autre « au bénéfice du doute ». Une façon « d’échapper à la justice », comme l’a souligné Me Noël Coulaud pour la partie civile, un peu comme lorsqu’il donnait de l’argent à son neveu en 2004 après une fellation imposée, pour sceller le sceau du secret.

Le condamné a fait appel

Une stratégie perdante. Hervé Farges, qui a tout de même exprimé des regrets, a été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis. Il devra se soigner, et indemniser la victime. Son nom sera inscrit au fichier des délinquants sexuels. Il a fait appel de la décision.

Pierre Vignaud

Source : La Montagne

Note de la rédaction de Profession-Gendarme :
Merci à mon camarade de gendarmerie qui m’a signalé cet article de presse. (Il se reconnaitra)

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