Un jeune mordu aux testicules par un chien de la gendarmerie lors d’un contrôle au péage de Saint-Omer

Il y a une semaine, une opération de gendarmerie a laissé des traces chez un jeune homme qui étudie dans le Boulonnais. Il était présent à bord d’une voiture arrêtée au péage de Saint-Omer, sur l’A26, pour un contrôle lié aux stupéfiants. Pendant le contrôle, l’apprenti maçon a été mordu par un chien au niveau des testicules. Il a déposé plainte au commissariat d’Arras.


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la voix
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Eddy Poulain, 42 ans, professeur d’EPS dans un établissement du Boulonnais, était au volant de la voiture contrôlée. Il raconte les faits pour défendre le jeune homme de 19 ans : « C’est un délégué de classe, un élève nickel. » Les faits se sont produits la semaine dernière, le vendredi après-midi. Eddy Poulain conduisait un véhicule appartenant à l’établissement scolaire avec à son bord deux élèves : « Nous revenions d’un conseil de perfectionnement qui se déroulait à Valenciennes. Alors que nous rentrions vers Boulogne, les gendarmes nous ont arrêtés au péage de Saint-Omer, à Setques. Ils m’ont réclamé les papiers du véhicule et ils ont demandé si j’avais consommé de l’alcool ou des stupéfiants, c’était un contrôle classique. »

Puis le trio a dû descendre du véhicule. Un chien de la brigade cynophile de gendarmerie a alors fait son travail de détection de produits stupéfiants. « Le chien m’a d’abord mordu légèrement aux fesses. Du coup les gendarmes m’ont dit que j’avais des stupéfiants sur moi. Ensuite il a reniflé mes deux élèves et il a mordu l’un des deux au niveau des testicules, d’une manière assez forte », explique Eddy Poulain. Les gendarmes n’expriment pas d’animosité particulière envers les trois suspects, mais ils sont formels : le comportement du chien implique la présence de drogue. Le chien inspecte le coffre de la voiture et marque l’arrêt sur le cartable du professeur. « Il y a encore des traces de griffes dessus », précise Eddy Poulain. Face à l’absence de produits suspects dans la voiture et sur les trois personnes contrôlées, les militaires laissent partir le véhicule après trente minutes de fouille.

Plainte déposée au commissariat

« Lorsque nous sommes repartis, l’élève mordu aux testicules a rapidement eu les larmes aux yeux. Il avait très mal », se souvient son professeur. Le soir, cet apprenti maçon âgé de 19 ans, originaire de Croisette, près de Saint-Pol, se rend aux urgences d’Arras. Il présente un hématome au niveau des testicules et se voit notifier un arrêt de travail de quatre jours. Il témoigne : « J’ai perdu une semaine de travail à cause de ça, mais surtout j’ai eu l’impression de passer pour un délinquant, c’était vexant. » Le jeune homme a déposé une plainte lundi au commissariat d’Arras : « Pour moi, il s’agit de violences volontaires, car le chien m’a mordu délibérément. » Mais qui est visé, le maître-chien, ou son animal ? « Au commissariat, on m’a dit que le maître-chien n’était pas responsable des actes de son chien », évoque le plaignant, qui était prêt à passer des examens complémentaires pour se dédouaner.

« Il y avait forcément des stupéfiants »

Le peloton motorisé de gendarmerie basé au péage de Setques indiquait ce vendredi n’être pas directement impliqué dans ce contrôle lié aux stupéfiants, puisque les militaires du peloton de Saint-Omer n’ont pas de maître-chien à leur disposition. Contacté dans la foulée, un gendarme d’une brigade cynophile de la région lilloise confortait les dires des militaires ayant procédé au contrôle : « Si le chien a eu un tel comportement, c’est qu’il y avait forcément des stupéfiants dans un environnement plus ou moins proche d’un des trois passagers. »

Eddy Poulain n’est pas dupe, mais conserve une confiance totale en son élève : « Forcément, il y a des jeunes dans notre établissement qui fument, qui peuvent être au contact de certaines drogues. Mais cet élève est un super délégué de classe, c’est quelqu’un de bien, un jeune qui est clean. La preuve, c’est qu’il était prêt à faire des tests salivaires à ses propres frais. Il faudrait peut-être se demander si ce n’est pas plutôt le chien qui avait un problème. »

Après le dépôt de plainte au commissariat d’Arras, l’affaire a été transmise à la DDSP (Direction centrale de la Sécurité publique) du Pas-de-Calais. Le dossier devrait arriver dans les prochains jours au parquet de Saint-Omer. Un magistrat sera chargé de statuer sur les suites à donner à la plainte. Une enquête pourrait être confiée soit à la police, soit à la gendarmerie.

Source : La Voix du Nord

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