Un expert en faux papiers à la gendarmerie

À 35 ans de service, Jean-Paul Le Calvez fait partie du trio breton spécialisé dans la fraude fiscale.

À 35 ans de service, Jean-Paul Le Calvez fait partie du trio breton spécialisé dans la fraude fiscale. |

Jean-Paul Le Calvez fait partie des experts. Son domaine : la fraude documentaire. Titres de séjour, permis de conduire… Le gendarme traque les fraudeurs sans relâche.

Le public connaît bien la gendarmerie pour ses missions traditionnelles. Mais le travail du gendarme dépasse quelquefois ce cadre conventionnel. Certains gendarmes sont formés pour des missions spécifiques qui leur imposent une formation poussée dans des domaines bien précis, tels que la cybercriminalité, l’identification ou l’analyse criminelle.

À Landerneau, l’adjudant Jean-Paul Le Calvez se singularise dans une autre spécialité : la fraude documentaire.

Formation à l’Institut de recherche criminelle

Officier de police judiciaire, ce gendarme confirmé de 55 ans, dont trente-cinq de métier, est enquêteur en fraude documentaire depuis maintenant une dizaine d’années.

Complétant ainsi ses autres compétences dans le travail illégal, la fraude sociale et l’immigration irrégulière, il a été formé par les experts de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) de Pontoise, en Ile-de-France. « Je suis chargé dappuyer les unités dans la détection et lanalyse des faux documents, tels que des permis de conduire mais aussi des titres de séjour, des cartes didentité ou des passeports ».

Derrière son matériel sophistiqué (microscope stéréoscopique et comparateur à version spectrale), Jean-Paul Le Calvez étudie les pièces et tente de révéler la signature du faussaire.

« On entend par signature, la manière de travailler qui est propre au faussaire et à lutilisation de son matériel. Cest un peu comme un cambrioleur qui opérera toujours de la même manière. »

Une quarantaine de dossiers sont traités tous les ans à Landerneau. Il s’agit en majorité d’étrangers qui entrent illégalement en France avec de faux documents mis en place par des filières. Grâce à ces documents, soit entièrement falsifiés, soit vrais mais avec de fausses identités, il est alors possible non seulement d’échapper aux contrôles, mais également d’obtenir des prestations ou des avantages sociaux indus.

Jean-Paul Le Calvez fait partie des trois enquêteurs formés par l’IRCGN en Bretagne (sur environ 200 au niveau national). Avec une compétence régionale, il peut être saisi par un magistrat, un enquêteur de police judiciaire ou par une administration.

7 600 milliards de dollars de préjudice

Selon les services experts, entre 5 et 10 % des titres produits seraient des faux qui induisent un préjudice important engendré par leur utilisation, au détriment des administrations fiscales, sociales mais aussi des particuliers. La fraude documentaire permet de commettre diverses infractions telles que les escroqueries, le blanchiment de capitaux ou le financement du terrorisme.

Enfin, cette fraude a un coût. Dans l’Hexagone, 3 à 6 % des 10 millions de documents d’identité émis tous les ans par l’administration seraient frauduleux et établis sur la base de faux documents.

« Selon l’Onu, la fraude identitaire au niveau mondial coûterait 7 600 milliards de dollars », souligne l’adjudant Jean-Paul Le Calvez.

Source : Ouest-France

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