Sursis pour le rappeur El Bandido

Sursis pour le rappeur El Bandido
En mars dernier, le clip d’El Bandido n’avait guère amusé les gendarmes de La Réunion (photo D.R.).

SAINT-JOSEPH « L’argent sale fo vite dépensé / Les gendarmes faudrait les brûler / Ma poin de gun mé un sabre bien limé / Sud sauvage mi vien représenté enculés »… Le 16 mars dernier, un clip vidéo à la rime aussi particulière qu’explicite faisait le buzz sur Facebook. Comme nous le révélions dans nos colonnes (l’édition du 26 mars), Bernard Camille allias KMY El Bandido avait réalisé ce clip au contenu peu flatteur en deux temps les 21 février et 14 mars derniers dans le cœur de ville de Saint-Joseph. Mal lui en a pris. À l’origine, c’est un homme qui avait été filmé à son insu sur la vidéo qui a décidé de porter plainte auprès des gendarmes de Petite-Île. Saisis du dossier, les militaires de la communauté de brigades sudiste avaient alors visionné la séquence et avaient moyennement apprécié l’esprit artistique qui semblait, selon l’auteur, s’en dégager.

En réponse à ce mauvais délire ou rap de bas étage, les gendarmes avaient ouvert une enquête et l’avaient transmise au parquet de Saint-Pierre et signalé à la Direction générale de la gendarmerie nationale, à Paris.

Fort de cette notoriété naissante dans le Sud sauvage, El Bandido, 24 ans, avait été entendu par les enquêteurs. Ce dernier avait ainsi évoqué la liberté d’expression tout en reconnaissant le caractère agressif et provocateur de telles paroles. Paroles qui, d’ailleurs, avaient aussi écorché les femmes sur fond d’un « tassepé (pétasse) » repris en cœur par des « bad boys » locaux.

« Tout n’est pas permis dans notre société »

Souriant face aux magistrats, ce Saint-Joséphois a reconnu à demi-mots avoir franchi la ligne. « C’était juste pour faire le buzz ! », lançait le prévenu. « Sur le coup, vous avez pensé quoi ? C’était pour que l’on parle de vous ? », interrogeait la présidente du tribunal. « Oui, c’était juste comme ça, c’était juste des rimes. Ce n’était pas méchant », ironisait le prévenu visiblement à l’aise à la barre.

Représentant la gendarmerie nationale, le capitaine Vincent Roret a rappelé les missions de la gendarmerie et les liens qu’entretient ce corps de métier avec la population sans pour autant évoquer de prise à parti suite à la diffusion de ce clip. Pour le procureur de la République, Laurent Zuchowicz, « tout n’est pas permis dans notre société » au titre de la liberté d’expression comme cela est le cas dans certains pays. « Il faut que monsieur comprenne qu’au-delà du 1er degré, si vous écrivez des choses, c’est que pour vous elles ont un sens… Sur des esprits faibles, cela peut avoir des répercussions. C’est très facile et très conformiste et je vous rappelle que les gendarmes ne peuvent pas être ciblés de cette manière », indiquait le magistrat avant de requérir de la prison avec sursis et des travaux d’intérêt général.

Connu de la justice pour un antécédent, El Bandido a été condamné pour cette provocation non suivie d’effet au crime à 4 mois de prison avec sursis et 120 heures de TIG.

Source : Clicanoo.re

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