Rozay-en-Brie : le policier se serait suicidé en partie à cause de son travail, selon son père

7694676_9cdc8c10-4e02-11e8-afc4-0651da0d11a3-1_1000x625Rozay-en-Brie (Seine-et-Marne), mercredi 2 mai 2018. C’est sur cette place de parking devant la gendarmerie que le fils de Jean-Louis T. s’est donnée la mort le 5 décembre dernier. LP/Hendrik Delaire

Le père du gardien de la paix qui s’est suicidé en décembre dernier a tenu une conférence de presse devant la gendarmerie de Rozay-en-Brie, ce mercredi.

« D’après l’ensemble des pièces de la procédure qui m’ont été remises, non sans mal, je considère que la part de responsabilité de l’administration policière dans le suicide de mon fils a été reconnue. »

C’est avec une émotion non dissimulable que Jean-Louis T. a dévoilé ce mercredi sur les lieux du drame le contenu, du procès-verbal (PV) de synthèse de l’enquête sur le décès de son fils Xavier.

Le 5 décembre dernier ce policier de 50 ans en charge de la protection rapprochée de la ministre du Travail Muriel Pénicaud avait mis fin à ses jours devant la gendarmerie de Rozay-en-Brie.

Sur place, seuls quelques bouquets de fleurs fanées accrochés aux grilles témoignent de la tragédie qui s’est nouée sur le parking de la gendarmerie.

« D’après ce PV de synthèse, les raisons qui ont poussé mon fils à se suicider seraient liées principalement à son addiction au jeu même s’il n’avait aucune dette, mais aussi à des problèmes rencontrés dans le cadre de sa profession », indique Jean-Louis qui a eu accès à ces documents après des demandes réitérées auprès du procureur de la République.

 

« Les autorités ne veulent pas aborder les vraies causes du malaise des policiers »

Quelques semaines après le drame, le père de ce policier dénonçait l’omerta des autorités qui négligeaient selon lui ces motifs professionnels ayant conduit son fils à commettre l’irréparable.

Mais pour Jean-Louis T., la lettre que son fils a envoyée au ministre de l’Intérieur peu de temps avant son suicide démontre qu’il était soumis à une pression intense.

Dans cet ultime courrier adressé à son ministre, le policier qui était par ailleurs délégué syndical à l’Unsa dénonce les cadences infernales auxquelles il était soumis et le manque de considération de la part de sa hiérarchie.

Et pour Jean-Louis, le cas de son fils n’est pas isolé, comme l’ont rappelé le 13 mars dernier des représentants de l’association Union des policiers nationaux indépendants (Upni) devant une commission parlementaire du Sénat. « Les autorités ne veulent pas aborder les vraies causes du malaise des policiers. À savoir qu’ils ne se sentent pas soutenus par leur hiérarchie », estime le père du policier.

« Le travail des enquêteurs est de déterminer si un décès est intervenu suite à un suicide ou un homicide et non les raisons d’un éventuel suicide », insiste la procureure de Meaux, Dominique Laurens.

Une association d’aide aux familles des forces de l’ordre

« Cette enquête a conclu à un suicide et le parquet a transmis des pièces du dossier aux proches pour leur permettre d’accomplir les démarches comme il le fait à chaque fois. Il est vrai que certaines pièces comme les photos d’autopsie ne sont d’habitude pas envoyées aux proches des victimes pour les préserver mais le père de la victime a insisté pour les avoir et elles lui ont été communiquées. »

Jean-Louis T. annonce qu’il renonce à toute action en justice contre le ministère de l’Intérieur et va désormais s’investir dans une association d’aide aux familles des forces de l’ordre. « J’entends, explique-t-il, récupérer la copie du dossier professionnel de mon fils que ne m’a toujours pas transmis le ministère, pour montrer à mon petit-fils que son papa était un excellent policier bien noté par sa hiérarchie. C’était le combat que j’avais promis de mener devant la dépouille de mon fils. Je vais désormais pouvoir commencer à faire mon deuil. »

Contacté, le ministère de l’Intérieur n’a pas donné de suite à notre demande de précisions.

Source : Le Parisien

Note de la rédaction de Profession-Gendarme :

Le 6 décembre 2017 nous avions relaté ce suicide sous le titre suivant : Un policier chargé de la protection de Muriel Pénicaud se suicide.

le 21 décembre nous avions publié à nouveau : Pourquoi le major Xavier T. s’est-il tué devant une gendarmerie ?

 

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