Rôle central des États-Unis dans l’éclatement de la seconde guerre mondiale

Important pour ne pas rester les ravis de la crèche !

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On en apprend de belles sur le rôle des US en 39/40. Aujourd’hui c’est bis repetita !

On aimerait avoir l’avis de vrais spécialistes historiens militaires par exemple, dénués de toute idée préconçue sur la soi-disant bienveillance américaine. 

Derrière il y a toujours des intérêts financiers.

 Hier c’était pour détruire l’Allemagne et récupérer sa matière grise, aujourd’hui c’est pour démembrer la Russie et la piller puisqu’aux dires de Madeleine Albright « c’était injuste qu’un seul pays ait tant de richesses ».

De même que le plan Marshall tant vénéré par les aveugles a surtout favorisé l’industrie américaine et a mis la France sur le chemin de la consommation américaine. Depuis la motorisation de l’agriculture jusqu’à l’industrialisation de la nourriture avec les dégâts patents dans ces deux domaines. 

Aujourd’hui le WEF veut revenir en arrière avec le prétexte du climat et beaucoup d’arrières pensées et ce sera difficile pour ceux qui n’ont pas su en rester à la sobriété heureuse de Pierre Rabhi. Comme disait Churchill, il y aura du sang et des larmes.

Cette très longue reconstruction du rôle central des États-Unis dans l’éclatement de la seconde guerre mondiale a été publiée il y a presque quarante ans, mais je n’en ai pris connaissance que récemment. Je pense que les parallèles avec notre confrontation actuelle contre la Russie sont vraiment tout à fait remarquables, comme je l’ai souligné dans certains de mes articles passés : La Pravda Américaine : troisième et deuxième guerres mondiales ?

On a mené en 1982 de grandes cérémonies pour commémorer le centième anniversaire de la naissance de Franklin Delano Roosevelt. À l’exception de Washington et de Lincoln, aucun autre président n’a été aussi glorifié et célébré que lui dans toute l’histoire étasunienne. Même Ronald Reagan, le président conservateur, a rallié le chœur des applaudissements. Début 1983, les journaux et les réseaux télévisés se sont souvenus du cinquantième anniversaire de l’investiture de Roosevelt au travers de nombreux hommages élogieux.

Pourtant, chaque année, on découvre de nouveaux éléments qui viennent contredire l’image brillante de Roosevelt dépeinte par les médias de masse et les politiciens.

Beaucoup d’encre a déjà coulé pour décrire la campagne de tromperie et de mensonges éhontés menée par Roosevelt pour faire intervenir les États-Unis dans la seconde guerre mondiale avant l’attaque japonaise contre Pearl Harbor du mois de décembre 1941. L’aide accordée par Roosevelt à la Grande-Bretagne et à l’Union soviétique, en violation de la neutralité étasunienne et du droit international, ses actes de guerre contre l’Allemagne, visant à provoquer une déclaration de guerre allemande contre les États-Unis, son autorisation d’une grande campagne de « sales coups » par des agents de renseignements britanniques contre des citoyens étasuniens en violation de la Constitution, et ses provocations et ses ultimatums contre le Japon qui ont fini par provoquer l’attaque contre Pearl Harbour — tous ces éléments sont largement documentés et plutôt bien connus 1

Mais on connaît moins bien l’écrasante responsabilité de Roosevelt dans l’éclatement de la seconde guerre mondiale. Le présent essai se concentre sur la campagne secrète menée par Roosevelt pour provoquer la guerre en Europe, avant l’éclatement des hostilités, au mois de septembre 1939. Il s’agit surtout des pressions qu’il a exercées sur la Grande-Bretagne, la France et la Pologne pour les pousser à la guerre contre l’Allemagne, en 1938 et 1939.

Franklin Roosevelt ne fit pas qu’agir de manière criminelle en impliquant les États-Unis dans une guerre qui avait déjà embrasé l’Europe. Il porte une grave responsabilité face à l’histoire dans l’éclatement de la guerre la plus destructrice de tous les temps.

Le présent essai s’appuie sur des sources peu connues : le recueil de documents polonais secrets qui tomba entre les mains des Allemands lorsque ceux-ci s’emparèrent de Varsovie, au mois de septembre 1939. Ces documents établissent le rôle central de Roosevelt pour faire survenir la seconde guerre mondiale. Ils révèlent également les forces qui, derrière le président, poussèrent à la guerre.

Peu d’historiens ont exploité des phrases ou paragraphes en provenance de ces documents, et leur importance n’a pas été considérée à sa juste valeur. Je pense qu’il existe trois raisons pour cela. Tout d’abord, durant de nombreuses années, leur authenticité est restée sujette à questions. Deuxièmement, on ne dispose pas d’un recueil complet des documents en langue anglaise. Et troisièmement, la traduction de ces documents en langue anglaise qui a été mise à disposition jusqu’à présent est lacunaire et vraiment de mauvaise qualité.

Lorsque les Allemands ont pris Varsovie à la fin du mois de septembre 1939, ils se sont emparés d’une quantité de documents détenus par le ministère polonais des affaires étrangères. Dans une lettre du 8 avril 1983, le Dr. Karl Otto Braun, de Munich, m’a informé que ces documents avaient été saisis par une brigade SS dirigée par Freiherr von Kuensberg, que Braun connaissait personnellement. Au cours d’une attaque surprise, la brigade prit le centre de Varsovie avant l’armée allemande régulière. Von Kuensberg a déclaré à Braun que ses hommes avaient pris le contrôle du ministère polonais des affaires étrangères au moment même où les dirigeants du ministère s’employaient à brûler des documents compromettants. Le Dr. Braun a été l’un des dirigeants du bureau allemand des affaires étrangères entre 1938 et 1945.

Le bureau allemand des affaires étrangères désigna Hans Adolf von Moltke, qui avait précédemment été ambassadeur du Reich à Varsovie, pour diriger une commission spéciale aux archives afin d’examiner le recueil et d’en tirer les documents qui seraient intéressants à publier. À la fin du mois de mars 1940, 16 documents furent publiés sous forme d’un livre, sous le titre Polnische Dokumente zur Vorgeschichte des Krieges [« Documents polonais sur l’histoire de l’avant-guerre. »] L’édition publiée par le bureau des affaires étrangères portait pour sous-titre « Livre blanc allemand N° 3. » Le livre fut publié sur le champ dans diverses langues étrangères à Berlin et dans d’autres capitales européennes. Une édition étasunienne fut publiée à New York par Howell, Soskin and Company sous le titre The German White Paper. L’historien C. Hartley Grattan produisit un avant-propos remarquablement prudent et réservé.2

La traduction des documents produits dans le White Paper aux États-Unis était très mauvaise. Des morceaux de phrases et des phrases entières manquaient, et des parties du texte faisaient l’objet de grossières erreurs de traductions. H. Keith Thompson m’a expliqué la raison de ces problèmes au cours d’une conversation en date du 22 mars 1983 et dans une lettre en date du 13 mai 1983. Un premier brouillon de traduction en langue anglaise, de mauvaise qualité, avait été préparé à Berlin et envoyé aux États-Unis. Il avait été remis à George Sylvester Viereck, publiciste étasunien pro-allemand de premier plan, et conseiller littéraire de la German Library of Information de la ville de New York. Thompson connaissait très bien Viereck, et avait été son principal assistant et co-auteur. Viereck avait hâtivement repris la traduction venant de Berlin dans une prose plus lisible, mais sans avoir l’occasion de la comparer au texte originel en polonais (langue qu’il ne parlait pas, de toutes façons) ni même la version en langue allemande du livre. Les changements de style qu’il pratiqua pour améliorer la lisibilité du texte déformèrent malheureusement ainsi le sens des documents originels.

On a également discuté de ce sujet au cours d’un dîner intime tenu pour Lawrence Dennis, invité par Thompson dans l’appartement de Viereck à l’hôtel Belleclaire, à New York, en 1956. Viereck a expliqué avoir été consultant littéraire très bien payé par le gouvernement allemand, responsable de l’effet de propagande de ces publications, et qu’il n’avait pas pu s’occuper du travail de traduction normalement attribué à des employés. Même la traduction la plus soignée de documents compliqués peut en déformer le sens originel, et l’application de corrections littéraires garantit que ces déformations vont exister, affirma Viereck. Thompson confirma ce point.

Au cours de la préparation du texte en langue anglaise pour le présent essai, j’ai examiné avec soin la traduction officielle en langue allemande, ainsi que plusieurs autres traductions, et je les ai comparés avec les fac-similés des documents polonais originaux.

Sensations médiatiques

Le gouvernement allemand considérait les documents polonais capturés comme présentant une importance colossale. Le vendredi 29 mars, le ministère de la propagande du Reich informa à titre confidentiel la presse quotidienne des raisons pour lesquelles les documents étaient publiés :

Ces documents extraordinaires, qui peuvent être publiés à partir de la première édition de samedi, va créer une sensation politique de premier ordre, car ils prouvent de fait le niveau de responsabilité des États-Unis pour l’éclatement de la guerre actuelle. La responsabilité des États-Unis ne doit bien sûr pas être exposée par des commentaires ; ce sont les documents qui doivent parler d’eux-mêmes, et ils le font très clairement.

Le ministère de la propagande demande spécifiquement qu’un espace suffisant soit réservé à la publication de ces documents, qui sont d’une importance suprême pour le Reich et pour le peuple allemand.

Nous vous informons en confiance que l’objectif, en publiant ces documents, est de renforcer les isolationnistes étasuniens, et de mettre Roosevelt dans une position intenable, surtout au vu du fait qu’il se présente de nouveau aux élections en ce moment. Il n’est cependant pas du tout nécessaire que nous désignions la responsabilité qui est celle de Roosevelt, car ses ennemis aux États-Unis vont s’en occuper3.

Le bureau allemand des affaires étrangères a rendu publics les documents le vendredi 29 mars 1940. À Berlin, des journalistes du monde entier, y compris étasuniens, ont reçu des copies des documents polonais originaux et des traductions en langue allemande. Les journalistes avaient le droit d’examiner les documents originaux par eux-mêmes, ainsi qu’une pile énorme de documents en provenance du ministère polonais des affaires étrangères.

La publication des documents produisit une sensation médiatique internationale. Les journaux étasuniens accordèrent à l’événement une grande couverture en première page, et publièrent de longs extraits des documents. Mais l’impact fut bien moindre que celui qui avait été espéré par le gouvernement allemand.

Les dirigeants de premier plan du gouvernement étasunien ne perdirent pas de temps avant de dénoncer avec véhémence les documents comme inauthentiques. Cordell Hull, le secrétaire d’État, affirma : « Je peux dire catégoriquement que ni moi, ni les personnes à moi associées au département d’État, n’avons jamais entendu parler de conversations telles que celles qui sont alléguées, et que nous ne leur accordons pas le moindre crédit. Les déclarations alléguées n’ont à aucun moment représenté la pensée ou la politique du gouvernement étasunien. » William Bullitt, l’ambassadeur des États-Unis à Paris, qui était particulièrement compromis par les documents, annonça : « Je n’ai jamais déclaré à quiconque les affirmations qui me sont attribuées. » Et le comte Jerzy Potocki, l’ambassadeur de Pologne à Washington, dont les rapports envoyés confidentiellement à Varsovie étaient des plus éloquents, déclara : « Je réfute les allégations attribuées à mes rapports. Je n’ai jamais tenu avec l’ambassadeur Bullitt la moindre conversation au sujet de la participation à la guerre des États-Unis. »4

Ces réfutations publiques catégoriques, produites par les plus hauts dirigeants, eurent pour effet de briser presque totalement l’impact anticipé des documents. Il faut se souvenir que cela se produisit plusieurs décennies avant la guerre du Vietnam et l’affaire du Watergate, qui enseignèrent à une nouvelle génération d’Étasuniens à se montrer très sceptiques vis-à-vis de réfutations officielles de cette nature. En 1940, la vaste majorité du peuple étasunien avait confiance en l’idée que ses dirigeants politiques lui disaient la vérité.

Après tout, si les documents rendus publics aux yeux du monde par le gouvernement allemand étaient bel et bien authentiques et sourcés, cela impliquait que le grand dirigeant de la démocratie étasunienne était un homme qui mentait à son propre peuple et violait les lois de son propre pays, alors que le gouvernement allemand disait la vérité. Accepter cela était beaucoup demander à n’importe quelle nation, mais surtout au public étasunien qui restait confiant envers ses dirigeants.

Les commentaires qui provenaient de Capitol Hill, dans l’ensemble, faisaient écho à ceux émis officiellement par le gouvernement. Le sénateur Key Pittman, le président démocrate du Comité aux Relations étrangères, désigna les documents comme « absolument faussement conçus pour créer une dissension aux États-Unis. » Le sénateur de Floride, Claude Peper, un démocrate, déclara : « Il s’agit de propagande allemande, et cela ne devrait pas le moins du monde affecter nos politiques. » Seuls quelques personnes ne se laissèrent pas impressionner par les réfutations des dirigeants. Le représentant de New York, Hamilton Fish, membre républicain de haut rang du Comité aux affaires étrangères de la Chambre, appela à une enquête du Congrès et déclara au cours d’une allocution radiophonique : « Si ces accusations étaient vraies, elles constitueraient une action de trahison. Si le président Roosevelt s’est impliqué dans des ententes secrètes ou dans des engagements secrets avec des gouvernements étrangers pour nous impliquer dans la guerre, il mérite d’être destitué. »5

Les journaux étasuniens soulignèrent les réfutations émises par les dirigeants en publiant les documents. Le gros titre du New York Times afficha : LES ÉTATS-UNIS DÉSIGNENT COMME FAUX LES DOCUMENTS NAZIS QUI NOUS ACCUSENT D’AVOIR FOMENTÉ LA GUERRE EN EUROPE ET PROMIS DE RALLIER NOS ALLIÉS EN CAS DE BESOIN. Le Baltimore Sun titra : LES DOCUMENTS NAZIS ACCUSANT LES ÉTATS-UNIS SONT ASSAILLIS PAR WASHINGTON.6

Quoique le livre recueillant les documents polonais fût labellisé « première série », aucun suite ne suivit. De temps à autre, le gouvernement allemand publia des documents supplémentaires en provenance des archives polonaises. Ces documents furent publiés sous forme d’un livre en 1943, avec de nombreux autres documents capturés par les Allemands auprès du ministère français des affaires étrangères et d’autres archives européennes, sous le titre Roosevelts Weg in den Krieg: Geheimdokumente zur Kriegspolitik des Praesidenten der Vereinigten Staaten [« La manière d’agir de Roosevelt pour entrer en guerre : documents secrets sur la politique de guerre menée par le président des États-Unis »]. 7

Une question importante restée sans réponse est : Où se trouvent de nos jours les documents polonais originaux ? À moins qu’ils n’aient été détruits lors de la conflagration de la guerre ils sont sans doute tombés entre les mains étasuniennes ou soviétiques en 1945. Au vu de la politique récente menée par le gouvernement des États-Unis sur les éléments d’archives nationales, il est très peu probable qu’ils seraient encore secrets de nos jours si les États-Unis avaient mis la main dessus. Mon idée à ce sujet est qu’à moins qu’ils n’aient été détruits, ces documents se trouvent désormais ou bien à Moscou, ou bien aux Archives centrales de l’État est-allemand, à Potsdam.

Il est particulièrement important de conserver à l’esprit que ces rapports secrets ont été écrits par de hauts ambassadeurs polonais, c’est-à-dire par des hommes qui ne voyaient pas du tout amicalement l’Allemagne, mais qui néanmoins comprenaient bien mieux les réalités de la politique européenne que ceux qui décidaient des politiques aux États-Unis.

Par exemple, les ambassadeurs polonais comprenaient que derrière toute leur rhétorique sur la démocratie et les droits de l’homme, et les expressions d’amour envers les États-Unis, des Juifs qui produisaient de l’agitation pour la guerre contre l’Allemagne ne faisaient rien d’autre que poursuivre abruptement la poursuite de leurs propres intérêts sectaires. De nombreux siècles de cohabitation avec les Juifs avaient éveillé la conscience des Polonais bien davantage que bien d’autres nationalités du monde vis-à-vis de ce peuple.

Les Polonais considéraient le règlement de Munich de 1938 d’une manière très différente de Roosevelt et de son cercle. Le président attaqua âprement les accords du Munich, qui accordaient l’auto-détermination aux trois millions et demi d’Allemands de Tchécoslovaquie et réglaient une crise européenne majeure, et les dénonça comme une capitulation honteuse et humiliante au chantage allemand. Quoique circonspect vis-à-vis de la puissance allemande, le gouvernement polonais soutenait les accords de Munich, pour partie parce qu’une petite portion de territoire polonais, qui avait été rattachée à la Tchécoslovaquie contre la volonté de ses habitants, s’en trouvait réunifiée à la Pologne selon les termes de ces accords.

Les envoyés polonais ressentaient un sentiment proche du mépris pour les décideurs de la politique étrangère étasunienne. Le président Roosevelt était considéré comme un maître artiste politique, qui savait modeler l’opinion publique étasunienne, mais ne disposait que de fort peu de connaissances au sujet de la véritable nature des choses en Europe. Comme le soulignait l’ambassadeur de Pologne à Washington dans ses rapports envoyés à Varsovie, Roosevelt poussait les États-Unis dans la guerre pour détourner l’attention du public de ses échecs en matière de politique intérieure.

Décrire les complexités des relations germano-polonaises entre 1933 et 1939, ou les raisons de l’attaque lancée par l’Allemagne contre la Pologne à l’aube du 1er septembre 1939, dépasserait la portée du présent essai. Cependant, il faut noter que la Pologne avait été jusqu’à refuser de négocier au sujet de l’auto-détermination de la ville allemande de Dantzig et de la minorité ethnique allemande qui vivait dans ledit Couloir polonais. Hitler se sentit obligé de recourir aux armes lorsqu’il lança cette attaque, en réponse à une campagne polonaise de terreur et de dépossession contre le million et demi d’Allemands ethniques qui vivaient sous administration polonaise. À mon avis, si une action militaire fut jamais justifiée, ce fut bien la campagne allemande contre la Pologne en 1939.

Le refus obstiné de la Pologne à négocier fut rendu possible parce qu’un funeste chèque en blanc garantissait le soutien militaire de la part de la Grande-Bretagne — une promesse qui finit par s’avérer totalement vaine pour les infortunés Polonais. Au vu de la rapidité éclatante et de la victoire de la campagne allemande, il est difficile de comprendre de nos jours que le gouvernement polonais ne craignait pas la guerre contre l’Allemagne. Les dirigeants polonais crurent bêtement que la puissance allemande était une illusion. Ils étaient convaincus que leurs soldats allaient occuper Berlin en quelques semaines, et que la Pologne étendrait son territoire par des prises allemandes. Il faut également conserver à l’esprit l’idée que le conflit strictement localisé entre l’Allemagne et la Pologne ne fut transformé en conflagration à l’échelle de l’Europe que par les déclarations de guerre britannique et française contre l’Allemagne.

Après la guerre, les juges nommés par les Alliés, siégeant au tribunal international militaire de Nuremberg, refusèrent de reconnaître les documents polonais comme preuves, comme demandé par la défense allemande. Si ces documents avaient été estimés recevables, l’initiative de Nuremberg aurait moins ressemblé à un procès spectacle pour les vainqueurs, et aurait pu constituer une cour de justice internationale plus impartiale.

Une authenticité qui ne fait aucun doute

L’authenticité et la véracité des documents en provenance du ministère polonais des affaires étrangères, rendus publics par le gouvernement allemand, ne font désormais absolument aucun doute.

Charles C. Tansill, professeur d’histoire diplomatique des États-Unis à l’université de Georgetown, les considérait comme authentiques. « … J’ai eu une longue conversation avec M. Lipsky, l’ambassadeur de Pologne à Berlin au cours des années d’avant-guerre, et il m’a assuré que les documents du Livre Blanc allemand étaient authentiques, » a-t-il écrit.8, 1982), p. 184 (note 292) — ouvrage traduit en français par le Saker francophone. Tansill a également cité plusieurs de ces documents dans son ouvrage Back Door to War, pp. 450-51.] Harry Elmer Barnes, historien et sociologue, a confirmé cette évaluation : « Le professeur Tansill et moi-même avons établi de manières indépendantes la pleine authenticité de ces documents ».9 Dans « America’s second cruisade, William H. Chamberlin a rapporté : « J’ai été informé par une source extrêmement fiable que Potocki, qui réside désormais en Amérique du Sud, a confirmé la véracité des documents, pour autant qu’il puisse en juger. »10

Chose plus importante, Edward Raczynski, l’ambassadeur de Pologne à Londres entre 1934 et 1945, a confirmé l’authenticité des documents dans son journal personnel, publié en 1963 sous le titre In Allied London. Pour la journée du 20 juin 1940, il écrivit :

Les Allemands ont publié au mois d’avril un Livre Blanc contenant des documents en provenance des archives de notre ministère des affaires étrangères, constitués par des rapports envoyés par Potocki depuis Washington, par Lukasierwicz à Paris, et par moi-même. Je ne sais pas où ils les ont trouvés, car on nous a affirmé que les archives avaient été détruites. Les documents sont absolument authentiques, et les reproductions montrent que pour la plupart, les Allemands ont mis la main sur les originaux, et pas sur de simples copies.

Dans cette « première suite » de documents, j’ai trouvé trois rapports envoyés depuis mon Ambassade, deux produits par moi-même et le troisième signé de ma main mais écrit par Balinski. Je les ai lus avec appréhension, mais ils ne contenaient aucun élément propre à me compromettre ou à compromettre l’Ambassade, ou à nuire à nos relations avec nos hôtes britanniques.11

En 1970, leur authenticité a été confirmée de nouveau avec la publication de Diplomat in Paris 1936-1939. Cet ouvrage important constitue de documents et mémoires officielles de Juliusz Lukasiewicz, l’ancien ambassadeur de Pologne à Paris, qui fut l’auteur de plusieurs des rapports diplomatiques secrets rendus publics par le gouvernement allemand. Le recueil a été publié par Waclaw Jedrzejewicz, ancien diplomate polonais, et ancien membre du cabinet polonais, puis professeur émérite aux universités de Wellesley et de Ripon. Le professeur Jedrzejewicz considérait les documents rendus publics par les Allemands comment absolument authentiques. Il en a cité abondamment plusieurs.

M. Tyler G. Kent a également prodigué des assurances quant à l’authenticité de ces documents. Il affirme que lorsqu’il travaillait pour l’ambassade des États-Unis à Londres, en 1939 et en 1940, il a vu des copies de messages diplomatiques étasuniens dans les fichiers, qui correspondaient aux documents polonais, et qui confirmaient leur véracité.

Deux diplomates clés

Deux diplomates étasuniens qui jouèrent des rôles particulièrement centraux dans la crise européenne de 1938-1939 sont mentionnés de manière répétée dans les documents polonais. Le premier d’entre eux est William C. Bullitt. Bien que son poste officiel fût celui d’ambassadeur en France, il s’occupait dans les faits d’un champ d’activités bien plus vaste. Il était le « super envoyé » de Roosevelt et son adjoint personnel en Europe.

Comme Roosevelt, « il venait de chez les riches ». Il était né d’une importante famille de banquiers de Philadelphie, membres du gratin de la ville. Le grand-père de sa mère, Jonathan Horwitz, était un Juif allemand qui avait immigré aux États-Unis depuis Berlin.12 En 1919, Bullitt avait été l’un des assistants du président Wilson à la conférence de paix de Versailles. La même année, Wilson et Lloyd George, le premier ministre britannique, l’avaient envoyé rencontrer Lénine en Russie pour déterminer si le nouveau gouvernement bolchevique méritait une reconnaissance de la part des Alliés. Bullitt avait rencontré Lénine et d’autres hauts dirigeants soviétiques, et avait à son retour exhorté à ce que le nouveau régime fût reconnu. Mais il se disputa avec Wilson et quitta les services diplomatiques. En 1923, il épousa Louise Bryant Reed, la veuve du dirigeant communiste John Reed. En Europe, Bullitt collabora avec Sigmund Freud sur une biographique psychanalytique de Wilson. Lorsque Roosevelt devint président en 1933, il fit revenir Bullitt dans les sphères diplomatiques.13

Au mois de novembre 1933, Roosevelt envoya Bullitt à Moscou comme premier ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union soviétique. Son enthousiasme initial pour le système soviétique laissa la place à une profonde méfiance envers Staline et le communisme. En 1936, le président le muta à Paris. Il y joua le rôle de diplomate clé de Roosevelt en Europe jusqu’en 1940, lorsque la montée au pouvoir de Churchill en Grande-Bretagne et la défaite de la France firent tomber son rôle spécial en désuétude.

Au printemps 1938, tous les envoyés étasuniens en Europe étaient subordonnés à Bullitt en vertu d’une directive intérieure au département d’État.14 Alors que la situation en Europe empirait en 1939, Roosevelt échangeait souvent avec son homme de Paris par téléphone, parfois quotidiennement, et lui donna fréquemment des instructions précisément détaillée et ultra-confidentielles sur la ligne à suivre en matière de politique étrangère étasunienne. Le secrétaire d’État Cordell Hull lui-même restait sans avoir connaissance de nombre des lettres et communications échangées entre Bullitt et Roosevelt.

En France, nota la New York Times, Bullitt « était acclamé comme « l’ambassadeur au champagne » en raison de la somptuosité de ses réceptions, mais il était bien plus que l’envoyé à Paris : c’était le conseiller intime de Roosevelt sur les affaires européennes, avec accès par téléphone au président à toute heure. »15

Bullitt et Roosevelt étaient attachés l’un à l’autre et étaient d’accord sur tout en matière de politique étrangère. Les deux hommes étaient des aristocrates et des internationalistes patentés, qui partageaient des opinions tranchées sur la manière de refaçonner le monde, et la conviction selon laquelle ils avaient pour destinée de faire survenir cette grande réorganisation.

« Entre ces coéquipiers, » rapporta le Saturday Evening Post au mois de mars 1939,

existe une amitié étroite et chaleureuse ainsi qu’une grande affinité de tempéraments. On sait que le président écoute le jugement de Bullitt avec une telle attention que les rapports envoyés par câble et par courrier par l’ambassadeur depuis l’étranger sont complétés plusieurs fois par semaine par une conversation téléphonique transatlantique. En outre, Bullitt retourne aux États-Unis plusieurs fois par an pour prendre part à des conseils de la Maison-Blanche, au déplaisir du département d’État, qui le considère comme une prima donna.

Dans le long répertoire du département d’État, le président n’aurait pas pu trouver un conseiller qui aurait été aussi réactif à sa propre personnalité de champagne que Bullitt. Les deux hommes, des praticiens nés, avaient le même enthousiasme fondamental à l’idée de refaçonner la société…16

En Europe, Bullitt parlait avec la voix et l’autorité du président Roosevelt en personne.

Le second diplomate le plus important d’Europe était Joseph P. Kennedy, l’ambassadeur de Roosevelt auprès de la Cour de St. James. Comme Bullitt, c’était un riche banquier. Mais hormis cela, ce catholique de Boston aux ascendants irlandais était un homme très différent. C’était pour des raisons purement politiques que Roosevelt avait envoyé en Grande-Bretagne Kennedy, une figure importante du parti démocrate et père d’un futur président. Roosevelt détestait Kennedy et n’avait pas confiance en lui, et ce sentiment crut au fur et à mesure que Kennedy s’opposa aux politiques guerrières du président avec de plus en plus de véhémence. Qui plus est, Kennedy détestait son homologue de Paris. Dans une lettre à son épouse, il écrivit : « Je parle occasionnellement à Bullitt. Il est plus râleur que jamais. Son jugement est pathétique et je crains son influence sur FDR car ils se ressemblent à bien des égards. » 17

Les documents

Voici des extraits conséquents tirés directement des documents polonais. Nous les produisons ici par ordre chronologique. Ils sont remarquablement lucides pour des rapports diplomatiques, et leur contenu est tout à fait éloquent.


Le 9 février 1938, l’ambassadeur de Pologne à Washington, le comte Jerzy Potocki, rapporta au ministre des affaires étrangères en poste à Varsovie le rôle tenu par certains Juifs dans l’établissement de la politique étrangère étasunienne :

La pression exercée par les Juifs sur le président Roosevelt et sur le département d’État se fait de plus en plus puissante…

… Les Juifs sont actuellement les premiers à créer une psychose de guerre qui pourrait plonger le monde entier dans la guerre et provoquer une catastrophe générale. Cette humeur se fait de plus en plus apparente.

Dans leur définition des États démocratiques, les Juifs ont également créé un véritable chaos : ils ont mélangé l’idée de démocratie et de communisme, et ont par-dessus tout élevé la bannière de la haine brûlante contre le nazisme.

Cette haine est devenue frénétique. Elle est propagée partout et par tous les moyens ; dans les théâtres, au cinéma, et dans la presse. Les Allemands sont dépeints comme une nation vivant sous l’arrogance de Hitler qui veut conquérir le monde entier et noyer l’ensemble de l’humanité dans un océan de sang.

Au cours de conversations avec des représentants de la presse juive, je me suis élevé de manière répétée contre la vision inexorable et convaincue selon laquelle la guerre serait inévitable. Cette communauté juive internationale exploite tous les moyens de propagande pour s’opposer à toute tendance vers toute forme de consolidation et d’entente entre les nations. De cette manière, l’opinion publique aux États-Unis se trouve de manière régulière mais certaine imprégnée de l’idée selon laquelle les Allemands et leurs satellites, sous la forme du fascisme, sont des ennemis qui doivent être mâtés par le « monde démocratique ».

Le 21 novembre 1938, l’ambassadeur Potocki envoya un rapport à Varsovie, discutant en détail une conversation tenue entre Bullitt et lui, l’ambassadeur des États-Unis en France se trouvant à ce moment-là à Washington :

Avant-hier, j’ai eu une longue conversation avec l’ambassadeur Bullitt, qui se trouve ici en vacances. Il a commencé par remarquer que des relations amicales existaient entre lui et Lukasiewicz, l’ambassadeur [de Pologne] à Paris, dont il appréciait beaucoup la compagnie.

Comme Bullitt informe de manière régulière le président Roosevelt sur la situation internationale en Europe, et surtout au sujet de la Russie, ses rapports font l’objet d’une très forte attention de la part du président Roosevelt et du département d’État. Bullitt parle énergiquement et dit des choses intéressantes. Néanmoins, sa réaction aux événements en Europe ressemble davantage à celle d’un journaliste qu’à celle d’un homme politique…

Au sujet de l’Allemagne et du chancelier Hitler, il s’est exprimé avec une grande véhémence et une forte haine. Il a affirmé que seule la force, et en fin de compte la guerre, pourraient mettre fin à l’avenir insensé de l’expansionnisme allemand.

Lorsque je lui ai demandé comment il visualisait la guerre en approche, il a répondu que par-dessus tout, les États-Unis, la France et l’Angleterre devaient pratiquer un réarmement colossal pour se trouver en position de s’opposer à la puissance allemande.

Ce n’est qu’alors, lorsque le moment sera propice, a poursuivi Bullitt, que l’on sera prêt pour la décision finale. Je lui ai demandé de quelle manière un conflit pourrait se déclencher, puisque l’Allemagne n’attaquerait sans doute pas l’Angleterre et la France en premier. Je ne parvenais simplement pas à voir le point de connexion dans toute cette combinaison.

Bullitt a répondu que les pays démocratiques avaient absolument besoin de deux années de plus avant d’être pleinement réarmés. Dans l’intervalle, l’Allemagne aurait sans doute poursuivi son expansion en direction de l’Est. Il relèverait du désir des pays démocratiques qu’un conflit armé éclaterait là-bas, à l’Est, entre le Reich allemand et la Russie. Comme on ne connaît pas encore la force potentielle de l’Union soviétique, il se pourrait que l’Allemagne se soit trop éloignée de sa base, et soit condamnée à mener une guerre longue et affaiblissante. Ce n’est qu’alors que les pays démocratiques attaqueraient l’Allemagne, déclara Bullitt, et la contraindraient à capituler.

En réponse à ma question de savoir si les États-Unis participeraient à une telle guerre, il a répondu « Oui, indubitablement, mais uniquement après que la Grande-Bretagne et la France y seront entrées ! » Le sentiment aux États-Unis est tellement intense contre le nazisme et l’hitlérisme qu’une psychose règne déjà parmi les Étasuniens, semblable à celle qui précéda la déclaration de guerre des États-Unis contre l’Allemagne en 1917.

Bullitt ne donnait pas l’impression d’être très bien informé sur la situation en Europe de l’Est, et il s’exprimait d’une manière plutôt superficielle.

Le rapport du 9 janvier 1939, envoyé par l’ambassadeur Potocki depuis Washington, traitait en grande partie de l’allocution annuelle du président Roosevelt face au Congrès :

Le président Roosevelt agit suivant l’hypothèse que les gouvernements dictatoriaux, par-dessus tout ceux de l’Allemagne et du Japon, ne comprennent qu’une politique de force. Par conséquent, il a décidé de réagir à tout nouveau choc en y répondant. Ceci a été démontré par les mesures les plus récentes adoptées par les États-Unis.

Le grand public étasunien est sujet à une propagande plus alarmante que jamais, qui est sous influence juive et qui évoque de manière continuelle le spectre du danger de la guerre. De ce fait, les États-Unis ont fortement changé de vision sur les problèmes de politique étrangère, en comparaison avec l’année passée.

Parmi tous les documents de ce recueil, le plus révélateur est sans doute le rapport secret envoyé par l’ambassadeur Potocki le 12 janvier 1939, traitant de la situation intérieure aux États-Unis. Ce rapport est ici reproduit dans son intégralité :

Le sentiment qui prévaut désormais aux États-Unis est marqué par une haine croissante du fascisme et, par-dessus tout, du chancelier Hitler et de tout ce qui a trait au nazisme. La propagande est principalement entre les mains des Juifs qui contrôlent quasiment à 100% la radio, les films, et la presse quotidienne et périodique. Bien que cette propagande soit extrêmement grossière et présente l’Allemagne sous un jour aussi sombre que possible — par-dessus tout, les persécutions religieuses et les camps de concentrations sont exploités — cette propagande est néanmoins extrêmement efficace, car le public est ici complètement ignorant et ne sait rien de la situation en Europe.

Actuellement, la plupart des Étasuniens considèrent le chancelier Hitler et le nazisme comme le plus grand mal et le plus grand danger menaçant le monde. La situation ici fournit une excellente plateforme pour les orateurs publics de toutes sortes, pour les émigrés d’Allemagne et de Tchécoslovaquie qui ne ménagent aucun mot pour inciter le public ici par toutes les formes de diffamation. Ils font l’éloge de la liberté aux États-Unis, qu’ils opposent aux États totalitaires.

Il est intéressant de noter que dans cette campagne extrêmement bien préparée actuellement menée par-dessus tout contre le national socialisme, la Russie soviétique est presque complètement exclue. Si elle est jamais mentionnée, ce n’est que de manière amicale et les choses sont présentées comme si la Russie soviétique travaillait avec les États démocratiques. Grâce à la propagande bien pensée, la sympathie du grand public étasunien est complètement acquise à la cause de l’Espagne rouge.

Outre cette propagande, on est en train de créer artificiellement une psychose de guerre. On affirme au peuple étasunien que la paix en Europe ne tient plus qu’à un fil, et que la guerre est inévitable. Dans le même temps, on affirme sans équivoque au peuple étasunien qu’en cas de guerre mondiale, les États-Unis devront également prendre une part active pour défendre les slogans de la liberté et de la démocratie dans le monde.

Le président Roosevelt a été le premier à exprimer de la haine contre le fascisme. Ce faisant, il répond à deux desseins : tout d’abord, il tenait à détourner l’attention du peuple étasunien des problèmes politiques intérieurs, surtout le problème de la lutte entre le capital et le travail. Deuxièmement, en créant une psychose de guerre et en répandant des rumeurs au sujet d’un danger menaçant l’Europe, il voulait amener le peuple étasunien à accepter un énorme programme d’armement qui dépasse les besoins de défense des États-Unis.

Au sujet du premier point, il faut dire que la situation intérieure sur le marché du travail ne fait constamment qu’empirer. On dénombre aujourd’hui douze millions de chômeurs. Les dépenses fédérales et les dépenses des États augmentent jour après jour. Seules les sommes colossales, qui se comptent en milliards, que le trésor débourse pour des projets de travaux d’urgence, maintiennent un certain niveau de paix dans le pays. Jusqu’ici, on n’a assisté qu’aux habituelles grèves et aux habituels désordres locaux. Mais nul ne peut prédire combien de temps ce type d’aide gouvernementale pourra être maintenu. L’effervescence et l’indignation de l’opinion publique, et le grave conflit qui oppose d’une part les entreprises privées et les énormes trusts, et d’autre part les forces du travail, ont créé de nombreux ennemis face à Roosevelt et lui font passer de nombreuses nuits d’insomnie.

Pour ce qui concerne le second point, je ne peux qu’affirmer que le président Roosevelt, en acteur politique avisé et expert de la mentalité étasunienne a rapidement détourné l’attention du public de la situation intérieur pour l’arrimer à la politique étrangère. La manière d’y parvenir a été simple. Il fallait, d’un côté, conjurer une menace de guerre pesant sur le monde à cause du chancelier Hitler, et de l’autre côté, créer un spectre en émettant divers bruits au sujet d’une attaque des États totalitaires contre les États-Unis. Les accords de Munich se sont présentés au président Roosevelt comme un cadeau du ciel. Il les a décrits comme une capitulation de la France et de l’Angleterre face au militarisme allemand belliqueux. Comme les gens le disent ici : Hitler a contraint Chamberlain sous la menace des armes. Par conséquent, la France et l’Angleterre n’avaient d’autre option que de conclure une paix honteuse.

La haine, répandue contre tout ce qui est d’une manière ou d’une autre relié au nazisme allemand est encore enflammée par la politique brutale menée en Allemagne contre les Juifs et par le problème des émigrés. Divers intellectuels juifs ont pris part à cette action : par exemple, Bernard Baruch ; Lehman, gouverneur de l’État de New York ; Felix Frankfurter, juge récemment nommé à la Cour Suprême ; Morgenthau, le secrétaire au Trésor, et d’autres qui sont des amis personnels du président Roosevelt. Ils veulent que le président devienne le champion des droits de l’homme, de la liberté de religion et de la liberté d’expression, et l’homme qui à l’avenir punira les fauteurs de trouble. Ces groupes de personnes qui occupent les positions les plus élevées au sein du gouvernement étasunien et qui veulent se faire passer pour les représentants du « vrai américanisme » et les « défenseurs de la démocratie » sont, dans la dernière analyse, reliés par des liens indissolubles à la communauté juive internationale.

Pour cette internationale juive, qui est préoccupée par-dessus tout par les intérêts de sa race, dépeindre le président des États-Unis comme le champion « idéaliste » des droits de l’homme a constitué une action très avisée. De cette manière, ils ont créé un foyer dangereux pour la haine et l’hostilité dans cet hémisphère, et divisé le monde en deux camps hostiles. L’ensemble du sujet est travaillé de main de maître. Roosevelt s’est vu remettre les bases de l’activation de la politique étrangère étasunienne, et dans le même temps, s’est procuré d’énormes stocks militaires pour la guerre qui approche, à laquelle les Juifs aspirent de manière très consciente. Au sujet de la politique intérieure, il est très pratique de détourner l’attention du public de l’antisémitisme, qui connaît une croissance constante aux États-Unis, en parlant de la nécessité de défendre les religions et la liberté individuelle contre l’agression.

Le 16 janvier 1939, Potocki, ambassadeur de Pologne, rapporta au ministère des affaires de Varsovie une autre longue conversation qu’il eut avec l’envoyé personnel de Roosevelt, William Bullitt :

Avant-hier, j’ai eu une plus longue discussion avec l’ambassadeur Bullitt à l’Ambassade, où il est venu me rendre visite. Bullitt repart le 21 du mois courant pour Paris, d’où il a été absent depuis presque trois mois. Il va faire le voyage avec tout un « coffre » empli d’instructions, de conversations et de directives de la part du président Roosevelt, du département d’État, et de Sénateurs appartenant au comité des affaires étrangères.

En parlant avec Bullitt, j’ai eu l’impression qu’il avait reçu de la part du président Roosevelt une définition très précise de l’attitude adoptée par les États-Unis envers la crise européenne actuelle. Il va présenter ces éléments au Quai d’Orsay [Le ministère français des affaires étrangères] et en fera usage au cours de discussions avec les hommes politiques européens. Le contenu de ces directives, comme Bullitt me les a expliqués au cours d’une conversation qui a duré une demi-heure, étaient :

  1. La vitalisation de la politique étrangère sous la direction du président Roosevelt, qui condamne sévèrement et sans ambiguïté les pays totalitaires.
  2. Les préparations des États-Unis pour la guerre sur mer, sur terre et dans les airs seront menées à une cadence accélérée et vont consommer la somme colossale de 1 2500 milliards de dollars
  3. L’opinion décidée du président est que la France et la Grande-Bretagne doivent mettre fin à toute sorte de compromis avec les pays totalitaires. Elles ne doivent pas entrer dans des discussions visant à une forme ou une autre de changement territorial.
  4. Elles disposeront de l’assurance morale que les États-Unis vont abandonner la politique d’isolement et seront prêts à intervenir activement aux côtés de la Grande-Bretagne et de la France en cas de guerre. Les États-Unis sont prêts à mettre à leur disposition toute leur richesse sous forme d’argent ou de matières premières.

Juliusz (Jules) Lukasiewicz, ambassadeur de Pologne à Paris, envoya un rapport top secret au ministère des affaires étrangères de Varsovie au début du mois de février 1939, exposant la politique des États-Unis vis-à-vis de l’Europe, conformément à ce qui lui avait expliqué William Bullitt :

Il y a une semaine, l’ambassadeur des États-Unis, William Bullitt, est rentré à Paris après un séjour de trois mois aux États-Unis. Depuis lors, j’ai eu avec lui deux conversations, qui me permettent de vous informer de sa vision au sujet de la situation en Europe, et d’établir une évaluation de la politique suivie par Washington.

La situation internationale est considérée par les cercles officiels comme extrêmement grave, et en danger constant de conflit armé. Ceux qui tiennent le pouvoir ont pour opinion que si la guerre devait éclater entre d’une part la Grande-Bretagne et la France, et d’autre part l’Allemagne et l’Italie, et si la Grande-Bretagne et la France devaient la perdre, les Allemands mettraient en danger les véritables intérêts des États-Unis sur le continent américain. Pour cette raison, on peut distinguer dès le départ la participation des États-Unis dans la guerre aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, évidemment quelque temps après l’éclatement de la guerre. Comme l’exprimait l’ambassadeur Bullitt : « Si la guerre doit éclater, nous n’y prendrons pas part au début, mais nous la finirons. »

Le 7 mars 1939, l’ambassadeur Potocki envoya à son gouvernement de Varsovie un rapport remarquablement lucide et perspicace sur la politique étrangère menée par Roosevelt. Ce document fut tout d’abord rendu public lorsque des journaux allemands de premier plan en publièrent la traduction en allemand, avec une reproduction à l’identique de la première page de l’original en langue polonaise, dans leurs éditions du 28 octobre 1940. Le principal journal du parti national socialiste, le Voelkischer Beobachter, publia le rapport de l’ambassadeur avec cette observation :

Le document ne nécessite en soi aucun commentaire. Nous ne savons pas, et nous ne sommes pas concernés par le sujet de savoir si la situation intérieure des États-Unis telle que la rapporte le diplomate polonais est correcte en chaque détail. Il appartient au seul peuple étasunien d’en décider. Mais dans l’intérêt de la vérité historique, il est important pour nous de montrer que les activités belliqueuses de la diplomatie étasunienne, particulièrement en Europe, sont une fois de plus révélées et prouvées par ce document. Le secret qui reste est de savoir qui, et pour quelles raisons, a conduit la diplomatie étasunienne sur cette voie. En tous cas, les résultats en ont été désastreux aussi bien pour l’Europe que pour les États-Unis. L’Europe a été plongée dans la guerre, et les États-Unis se sont attirés l’hostilité de grandes nations qui, normalement, n’entretiennent aucun différend avec le peuple étasunien et, certes, n’ont pas été en conflit mais ont au contraire vécu des générations durant comme amis, et veulent le rester.

Ce rapport ne faisait pas partie des documents polonais parus au mois de mars 1940 et publiés dans le cadre du « German White Book N° 3 » (ou Livre Blanc allemand). Cependant, il a été publié en 1943 dans le cadre d’un recueil paru sous le titre « Roosevelt’s Way Into War. » Pour autant que je puisse en juger, la présente traduction en anglais est la première à jamais être apparue. Le rapport secret de l’ambassadeur Potocki en date du 7 mars 1939 est ici produit dans son intégralité :

La politique étrangère des États-Unis affecte actuellement non seulement le gouvernement, mais aussi l’ensemble du public étasunien. Les éléments les plus importants sont les déclarations publiques du président Roosevelt. Dans presque chacun de ses discours publics, il fait référence plus ou moins explicitement à la nécessité d’activer la politique étrangère face au chaos des visions et idéologies en Europe. Ces déclarations sont reprises dans la presse, puis intelligemment filtrées dans l’esprit de l’Étasunien moyen, de sorte à renforcer ses opinions déjà constituées. Le même thème est répété avec constance, à savoir, le danger de la guerre en Europe et la sauvegarde des démocraties des inondations par le fascisme ennemi. Dans toutes ces déclarations publiques, on ne trouve habituellement qu’un seul thème, et il s’agit du danger qui provient du nazisme et de l’Allemagne nazie pour la paix du monde.

Suite à ces discours, le public est exhorté à soutenir le réarmement et la dépense de sommes d’argents énormes pour la Navy et l’Air force. L’idée que l’on trouve indubitablement derrière ce processus est qu’en cas de conflit armé, les États-Unis ne pourraient pas rester en dehors, mais devraient prendre une part active aux manœuvres. Par conséquence des discours bien pensés prononcés par le président Roosevelt, soutenus par la presse, le publique étasunien se trouve aujourd’hui soigneusement manipulé à détester tout ce qui présente l’apparence du totalitarisme ou du fascisme. Mais il est intéressant que l’URSS ne soit pas intégrée à ce projet. Le public étasunien considère la Russie comme appartenant au camp des États démocratiques. Ce fut également le cas durant la guerre civile en Espagne, où lesdits Loyalistes étaient considérés comme des défenseurs de l’idée démocratique.

Le département d’État opère sans attirer beaucoup d’attention, bien que l’on sache que le secrétaire d’État [Cordell] Hull et le président Roosevelt portent leur allégeance aux mêmes idées. Pourtant, Hull fait montre de plus de réserve que Roosevelt, et il adore pratiquer une distinction entre d’une part le nazisme et le chancelier Hitler, et d’autre part le peuple allemand. Il considère cette forme de gouvernement dictatorial comme un « mal nécessaire » temporaire. En contraste, le département d’État est incroyablement intéressé par l’URSS et sa situation intérieure, et se préoccupe ouvertement de ses faiblesses et de son déclin. La principale raison sous-jacente à l’intérêt étasunien envers les Russes est la situation en Extrême-Orient. Le gouvernement actuel serait heureux de voir l’Armée rouge émerger comme victorieuse d’un conflit contre le Japon. C’est pour cette raison que les sympathies du gouvernement se portent clairement vers la Chine, qui a récemment reçu une aide financière considérable, établie à 25 millions de dollars.

On accorde également une attention étroite à toutes les informations en provenance des postes diplomatiques ainsi qu’aux émissaires spéciaux du président qui occupent des postes d’ambassadeurs des États-Unis. Le président rappelle fréquemment à Washington ses représentants dépêchés à l’étranger pour des échanges de vues personnels et pour leur donner des informations et instructions spéciales. L’arrivée des envoyés et des ambassadeurs est toujours nimbée de secret, et la presse ne dispose que de fort peu d’éléments au sujet des résultats de leurs visites. Le département d’État prend également soin d’éviter de diffuser toute information sur la tournure que prennent ces interviews. La manière pratique suivie par le président pour établir la politique étrangère est des plus efficaces. Il donne des instructions personnelles à ses représentants à l’étranger, dont la plupart font partie de ses amis personnels. De cette manière, les États-Unis sont amenés sur une voie dangereuse dans la politique mondiale avec pour intention explicite d’abandonner la politique confortable de l’isolement. Le président considère la politique étrangère de son pays comme un moyen de satisfaire ses propres ambitions personnelles. Il écoute attentivement et avec bonne humeur son écho dans les autres capitales du monde. En matière de politique intérieure comme de politique étrangère, le Congrès des États-Unis est le seul objet qui se dresse sur la voie du président et de son gouvernement pour réaliser ses décisions rapidement et avec ambition. Il y a cent cinquante ans, la Constitution des États-Unis accorda les prérogatives les plus élevées au parlement des États-Unis, qui peut critiquer ou rejeter la loi de la Maison-Blanche.

La politique étrangère du président Roosevelt a récemment été le sujet d’une intense discussion à la chambre basse ainsi qu’au Sénat, et cela a provoqué de l’exaltation. Les soi-disant Isolationnistes, qui sont nombreux dans les deux chambres, se sont prononcés avec force contre le président. Les représentants et les sénateurs ont été particulièrement énervés par les remarques du président, publiées dans la presse, affirmant que les frontières des États-Unis se trouvent au niveau du Rhin. Mais le président Roosevelt est un joueur politique de premier ordre, et comprend tout à fait le pouvoir du parlement étasunien. Il dispose de ses hommes au sein de cette institution, et sait comment se retirer au bon moment d’une situation inconfortable.

De manière très intelligente et très bien exécutée, il relie la question de la politique étrangère à celle du réarmement des États-Unis. Il souligne tout particulièrement la nécessité de dépenser des sommes énormes pour maintenir une paix défensive. Il affirme spécifiquement que les États-Unis ne se réarment pas dans le but d’intervenir ou de venir à l’aide de l’Angleterre ou de la France en cas de guerre, mais en raison de la nécessité de renforcer les préparations militaires en cas de conflit armé en Europe. À l’en croire, ce conflit se fait de plus en plus grave et est absolument inévitable.

Comme le sujet est présenté sous cet angle, les chambres du Congrès ne trouvent aucune raison d’objecter à ce projet. Au contraire, elles ont accepté un programme d’armement de plus d’un milliard de dollars. (Le budget normal est de 550 millions, le budget d’urgence de 552 millions.) Pourtant, sous couvert d’une politique de réarmement, le président Roosevelt continue de pousser sa politique étrangère, qui montre au monde de manière non-officielle qu’en cas de guerre, les États-Unis se rangeront aux côtés des États démocratiques avec toute leur puissance militaire et financière.

En conclusion, on peut affirmer que la préparation technique et morale du peuple étasunien pour la participation à une guerre — si une guerre devait éclater en Europe — est réalisée rapidement. Il apparaît que les États-Unis viendront en aide à la France et à la Grande-Bretagne avec toutes leurs ressources dès le début du conflit. Cependant, je connais le public étasunien, ainsi que les représentants et sénateurs, qui ont le dernier mot, et mon opinion est que la possibilité que les États-Unis puissent entrer en guerre comme en 1917 n’est pas très élevée. Car la majorité des États du mid-West et de l’Ouest, où prédomine la composante rurale, veulent à tout prix éviter tout implication dans les conflits européens. Ils se souviennent de la déclaration du traité de Versailles, et de la phrase célèbre, affirmant que la guerre était destinée à préserver le monde pour la démocratie. Ni le traité de Versailles, ni ce slogan, n’ont réconcilié les États-Unis avec cette guerre. Des millions de personnes en conservent un arrière-goût amer en raison des milliards de dollars d’impayés que les États européens doivent toujours aux États-Unis.

Juliusz Lukasiewicz, l’ambassadeur de Pologne en France, rapporta à Varsovie le 29 mars 1939 de nouvelles conversations avec Bullitt, envoyé par les États-Unis à Paris. Lukasiewicz discuta des efforts menés par Roosevelt en vue d’amener la Pologne ainsi que la Grande-Bretagne à adopter une politique sans le moindre compromis vis-à-vis de l’Allemagne, même face à un fort sentiment favorable à la paix. Le rapport se conclut sur ces mots :

… Je considère qu’il relève de mon devoir de vous informer de ce qui précède, car j’estime qu’une collaboration avec l’ambassadeur Bullitt en des temps aussi difficiles et compliqués peut s’avérer utile pour nous. En tous cas, il est absolument certain qu’il est totalement en accord avec notre point de vue, et est prêt à la collaboration amicale la plus étendue possible.

Pour renforcer les efforts de l’ambassadeur des États-Unis à Londres [Joseph Kennedy], j’ai porté à l’attention de l’ambassadeur Bullitt le fait qu’il n’est pas impossible que les Britanniques traitent les efforts menés par les États-Unis avec un mépris bien dissimulé. Il a répondu que j’avais sans doute raison, mais que néanmoins les États-Unis avaient à leur disposition les moyens d’assurer une véritable pression sur l’Angleterre. Il allait porter une considération sérieuse à la mobilisation de ces moyens.

L’ambassadeur de Pologne à Londres, le comte Edward Raczynski, envoya à Varsovie le 29 mars 1939 un rapport sur la crise européenne qui se poursuivait, ainsi qu’au sujet d’une conversation qu’il avait eue avec l’ambassadeur Joseph Kennedy, son homologue étasunien. Les remarques prodiguées par Kennedy à Raczynski confirmaient la réputation de « grande gueule » qu’avait Bullitt dans les cercles diplomatiques :

J’ai questionné M. Kennedy de but en blanc au sujet de la conférence qu’il est supposé avoir tenue récemment avec [le premier ministre britannique] M. Chamberlain au sujet de la Pologne. Kennedy a été surpris, et a déclaré catégoriquement qu’une conversation d’une importance aussi spéciale ait jamais eu lieu. Dans le même temps, et dans une certaine mesure en contradiction avec sa propre affirmation, Kennedy exprima du déplaisir et de la surprise que ses collègues à Paris et à Varsovie [William Bullitt et Anthony Biddle], « qui ne sont pas, comme lui, en position de se faire une image nette de la situation de l’Angleterre », puissent parler aussi ouvertement de cette conversation.

M. Kennedy — qui m’a fait comprendre que sa vision était fondée sur une suite de conversations avec les autorités les plus importantes ici — a déclaré être convaincu que si la Pologne optait pour la résistance armée contre l’Allemagne, surtout au sujet de Dantzig, son éveil serait imité par l’Angleterre.

Les extraits des rapports polonais s’arrêtent ici.

Le sentier de la guerre

Même si les documents polonais constituent à eux seuls une preuve de la campagne traîtresse menée par Roosevelt pour fomenter la guerre mondiale, il est heureux pour la postérité qu’un ensemble substantiel de preuves supplémentaires et irréfutables existe, qui viennent confirmer la conspiration écrite dans les dépêches envoyées à Varsovie.

La politique secrète a été confirmée après la guerre avec la parution par Sir Ronald Lindsay, l’ambassadeur britannique à Washington, d’un rapport diplomatique confidentiel. Au cours de ses trois années de service à Washington, le diplomate expérimenté n’avait guère cultivé de considération pour les dirigeants des États-Unis. Il considérait Roosevelt comme faisant preuve d’une légèreté sympathique et influençable, et il avertit le Foreign Office britannique que celui-ci ne devrait rien dire à William Bullitt outre ce qu’il voulait voir par la suite imprimé dans un journal étasunien.18

Le 19 septembre 1938 — c’est-à-dire une année après que la guerre commença en Europe — Roosevelt convoqua Lindsay à une rencontre très secrète à la Maison-Blanche. Au début de leur longue conversation, selon la dépêche confidentielle envoyée à Londres par Lindsay, Roosevelt « souligna la nécessité d’un secret absolu. Nul ne devait savoir que je l’avais rencontré et lui-même ne ferait mention à personne de notre rencontre. Je compris qu’il n’en parlerait même pas au département d’État. » Les deux hommes discutèrent d’affaires secondaires avant que Roosevelt n’abordât le sujet principal de la conférence. « Voici la partie très secrète de sa communication, et nul ne doit savoir qu’il a pu murmurer une suggestion. » Le président affirma à l’ambassadeur que si l’existence de cette conférence était jamais dévoilée publiquement, il pourrait se faire destituer. Et pour cause. Ce que Roosevelt avait à proposer constituait un projet cyniquement hardi mais audacieux, visant à violer la constitution des États-Unis et à tromper le peuple étasunien.

Le président affirma que si la Grande-Bretagne et la France « se trouvaient contraintes à la guerre » contre l’Allemagne, les États-Unis finiraient par se rallier à elles. Mais cela allait exiger des manœuvres bien pensées. La Grande-Bretagne et la France devaient imposer un blocus total contre l’Allemagne sans lui déclarer formellement la guerre, et contraindre d’autres États (y compris des États neutres) à s’y conformer. Cela allait certainement provoquer une réponse militaire allemande, mais cela libérerait également la Grande-Bretagne et la France d’avoir à déclarer la guerre en premier. À des fins de propagande, le « blocus doit être fondé sur des considérations humanitaires aussi élevées que possible, et sur le désir de déclencher des hostilités en provoquant le moins possible de souffrances et en minimisant autant que possible les pertes en vies et en propriétés, mais tout en mettant l’ennemi à genoux. » Roosevelt admit que cela impliquerait des bombardements aériens, mais « bombarder depuis les airs n’était pas la méthode d’hostilités qui provoquait vraiment de nombreuses pertes de vies. »

Le point important était d’ « invoquer des mesures défensives, ou autre chose de plausible, mais d’éviter une véritable déclaration de guerre. » Roosevelt estimait qu’ainsi, il pourrait convaincre le peuple étasunien de soutenir la guerre contre l’Allemagne, et ce également au travers d’envois d’armes à la Grande-Bretagne et à la France, en insistant sur l’idée que les États-Unis restaient techniquement neutres dans un conflit non-déclaré. « Cette méthode pour mener la guerre par blocus serait, à son avis [celui de Roosevelt] approuvée par l’opinion publique aux États-Unis si son objectif humanitaire était fortement souligné, » rapporta Lindsay.19

William Phillips, l’ambassadeur des États-Unis en Italie, a reconnu dans ses mémoires d’après-guerre que l’administration Roosevelt était déjà engagée à entrer en guerre du côté de la Grande-Bretagne et de la France à la fin 1938. « À cette occasion, et à de nombreuses autres, » a écrit Phillips, « j’aurais aimé lui dire [au comte Ciano, ministre italien des affaires étrangères] franchement qu’en cas de guerre en Europe, les États-Unis allaient indubitablement s’impliquer aux côtés des Alliés. Mais étant donnée ma position officielle, je n’étais pas en mesure de le faire sans instructions de la part de Washington, que je n’ai jamais reçues. »20

Carl J. Burckhardt, le haut-commissaire de la Société des Nations auprès de la ville de Dantzig, a rapporté dans ses mémoires d’après-guerre une conversation remarquable qu’il a eue à la fin de l’année 1938 avec Anthony Drexel Biddle, l’ambassadeur des États-Unis en Pologne. Biddle était un riche banquier, lié étroitement à l’empire financier de Morgan. Internationaliste invétéré, c’était un collègue idéologique pour le président Roosevelt, et un bon ami de William Bulllitt. Burckhardt, professeur suisse, occupa le poste de haut-commissaire entre 1937 et 1939.

Neuf mois avant l’éclatement du conflit armé, le 2 décembre 1938, Biddle déclara à Burckhardt

avec une satisfaction remarquable que les Polonais étaient prêts à démarrer la guerre pour Dantzig. Ils allaient contrer la force motorisée de l’armée allemande par une manœuvrabilité agile. « Au mois d’avril », a-t-il [Biddle] déclaré, « une nouvelle crise allait éclater. Depuis le torpillage du Lusitania [en 1915], jamais une haine religieuse contre l’Allemagne n’a tant régné aux États-Unis comme aujourd’hui ! Chamberlain et Daladier [Les dirigeants modérés britannique et français] allaient se faire souffler par les opinions publiques. C’était une guerre sainte ! »21

La promesse funeste consentie le 31 mars 1939 par la Grande-Bretagne à la Pologne d’entrer en guerre contre l’Allemagne en cas de conflit polono-allemand n’aurait pas pu être prononcée sans les fortes pressions émanant de la Maison-Blanche.

Le 14 mars 1939, la Slovaquie s’auto-déclara comme république indépendance, ce qui constituait une dissolution de l’État connu sous le nom de Tchécoslovaquie. Le même jour, Emil Hach, le président tchécoslovaque, signa un accord formel avec Hitler, établissant un protectorat allemand sur la Bohème et la Moravie, la portion tchèque de la fédération. Le gouvernement britannique commença par accepter la nouvelle situation, mais c’était sans compter sur l’intervention de Roosevelt.

Dans leur éditorial national du 14 avril 1939, Drew Pearson et Robert S. Allen, les journalistes de Washington toujours très bien informés rapportèrent que le 16 mars 1939, Roosevelt avait « envoyé un ultimatum virtuel à Chamberlain » exigeant que désormais, le gouvernement britannique s’opposât fortement à l’Allemagne. Selon Pearson et Allen, qui soutenaient tout à fait la décision de Roosevelt, « le président a émis un avertissement : la Grande-Bretagne ne pouvait plus s’attendre à aucun soutien, moral ou matériel par la vente d’aéronefs, si la politique de Munich se poursuivait. »22 Chamberlain céda et le lendemain, 17 mars, mit fin à la politique de coopération britannique avec l’Allemagne au cours d’un discours prononcé à Birmingham, dénonçant sévèrement Hitler. Deux semaines plus tard, le gouvernement britannique s’engageait formellement à entrer en guerre en cas d’hostilités germano-polonaises.

La réponse de Bullitt à la création du protectorat allemand sur la Bohème et la Moravie fut de téléphoner à Roosevelt, et, avec une voix « quasiment hystérique », de l’exhorter à dénoncer dramatiquement l’Allemagne et à demander sur le champ au Congrès de mettre fin à la loi de neutralité.23

Dans un télégramme confidentiel envoyé à Washington et daté du 9 avril 1939, Bullitt rapporta depuis Paris une nouvelle conversation avec l’ambassadeur Lukasiewicz. Il avait affirmé à l’envoyé polonais que bien que la loi étasunienne interdît une aide financière directe à la Pologne, il serait peut-être envisageable de contourner les clauses de cette loi. L’administration Roosevelt serait peut-être en mesure d’envoyer indirectement des avions de combat à la Pologne, en passant par la Grande-Bretagne. « L’ambassadeur de Pologne m’a demandé s’il ne serait pas possible que la Pologne obtînt une aide financière et des avions de la part des États-Unis. J’ai répondu que je pensais que la Loi Johnson interdisait tout prêt consenti par les États-Unis à la Pologne, mais j’ai ajouté qu’il serait peut-être envisageable que l’Angleterre achetât des avions auprès des États-Unis, pour les remettre à la Pologne. »24

Le 25 avril 1939, quatre mois avant le début de la guerre, Bullitt fit venir à l’ambassade des États-Unis à Paris Karl von Wiegand, éditorialiste étasunien, et correspondant en chef pour l’Europe de l’International News Service pour lui dire : « La guerre en Europe a été décidée. La Pologne dispose de l’assurance du soutien de la Grande-Bretagne et de la France, et ne va céder à aucune demande de l’Allemagne. Les États-Unis seront en guerre aussitôt que la Grande-Bretagne et la France y seront entrées. »25

Au cours d’une longue conversation secrète menée à Hyde Park le 28 mai 1939, Roosevelt assura au Dr. Edvard Benes, l’ancien président de la Tchécoslovaquie, que les États-Unis allaient activement intervenir aux côtés de la Grande-Bretagne et de la France dans la guerre européenne anticipée.26

Au mois de juin 1939, Roosevelt proposa secrètement aux Britanniques que les États-Unis établissent « une patrouille sur les eaux de l’Atlantique Ouest, en vue d’en empêcher l’accès à la marine allemande en cas de guerre. » Le rapport du Foreign Office britannique faisant mention de cette proposition nota que « bien que la proposition fût vague et cotonneuse, et prêta le flan à certaines objections, nous avons consenti informellement, car la patrouille allait servir nos intérêts. »27

De nombreuses années après la guerre, Georges Bonnet, qui était ministre des affaires étrangères en France en 1939, a confirmé le rôle d’adjoint de Roosevelt tenu par Bullitt pour pousser la France à la guerre. Dans une lettre à Hamilton Fish, datée du 26 mars 1971, Bonnet a écrit : « C’est une chose certaine que Bullitt, en 1939, a fait tout son possible pour faire entrer la France en guerre. »28 On trouve une autre confirmation du rôle crucial tenu par Roosevelt et par les Juifs pour pousser la Grande-Bretagne en guerre dans le journal personnel de James V. Forrestal, premier secrétaire des États-Unis à la défense. Pour la journée du 27 décembre 1945, il écrivit :

Ai joué au golf ce jour avec Joe Kennedy [l’ancien ambassadeur]. Je lui ai posé des questions au sujet de ses conversations avec Roosevelt et Neville Chamberlain [le premier ministre britannique] depuis 1938. Il a affirmé que la position de Chamberlain en 1938 était que l’Angleterre n’avait aucune raison de se battre, et qu’elle ne pouvait pas prendre le risque d’entrer en guerre contre Hitler. L’opinion de Kennedy : Que Hitler se serait battu contre la Russie sans conflit ultérieur contre l’Angleterre sans l’exhortation de [William] Bullitt à Hitler, à l’été 1939, qu’il fallait se confronter aux Allemands au sujet de la Pologne ; et que ni les Français ni les Britanniques n’auraient considéré la Pologne comme motif d’entrer en guerre sans l’aiguillonnage permanent pratiqué depuis Washington. Bullitt, a-t-il dit, n’arrêtait pas de dire à Roosevelt que les Allemands ne se battraient pas ; Kennedy affirmait qu’ils se battraient, et qu’ils allaient déborder l’Europe. Chamberlain, selon lui, affirmait que les États-Unis et les Juifs mondialistes avaient contraint l’Angleterre à entrer en guerre. Au cours de ses conversations téléphoniques avec Roosevelt à l’été 1939, le président n’eut de cesse de lui répéter de ferrer le train de Chamberlain.29

Lorsque l’ambassadeur Potocki revint à Varsovie en congés, durant son service à Washington, il parla avec le comte Jan Szembek, le sous-secrétaire au ministre polonais des affaires étrangères, au sujet du danger de guerre qui montait. Dans son journal personnel, en date du 6 juillet 1939, Szembek rapporta la stupeur manifestée par Potocki face au calme qui régnait en Pologne. En comparaison avec la psychose de guerre qu’il avait perçue à l’Ouest, la Pologne ressemblait à une maison de repos.

« En Occident, » affirma l’ambassadeur à Szembek, « on trouve toutes sortes d’éléments poussant ouvertement à la guerre : les Juifs, les super capitalistes, les vendeurs d’armes. Aujourd’hui, ils sont tous prêts à une grande affaire, car ils ont trouvé un endroit qui peut être embrasé : Dantzig ; et une nation qui est prête à se battre : la Pologne. Ils veulent faire des affaires sur notre dos. La destruction de notre pays les indiffère. De fait, comme il va ensuite falloir tout reconstruire, ils pourront en profiter également. »30

Le 24 août 1939, une semaine à peine avant l’éclatement des hostilités, Sir Horace Wilson, le conseiller le plus proche de Chamberlain, alla voir l’ambassadeur Kennedy avec un appel urgent de la part du premier ministre britannique à destination du président Roosevelt. Regrettant que la Grande-Bretagne se fût sans équivoque engagée au mois de mars auprès de la Pologne en cas de guerre, Chamberlain se tournait désormais dans un état désespéré vers Roosevelt, dans un dernier espoir de paix. Il voulait que le président étasunien « mît la pression sur les Polonais » pour changer leur trajectoire à cette heure tardive, et pour qu’ils rouvrissent des négociations avec l’Allemagne. Au téléphone, Kennedy affirma au département d’État que les Britanniques « estimaient qu’ils ne pouvaient pas, au vu de leurs obligations, agir ainsi, mais que nous, nous le pouvions. » Alors qu’on lui présentait cette opportunité extraordinaire de préserver la paix en Europe, Roosevelt rejeta le plaidoyer désespéré de Chamberlain. Après cela, rapporte Kennedy, le premier ministre perdit tout espoir. « La futilité de tout cela, » avait affirmé Chamberlain à Kennedy, « en constitue le caractère effroyable. Après tout, nous ne pouvons pas sauver les Polonais. Nous ne pouvons guère que mener une guerre de revanche qui va signifier la destruction de toute l’Europe. »31, 1965), p. 262; U.S., département d’État, Foreign Relations of the United States, 1939, General, Vol. I (Washington: 1956), p. 355.]

Roosevelt aimait se présenter au peuple étasunien ainsi qu’au monde comme un homme de paix. Aujourd’hui, son image est largement restée celle-là. Mais Roosevelt rejeta avec cynisme d’authentiques opportunités d’agir pour la paix lorsque celles-ci se présentèrent.

En 1938, il refusa même de répondre à des demandes formulées les 8 et 12 septembre par Bonnet, le ministre français des affaires étrangères, d’arbitrer le différent tchéco-allemand.32 Et un an plus tard, après l’éclatement de la guerre, ce fut un ambassadeur Kennedy mélancolique qui supplia Roosevelt d’agit résolument pour la paix. « Il me semble que cette situation peut se cristalliser à un point où le président peut devenir le sauveur du monde, » câbla Kennedy le 11 septembre depuis Londres. « Le gouvernement britannique ne peut en soi certainement pas accepter le moindre accord avec Hitler, mais un point peut se présenter où le président en personne peut œuvrer à des plans pour la paix du monde. Cette opportunité peut ne jamais se présenter, mais selon l’expérience pratique que j’ai accumulée tout ma vie, je pense qu’il est tout à fait concevable que le président puisse se positionner comme l’homme qui peut sauver le monde… »

Mais Roosevelt balaya cette chance de sauver la paix en Europe. À l’un de ses proches amis politiques, il désigna le plaidoyer de Kennedy comme « le message le plus bête que j’aie jamais reçu. » Il se plaignit auprès de Henry Morgenthau que son ambassadeur à Londres ne faisait que le gêner : « Joe est et restera toujours partisan de l’apaisement… Si l’Allemagne et l’Italie formulaient demain une bonne offre de paix, Joe se mettrait à œuvrer auprès du Roi et de son amie la Reine, et de là, auprès de chacun, pour qu’elle soit acceptée. »33

Furieux en raison des tentatives entêtées menées par Kennedy pour rétablir la paix en Europe ou au moins limiter le conflit qui avait éclaté, Roosevelt envoya à l’ambassadeur un télégramme « personnel » et « strictement confidentiel » le 11 septembre 1939, selon lequel toute tentative de paix étasunienne était totalement hors de question. Le gouvernement Roosevelt, déclarait-il, « ne voit aucune opportunité ni aucune occasion propice à la paix à mener par le président des États-Unis. Le peuple [sic] des États-Unis ne soutiendrait aucune action favorable à la paix initiée par ce gouvernement qui consoliderait ou rendrait possible une survie d’un régime de force et d’agression. »34

Hamilton Fish avertit la Nation

Au cours des mois précédent l’éclatement du conflit armé en Europe, la voix la plus vigoureuse et la plus prophétique opposée à la campagne menée par le président Roosevelt pour inciter à la guerre fut peut-être celle de Hamilton Fish, membre républicain du Congrès de New York. Dans une suite de discours radiophoniques percutants, Fish rallia une opinion publique considérable contre la politique de guerre trompeuse menée par Roosevelt. Ne suivent que quelques extraits de ces allocutions.35

Le 6 janvier 1939, Fish déclara sur une radio d’envergure nationale :

Le message enflammé et provocateur du président au Congrès et au monde [prononcé deux jours plus tôt] a alarmé sans justification le peuple étasunien et a créé, de concert avec un barrage de propagande en provenance des hauts-dirigeants du New Deal, une hystérie de guerre, dangereuse pour la paix des États-Unis et du monde. La seule conclusion logique à des discours de ce type est une nouvelle guerre impliquant des soldats étasuniens sur des terres étrangères.

De toutes les nations totalitaires auxquelles le président Roosevelt fait référence… aucune n’a la moindre pensée en vue de nous faire la guerre ou en vue d’envahir l’Amérique latine.

Je ne choisis pas mes mots à la légère sur un tel sujet, qui affecte la vie, la liberté et le bonheur de notre peuple. L’heure est venue d’appeler les belliqueux du New Deal à mettre fin à leurs actions, soutenus par les profiteurs de guerre, les communistes, et les internationalistes hystériques, qui veulent que nous mettions le monde en quarantaine en utilisant le sang et l’argent des États-Unis.

Il [Roosevelt] désire d’évidence faire monter une frénésie de haine et une psychose de guerre comme diversion, pour détourner l’esprit de notre peuple de ses problèmes intérieurs laissés sans solution. Il invoque des lutins malicieux et crée dans l’esprit public une crainte d’invasions étrangères, qui n’existent que dans sa propre imagination.

Le 5 mars, Fish s’adressa au pays sur le réseau radiophonique Columbia :

Les peuples de France et de Grande-Bretagne désirent la paix, mais nos bellicistes n’ont de cesse que des les inciter à faire fi des accords de Munich et d’en recourir à l’arbitrage par les armes. Si nous cessions seulement de nous ingérer sur les territoires étrangers, les vieilles nations d’Europe résoudraient leurs propres querelles par l’arbitrage et par les processus de paix, mais apparemment nous ne les laissons pas le faire.

Fish s’adressa aux auditeurs du réseau National Broadcasting Company le 5 avril, avec ces mots :

On est de nouveau en train de préparer les jeunes des États-Unis à un bain de sang en Europe pour rendre le monde sûr pour la démocratie.

Si Hitler et le gouvernement nazi récupèrent Memel ou Dantzig, soutirés à l’Allemagne par le traité de Versailles, et où la population est allemande à 90%, pourquoi est-il nécessaire d’émettre des menaces et des dénonciations et d’inciter notre peuple à la guerre ? Je ne sacrifierais pas la vie d’un seul soldat étasunien pour cinq ou six villes comme Memel ou Dantzig. Nous avons répudié le Traité de Versailles parce qu’il était fondé sur l’avarice et la haine, et tant que ses inégalités et ses injustices existent, des guerres de libération seront vouées à exister.

Plus tôt certaines clauses du Traité de Versailles seront mises au rebut, mieux se portera la paix du monde.

Je pense que si les régions qui sont distinctement allemandes en population sont rendues à l’Allemagne, à l’exception de l’Alsace-Lorraine et du Tyrol, il n’y aura pas de guerre en Europe occidentale. Une guerre peut se produire entre les nazis et les communistes, mais si cela se produit, ce ne sera ni notre guerre, ni celle de la Grande-Bretagne ou de la France, ou d’une autre démocratie.

Les représentants du New Deal ont attisé l’hystérie de guerre en une véritable frénésie. La machine de propagande du New Deal fonctionne en sur-régime pour préparer l’esprit de notre peuple à la guerre, qui est déjà atteint d’une grave pathologie de sautillements de guerre.

Le président Roosevelt est le belliciste en chef aux États-Unis, et il est largement responsable de la peur qui se répand dans la Nation, qui a provoqué un cas grave de sautillements dans les marchés boursiers et au sein du peuple étasunien.

J’accuse l’administration d’instiguer une propagande de guerre et de l’hystérie pour dissimuler l’échec et l’effondrement des politiques du New Deal, avec 12 millions de chômeurs et une confiance détruite dans les milieux d’affaires.

Je pense que nous avons davantage à craindre de la part de nos ennemis de l’intérieur que de ceux de l’étranger. Tous les communistes sont unis pour nous exhorter à entrer en guerre contre l’Allemagne et le Japon au bénéfice de la Russie soviétique.

La Grande-Bretagne continue d’attendre de chaque Étasunien qu’il lui rende service en préservant l’Empire britannique et ses colonies. Les profiteurs de guerres, les fabricants de munitions et les banquiers internationaux sont tous prêts pour notre participation à une nouvelle guerre mondiale.

Le 21 avril, Fish parla de nouveau au pays sur une radio nationale :

Il est du devoir de tous les Étasuniens qui désirent rester hors des enchevêtrements étrangers, du désordre pourri et de la folie de la guerre d’Europe et d’Asie à exposer ouvertement l’hystérie et la propagande qui nous entraînent vers un conflit armé.

Ce dont nous avons besoin aux États-Unis est qu’un arrêt soit mis à la croisade de guerre, avant que nous soyons contraints à une guerre à l’étranger par les internationalistes et les interventionnistes de Washington, qui semblent s’intéresser davantage à résoudre les problèmes du monde qu’à résoudre les nôtres.

Dans son émission à la radio du 26 mai, Fish affirma :

Il [Roosevelt] devrait se souvenir que le Congrès est seul à disposer du pouvoir de déclarer la guerre et de formuler les politiques étrangères des États-Unis. Le président n’a pas ce pouvoir constitutionnel. Il n’est guère que l’organe officiel qui doit mener les politiques déterminées par le Congrès.

Sans même savoir qui seront les combattants, nous sommes informés presque quotidiennement par les internationalistes et les interventionnistes des États-Unis que nous devrons prendre part à la prochaine guerre mondiale.

Le 8 juillet 1939, Fish déclara sur le réseau radiophonique National Broadcasting Company :

Si nous devons entrer en guerre, que cela soit en défense des États-Unis, mais pas en défenses des fabricants de munitions, des profiteurs de guerre, des communistes, à dissimuler les échecs du New Deal ou à fabriquer un alibi pour un troisième mandat [de Roosevelt].

Il est bon que toutes les nations sachent que nous ne nous proposons pas d’entrer en guerre pour Dantzig, pour la politique du pouvoir, pour des colonies étrangères, pour les guerres impérialistes de l’Europe ou n’importe où ailleurs dans le monde.

Les pouvoirs derrière le président

Le président Roosevelt aurait pu faire peu de choses pour inciter à la guerre en Europe sans l’aide de puissants alliés. Derrière lui, on trouvait les intérêts financiers et juifs internationaux, défenseurs de leurs propres intérêts, et arc-boutés sur la destruction de l’Allemagne. L’organisation principale qui rythmait les coups de tambour derrière une implication des États-Unis dans la guerre européenne avant l’attaque de Pearl Harbor fut savamment intitulé « Comité de Défense des États-Unis en Aidant les Alliés. » Le président lui-même initia son financement, et les hauts-dirigeants de l’administration consultaient fréquemment les dirigeants du Comité.36

Quoique dirigé pour un temps par William Allen White, le vieil éditeur d’un journal d’une petite ville du Kansas, le Comité était en réalité organisé par des intérêts financiers puissants, qui tiraient des profits colossaux des prêts consentis à la Grande-Bretagne au combat et d’investissements avisés au sein des industries de guerre géantes des États-Unis.

À la fin de l’année 1940, Rush D. Holt, sénateur de Virginie Occidentale, publia un examen détaillé du Comité, exposant les intérêts fondamentaux derrières les slogans aux accents idéalistes :

Le Comité a des connexions puissantes avec les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés d’investissement financier, et les intérêts industriels. Ceux-ci, de leur côté, exercent des influences sur les présidents et professeurs d’universités, ainsi que sur les journaux, les radios, et les autres moyens de communication. L’une des influences puissantes utilisées par le groupe réside dans les « 400 » et leur cercle social. Le récit est une image sordide de la trahison des intérêts publics.

Les puissants intérêts de J.P. Morgan, avec ses filiales au sein de l’Empire britannique, contribuèrent à établir l’organisation et financèrent ses premières dépenses.

Certaines des personnalités importantes actives dans le Comité furent révélées par Holt : Frederic R. Coudert, un propagandiste de guerre, payé par le gouvernement britannique pour œuvrer aux États-Unis durant la première guerre mondiale ; Robert S. Allen de l’éditorial Pearson and Allen ; Henry R. Luce, l’influent éditeur des magazines Time, de Life et Fortune ; Fiorella LaGuardia, le fier Maire mi-juif de la ville de New York ; Herbert Lehman, gouverneur juif de l’État de New York disposant d’importantes holdings financières dans les industries de guerre ; et Frank Altschul, un dirigeant de la firme d’investissement juive Lazard Frères disposant de nombreuses holdings dans des entreprises de munitions et de fournitures militaires.

Si le Comité parvenait à faire entrer en guerre les États-Unis, avertit Holt, « Les boys étasuniens vont verser leur sang pour des profiteurs, des hommes politiques, et des ‘paytriotes.’ Si la guerre se produit, les soutiens du Comité White auront du sang sur les mains — le sang d’Étasuniens tués dans une guerre inutile. »37

Au mois de mars 1941, une liste comprenant la plupart des soutiens financiers du Comité fut rendue publique. Elle révélait la nature des forces désireuses d’amener les États-Unis dans la guerre européenne. Les puissants intérêts bancaires internationaux étaient bien représentés. J.P. Morgan, John W. Morgan, Thomas W. Lamont et d’autres membres de la grande maison bancaire Morgan y figuraient. D’autres noms importants du monde financier de New York étaient M. et Mme. Paul Mellon, Felix M. et James F. Warburg, ainsi que J. Malcolm Forbes. Marshall Field, de Chicago, propriétaire d’une chaîne de magasins et éditeur y contribuait également, ainsi que William Averill Harriman, le millionnaire des trains et des investissements, qui devint par la suite ambassadeur de Roosevelt à Moscou.

Bien sûr, des noms juifs constituaient une part substantielle de cette longue liste. Samuel Goldwyn, tsar des films hollywoodiens y figuraient, ainsi que David Dubinsky, dirigeant de l’International Ladies Garment Workers Union. La William S. Paley Foundation, qui avait été établie par le dirigeant du géant Columbia Broadcasting System, contribuait également au Comité. Les noms de Mme Herbert H. Lehman, épouse du gouvernement de New York, figurait également sur la liste.38

Si l’on ne comprend pas ses liens étroits avec la communauté juive organisée, les politiques de Roosevelt ne font guère de sens. Lucy Dawidowicz, une historienne juive, a noté : « Roosevelt lui-même a fait entrer dans son cercle immédiat davantage de Juifs que tout autre président avant ou après lui. Felix Frankfurter, Bernard M. Baruch et Henry Morgenthau étaient ses proches conseillers. Benjamin V. Cohen, Samuel Rosenman et David K. Niles étaient ses amis et ses aides de confiance. »39 Ce point n’est peut-être pas si remarquable au vu de l’ascendance de Roosevelt, dont certaines sources indiquent qu’il avait un huitième de sang juif.40

Dans son journal personnel, pour la journée du 1er mai 1941, Charles A. Lindbergh, le héros étasunien de l’aviation et dirigeant du mouvement pour la paix, cloua la coalition qui poussait les États-Unis vers la guerre :

La pression pour la guerre est importante, et elle continue d’augmenter. Le peuple y est opposé, mais l’Administration semble avoir « le mors aux dents » et [est] à tout prix sur le chemin vers la guerre. La plupart des intérêts juifs du pays sont favorables à la guerre, et ils contrôlent une part énorme de notre presse et de notre radio, ainsi que la plupart de nos studios cinématographiques. Il y a également les « intellectuels », les « anglophiles » et les agents britanniques qui ont la bride sur le cou, les intérêts financiers, et de nombreux autres acteurs.41

Joseph Kennedy partageait les appréhensions de Lindbergh au sujet de la puissance juive. Avant le début de la guerre, il exprima ses préoccupations en privé au sujet « des Juifs qui dominent notre presse » et de la communauté juive mondiale dans son ensemble, qu’il considérait comme une menace envers la paix et la prospérité. Peu après le début des hostilités, Kennedy se plaignit « de l’influence juive croissante dans la presse et à Washington, demandant la poursuite de la guerre. »42

Trahison, échec, tromperie

Les tentatives menées par Roosevelt pour faire entrer en guerre la Pologne, la Grande-Bretagne et la France contre l’Allemagne ne réussirent que trop bien. Le résultat en fut une vague indicible de morts, de misère et de destruction. Lorsque les combats commencèrent, comme Roosevelt l’avait planifié et préparé, les dirigeants polonais et français s’attendaient à ce que le président étasunien respectât au moins ses assurances de soutien en cas de guerre. Mais Roosevelt n’avait pas pris en compte le sentiment pour la paix de la vaste majorité des Étasuniens. Aussi, non content de tromper son propre peuple, Roosevelt laissa tomber ceux à qui en Europe il avait promis un soutien.

Il est rare dans l’histoire des États-Unis que le peuple soit aussi uni dans ses opinions qu’il l’était à la fin 1939 sur le sujet de rester hors de la guerre en Europe. Lorsque les hostilités commencèrent, au mois de septembre 1939, le sondage réalisé par Gallup montra que 94 % du peuple étasunien était opposé à une implication du pays dans la guerre. Ce chiffre monta à 96,5% au mois de décembre avait de commencer à décliner lentement jusqu’aux 80 % environ à l’automne 1941. (De nos jours, il est difficile de trouver un sujet assurant un consensus de même 60 ou 70 % du peuple.)43

Roosevelt avait bien sûr tout à fait conscience de l’intensité du sentiment populaire à ce sujet. C’est pour cela qu’il mentit de manière répétée au peuple étasunien au sujet de son amour de la paix et de sa détermination à maintenir les États-Unis hors de la guerre, tout en faisant en même temps tout ce qui était en son pouvoir pour plonger l’Europe et les États-Unis dans la guerre.

Au cours d’un discours de campagne de réélection en 1940, Roosevelt répondit aux craintes de millions d’Étasuniens qui soupçonnaient que leur président avait secrètement promis le soutien des États-Unis à la Grande-Bretagne dans sa guerre contre l’Allemagne. Ces soupçons bien fondés étaient basés sur la publication, au mois de mars, des documents polonais saisis par les Allemands. Le discours du 23 octobre 1940 fut émis sur le réseau radiophonique à destination de la nation. En faisant usage de son niveau de langage le plus percutant, Roosevelt réfuta catégoriquement avoir promis une quelconque participation des États-Unis à une quelconque guerre à l’étranger. Je vous donne, ainsi qu’au peuple de ce pays, l’assurance la plus solennelle : il n’existe pas de Traité secret, pas d’entente secrète d’aucune sorte ou d’aucune forme, directe ou indirecte, avec aucun gouvernement ou aucune autre nation du monde, pour impliquer notre nation dans une quelconque guerre ou pour tout autre dessein.44

Nous savons bien sûr désormais que cette déclaration pieuse n’était qu’un nouveau tissu de mensonges pur et simple et éhonté parmi tous ceux qu’il infligea au peuple étasunien.

Les politiques de Roosevelt n’étaient pas seulement malhonnêtes — elles étaient criminelles. La Constitution des États-Unis ne donne les prérogatives de déclarer la guerre et la paix qu’au Congrès. Et le Congrès avait adopté plusieurs lois d’importance pour s’assurer spécifiquement de la neutralité des États-Unis en cas de guerre en Europe. Roosevelt violait sans arrêt son serment de président de défendre la Constitution. Si le grand public avait eu vent de ses politiques secrètes, sa destitution aurait sans doute été inévitable.

L’épisode du Watergate a profondément ancré dans la conscience étasunienne le fait que ses présidents peuvent se comporter de manière criminelle. Cette affaire a contraint Richard Nixon à démissionner de son poste de président, et il reste considéré comme un criminel. Aucune école ne porte son nom, et ce nom ne recevra jamais le respect qui est normalement dû à tout président étasunien. Mais les crimes commis par Nixon palissent d’insignifiance face à ceux de Franklin Roosevelt. Que sont les mensonges de Nixon en comparaison avec ceux de Roosevelt ? Qu’est-ce qu’une dissimulation de cambrioleur face à une campagne illégale et secrète menée en vue de fomenter une guerre majeure ?

Les défenseurs du bilan de Roosevelt affirment qu’il a menti au peuple étasunien pour son propre bien — qu’il a violé la loi en vertu de principes nobles. Sa supercherie est considérée comme admissible parce que la cause était noble, alors que des tromperies similaires menées par les présidents Johnson et Nixon, pour en nommer deux, ne le sont pas. On pratique bien entendu hypocritement le deux poids deux mesures. Et l’argument ne pèse guère dans un système démocratique. Il suggère que le peuple est trop stupide pour comprendre ses propres intérêts. Il suggère en outre que la meilleure forme de gouvernement est une forme de dictature bienveillante libérale-démocratique.

La haine de Roosevelt envers Hitler était profonde, véhémente, passionnée — presque personnelle. Cela n’était pas étranger à une convoitise et à une jalousie enracinée dans le grand contraste entre les deux hommes, non seulement en vertu de leurs caractères personnels, mais également dans les traces qu’ils ont laissées en tant que dirigeants nationaux.

En superficie, les succès publics de Roosevelt et de Hitler étaient remarquablement proches. Chacun d’eux assurait la direction de son pays respectif au début de l’année 1933. Ils étaient tous deux confrontés au défi gigantesque du chômage de masse, au cours d’une dépression économique mondiale catastrophique. Chacun est devenu le dirigeant puissant d’une vaste alliance militaire au cours de la guerre la plus destructrice de l’histoire. Les deux hommes sont morts en exercice à quelques semaines d’intervalle au cours du mois d’avril 1945, juste avant la fin de la seconde guerre mondiale en Europe. Mais les contrastes énormes entre les vies de ces deux hommes sont encore plus remarquables.

Roosevelt était né au sein de l’une des familles les plus fortunées des États-Unis. Sa vie fut exempte de toute contrainte matérielle. Il participa à la première guerre mondiale depuis un bureau de Washington, au poste de sous-secrétaire à la Navy. Hitler, de son côté, était né dans une modeste famille provinciale. Dans sa jeunesse, il dut travailler de ses mains pour un bas salaire. Durant la première guerre mondiale, c’est comme soldat de première ligne qu’il servit, dans l’enfer du champ de bataille de l’Ouest. Il fut blessé plusieurs fois et décoré pour sa bravoure.

En dépit de ses manières charmeuses et de sa rhétorique rassurante, Roosevelt s’avéra incapable de gérer les grands défis auxquels les États-Unis étaient confrontés. Après quatre années de présidence de sa part, des millions de gens restaient sans emploi, mal nourris et mal logés, sur une terre riche dotée de toutes les ressources propres à une prospérité incomparable. Le New Deal était rongé par des grèves dures, et des affrontements sanglants entre les travailleurs et le capital. Roosevelt ne fit rien pour résoudre les problèmes raciaux profonds et envenimés qui faisaient éruption de manière régulière dans des révoltes et des conflits armés. L’histoire est différente en Allemagne. Hitler rallia son peuple derrière un programme radical qui transforma l’Allemagne en quelques années, d’une terre économiquement ruinée, au bord de la guerre civile, en locomotive de l’Europe. L’Allemagne connut une renaissance sociale, culturelle et économique sans parallèle dans l’histoire. Le contraste entre les personnalités de Roosevelt et de Hitler était en même temps un contraste entre deux systèmes et idéologies diamétralement opposées.

Pourtant, il serait incorrect de ne qualifier Roosevelt que d’homme politique cynique et tenant lieu de devanture pour de puissants intérêts étrangers. Il ne se considérait certainement pas comme un homme mauvais. Il pensait sincèrement agir de manière droite et noble en faisant pression sur la Grande-Bretagne et la France pour les faire entrer en guerre contre l’Allemagne. Comme Wilson avant lui, et d’autres après lui, Roosevelt se considérait comme seul qualifié, et appelé par la destinée, à remodeler le monde selon sa vision d’une démocratie égalitariste et universelle. Il était convaincu, comme de nombreux dirigeants étasuniens l’ont été, que le monde pouvait être sauvé de lui-même en le refaçonnant selon le modèle établi par les États-Unis.

Les présidents comme Wilson et Roosevelt considèrent le monde, non pas comme un complexe de différentes nations, races et cultures, devant respecter mutuellement leurs identités collectives pour vivre ensemble en paix, mais plutôt selon une perspective missionnaire auto-satisfaite, divisant le monde entre des pays moralement bons et mauvais. Selon ce schéma de pensée, les États-Unis constituent la puissance dirigeante providentielle des forces du bien. Par chance, il se trouve que cette vision correspond aux intérêts économiques et politiques de ceux qui exercent le pouvoir aux États-Unis.

La guerre du président Roosevelt

Au mois d’avril 1941, le sénateur Gerald Nye, du Dakota du Nord, émit la prédiction prophétique selon laquelle on se souviendrait de la seconde guerre mondiale comme de la guerre de Roosevelt. « Si nous sommes jamais impliqués dans cette guerre, les historiens à l’avenir ne la dénommeront que sous un seul nom : ‘la guerre du président,’ car chacune de ses actions depuis son discours de la quarantaine à Chicago [le 5 octobre 1937] a poussé vers la guerre.45

Harry Elmer Barnes, le grand historien américain, pensait que cette guerre aurait sans doute pu être évitée en 1939 sans les ingérences pratiquées par Roosevelt. « De fait, il existe des preuves tout à fait convaincantes du fait que sans les pressions exercées par M. Roosevelt sur la Grande-Bretagne, la France et la Pologne, et sans les engagements qu’il prit auprès de ces pays avant le mois de septembre 1939, surtout vis-à-vis de la Grande-Bretagne, et sans les singeries de son agent provocateur, William C. Bullitt, il n’y aurait sans doute pas eu de guerre mondiale en 1939, ou peut-être de nombreuses années plus tard. »46 Dans Revisionism: A Key to Peace, Barnes a écrit :

Le président Roosevelt a eu une responsabilité majeure, aussi bien directe qu’indirecte, pour l’éclatement de la guerre en Europe. Il a commencé à exercer des pressions sur la France pour qu’elle se levât contre Hitler, dès la réoccupation de la Rhénanie par l’Allemagne, au mois de mars 1936, des mois avant de prononcer ses discours fortement isolationnistes durant la campagne de 1936. Ces pressions exercées sur la France, mais aussi sur l’Angleterre, se sont poursuivies jusqu’à l’advenue de la guerre au mois de septembre 1939. Elles ont gagné en volume et en dynamisme après le discours de la quarantaine du mois d’octobre 1937. Alors que la crise s’approchait, entre Munich et l’éclatement de la guerre Roosevelt fit pression sur les Polonais pour résister fermement à toute demande formulée par l’Allemagne, et exhorta les Anglais et les Français à soutenir indéfectiblement les Polonais.

Il y a grandement matière à douter que l’Angleterre serait entrée en guerre au mois de septembre 1939 sans les encouragements formulés par Roosevelt et ses assurances selon lesquelles, en cas de guerre, les États-Unis allaient entrer en guerre du côté de la Grande-Bretagne aussitôt qu’il serait parvenu à faire basculer l’opinion du public étasunien pour soutenir cette intervention.

Roosevelt avait abandonné tout semblant de neutralité, avant même l’éclatement de la guerre en 1939, et agissait autant que possible face à l’opinion publique étasunienne anti-interventionniste, afin d’impliquer le pays dans le conflit européen47, 1980).]

Un verdict des plus perspicaces sur la place de Franklin Roosevelt dans l’histoire a été écrit par la plume de Sven Hedin, le grand explorateur et auteur suédois. Durant la guerre, il a écrit :

La question de la survenue d’une nouvelle guerre mondiale ne s’explique pas seulement par les fondations établies par les traités de paix en 1919, par la suppression de l’Allemagne et de ses alliés à l’issue de la première guerre mondiale, ou par la poursuite des anciennes politiques suivies par la Grande-Bretagne et la France. L’action décisive a été réalisée depuis l’autre côté de l’océan Atlantique.

Roosevelt parle de démocratie et n’a de cesse que de la détruire. Il qualifie de non-démocrates et de non-étasuniens ceux qui l’admonestent au nom de la paix et de la préservation du mode de vie étasunien. Il a transformé la démocratie en caricature, plutôt qu’en modèle. Il parle de liberté d’expression, et réduit au silence quiconque ne partage pas son opinion.

Il parle de liberté de religion et pratique une alliance avec le bolchevisme.

Il parle de liberté vis-à-vis du besoin, mais dix millions d’Étasuniens manquent d’un travail, de pain, ou d’un toit. Il parle de liberté vis-à-vis de la crainte de la guerre, tout en œuvrant à la guerre, non seulement pour son propre peuple, mais pour le monde, en poussant son pays contre les puissances de l’Axe, alors qu’il aurait pu s’unir à elles, et il a ainsi poussé des millions de personnes vers la mort.

Cette guerre restera dans l’histoire comme la guerre du président Roosevelt.48

Les louanges orchestrées officiellement envers Roosevelt, le décrivant comme un grand homme de paix, ne pourront pas dissimuler sans fin son rôle central dans la poussée vers la guerre de l’Europe en 1939.


Plus de quarante ans se sont désormais écoulés depuis que les événements ici décrits se sont produits. De nombreuses personnes les considèrent comme une partie insignifiante d’un passé qu’il vaudrait mieux oublier. Mais l’histoire de la manière dont Franklin Roosevelt a façonné la guerre en Europe est très pertinente — surtout pour les Étasuniens contemporains. Les leçons du passé n’ont jamais été aussi importante que dans l’âge nucléaire actuel. À moins qu’au moins une minorité de personnes ne comprennent comment et pourquoi les guerres ont été menées, nous resterons impuissants à contrer les bellicistes de notre propre époque.

Sources et Références

Nous listons ici les éditions publiées des documents polonais, les sources les plus importantes ayant trait aux questions sur leur authenticité et sur leur contenu, ainsi que les sources essentielles récentes au sujet de ce que pensait et faisait réellement le président Roosevelt — par opposition à son personnage public — durant le prélude de la guerre. On trouvera dans les notes les citations entières des références de l’article.

  • Beschloss, Michael R. Kennedy and Roosevelt. New York: Norton, 1980.
  • Bullitt, Orville H. (ed.). For the President: Personal and Secret. [Correspondence between Franklin D. Roosevelt and William C. Bullitt.] Boston: Houghton Mifflin, 1972.
  • Germany. Foreign Office Archive Commission. Roosevelts Weg in den Krieg: Geheimdokumente zur Kriegspolitik des Praesidenten der Vereinigten Staaten. Berlin: Deutscher Verlag, 1943.
  • Germany. Foreign Office. The German White Paper. [White Book No. 3.] New York: Howell, Soskin and Co., 1940.
  • Germany. Foreign Office. Polnische Dokumente zur Vorgeschichte des Krieges. [White Book No. 3.] Berlin: F. Eher, 1940.
  • Koskoff, David E. Joseph P. Kennedy: A Life and Times. Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall, 1974.
  • Lukasiewicz, Juliusz (Waclaw Jedrzejewicz, ed.). Diplomat in Paris 1936-1939. New York: Columbia University Press, 1970.
  • Wirsing, Giselher. Der masslose Kontinent: Roosevelts Kampf um die Weltherrschaft. Jena: E. Diederichs, 1942.

Cet élément a été présenté pour la première lors de la quatrième conférence de l’IHR à Chicago, au mois de septembre 1982. Il a été publié pour la première fois dans le Journal of Historical Review, à l’été 1983 (Vol. 4, N°2), pages 135-172.

Autres lectures

  • Patrick J. Buchanan, Churchill, Hitler and ‘The Unnecessary War’. New York: Crown, 2008.
  • William H. Chamberlain, America’s Second Crusade. Chicago: 1950.
  • Benjamin Colby, ‘Twas a Famous Victory. New Rochelle: 1979.
  • Matthew DeFraga, « March 1939: America’s Guarantee to Britain, » Ex Post Facto: Journal of the History Students at San Francisco State University. 1998, Vol. VII. (http://userwww.sfsu.edu/epf/journal_archive/volume_VII,_1998/defraga_m.pdf)
  • Thomas Fleming, The New Dealers’ War: Franklin Roosevelt and the War Within World War II. New York: Basic Books, 2001.
  • J. F. C. Fuller, A Military History of the Western World. New York: 1987. Vol. 3, esp. pp. 372-375, 411-419.
  • Germany, Auswärtiges Amt [Ministère allemand des affaires étrangères]. Documents on the Events Preceding the Outbreak of the War. New York: 1940.
  • Adolf Hitler. Discours du Reichstag du 11 décembre 1941 (Déclaration de guerre contre les États-Unis) ( http://www.ihr.org/jhr/v08/v08p389_Hitler.html )
  • David L. Hoggan. The Forced War: When Peaceful Revision Failed. IHR, 1989.
  • Herbert C. Hoover, Freedom Betrayed: Herbert Hoover’s Secret History of the Second World War and its Aftermath (George H. Nash, ed.). Stanford Univ., 2011.
  • Friedrich Stieve. What the World Rejected: Hitler’s Peace Offers 1933-1939 ( http://ihr.org/other/what-the-world-rejected.html )
  • Viktor Suvorov (pseud.), The Chief Culprit: Stalin’s Grand Design to Start World War II. Annapolis, Md.: Naval Institute Press, 2008
  • A.J.P. Taylor, The Origins of the Second World War. New York: 1983.
  • John Toland, Adolf Hitler. Doubleday & Co., 1976.
  • Mark Weber, « Roosevelt’s ‘Secret Map’ Speech, » The Journal of Historical Review, Spring 1985 (Vol. 6, No. 1), pp. 125-127. ( http://www.ihr.org/jhr/v06/v06p125_Weber.html )
  • Mark Weber, « The ‘Good War’ Myth of World War Two. » Mai 2008. ( http://www.ihr.org/news/weber_ww2_may08.html ) (Republished from JHR, Summer 1983 by permission of author or representative)

Mark Weber

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

  1. Voir, par exemple, Charles A. Beard, President Roosevelt and the Coming of the War 1941 (New Haven: Yale University Press, 1948) ; William Henry Chamberlin, America’s Second Crusade (Chicago: Regnery, 1952, 1962) ; Benjamin Colby, ‘Twas a Famous Victory (New Rochelle, N.Y.: Arlington House, 1979) ; Frederic R. Sanborn, Design for War (New York : Devin-Adair, 1951) ; William Stevenson, A Man Called Intrepid (New York: Ballantine Books, 1980) ; Charles C. Tansill, Back Door to War (Chicago: Regnery, 1952) ; John Toland, Infamy: Pearl Harbor and Its Aftermath (New York: Doubleday, 1982) ; Harry Elmer Barnes, La guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle (1952). 
  2. Saul Friedlander, Prelude to Downfall: Hitler and the United States 1939-1941 (New York: Knopf, 1967), pp. 73-77; U.S., Congress, House, Special Committee on Investigation of Un-American Activities in the United States, 1940, Appendix, Part II, pp. 1054-1059. 
  3. Friedlander, pp. 75-76. 
  4. New York Times, 30 mars 1940, p. 1. 
  5. Ibid., p. 4, et 31 mars 1940, p. 1. 
  6. New York Times, 30 mars 1940, p. 1. Baltimore Sun, 30 mars 1940, p. 1. 
  7. Une édition française fut publiée en 1944 sous le titre Comment Roosevelt est entré en Guerre. 
  8. Tansill, « Les États-Unis et la voie de la guerre en Europe, » dans Harry Elmer Barnes (ed.), La guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle (Caldwell, Idaho: Caxton, 1953; reprint eds., New York: Greenwood, 1969 and Torrance, Calif.: Institute for Historical Review [supplemented 
  9. Harry Elmer Barnes, The Court Historians Versus Revisionism (N.p.: imprimé à titre privé, 1952), p. 10. Ce livret est republié dans Barnes, Selected Revisionist Pamphlets (New York: Arno Press & The New York Times, 1972), et dans Barnes, The Barnes Trilogy (Torrance, Calif.: Institute for Historical Review, 1979). 
  10. Chamberlin, p. 60. 
  11. Edward Raczynski, dans Allied London (London : Weidenfeld and Nicolson, 1963), p. 51. 
  12. Orville H. Bullitt (ad.), For the President: Personal and Secret (Boston: Houghton Mifflin, 1972), p. xiv (biographical foreword). Voir également Time, 26 octobre 1936, p. 24. 
  13. Current Biography 1940, ed. Maxine Block (New York: H.W. Wilson, 1940), p. 122 ff. 
  14. Gisleher Wirsing, Der masslose Kontinent: Roosevelts Kampf um die Weltherrschaft (Jena: E. Diederichs, 1942), p. 224. 
  15. Avis nécrologique de Bullitt dans le New York Times, 16 février 1967, p. 44. 
  16. Jack Alexander, « He Rose From the Rich,” Saturday Evening Post, 11 mars 1939, p. 6. (Voir également la suite dans l’édition du 18 mars 1939.) La vision publique de Bullitt sur la scène européenne et sur ce que devait être l’attitude des États-Unis à son égard peut être consultée dans son Report to the American People (Boston : Houghton Mifflin (Cambridge: Riverside Press), 1940), le texte d’un discours qu’il prononça, avec la bénédiction du président, sous les hospices de la société américaine philosophique, dans l’Independence Hall de Philadelphie, peu après la chute de la France. Car la stridence hyperventilée et l’hystérie émotionaliste de cette polémique anti-allemande ne pouvaient guère être surpassées, même avec les propensions de nombreux autres interventionnistes au sein du gouvernement et de la presse à l’époque. 
  17. Michael R. Beschloss, Kennedy and Roosevelt (New York: Norton, 1980), pp. 203-04. 
  18. Robert Dallek, Franklin D. Roosevelt and American Foreign Policy 1932-1945 (New York: Oxford University Press, 1979), p. 31. Voir également pp. 164-65. 
  19. Dépêche N° 349 du 20 septembre 1938 par Sir. R. Lindsay, Documents on British Foreign Policy (ed. Ernest L. Woodward), Third series, Vol. VII (Londres, 1954), pp. 627-29. Voir également : Joseph P. Lash, Roosevelt and Churchill 1939-1941 (New York: Norton, 1976), pp. 25-27; Dallek, pp. 164-65; Arnold A. Offner, America and the Origins of World War II (Boston: Houghton Mifflin, 1971), p. 61. 
  20. William Phillips, Ventures in Diplomacy (North Beverly, Mass.: privately published, 1952), pp. 220-21. 
  21. Carl Burckhardt, Meine Danziger Mission 1937-1939 (Munich: Callwey, 1960), p. 225. 
  22. Drew Pearson et Robert S. Allen, « Washington Daily Merry-Go-Round, » Washington Times-Herald, 14 avril 1939, p. 16. Une copie à l’identique de cet éditorial est disponible dans Conrad Grieb (ed.), American Manifest Destiny and The Holocausts (New York: Examiner Books, 1979), pp. 132-33. Voir également : Wirsing, pp. 238-41. 
  23. Jay P. Moffat, The Moffat Papers 1919-1943 (Cambridge: Harvard University Press, 1956), p. 232. 
  24. U.S., département d’État, Foreign Relations of the United States (Diplomatic Papers), 1939, General, Vol. I (Washington: 1956), p. 122. 
  25. « Von Wiegand Says-, » Chicago Herald-American, 8 octobre 1944, p. 2. 
  26. Edvard Benes, Memoirs of Dr. Eduard Benes (Londres : George Allen & Unwin, 1954), pp. 79-80. 
  27. Lash, p. 64. 
  28. Hamilton Fish, FDR: The Other Side of the Coin (New York: Vantage, 1976; Torrance, Calif.: Institute for Historical Review, 1980), p. 62. 
  29. James V. Forrestal (ads. Walter Millis and E.S. Duffield), The Forrestal Diaries (New York: Viking, 1951), pp. 121-22. Un collègue, qui a examiné le manuscrit original du journal de Forrestal, m’a informé à titre privé que de nombreuses références très critiques envers les Juifs ont été supprimées de la version publiée. 
  30. Jan Szembek, Journal 1933-1939 (Paris: Plan, 1952), pp. 475-76. 
  31. David E. Koskoff, Joseph P. Kennedy: A Life and Times (Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall, 1974), p. 207; Moffat, p. 253; A.J.P. Taylor, The Origins of the Second World War (Londres : Hamish Hamilton, 1961; 2nd ed. Greenwich, Conn.: Fawcett Premier [paperback 
  32. Dallek, p. 164. 
  33. Beschloss, pp. 190-91; Lash, p. 75; Koskoff, pp. 212-13. 
  34. Hull to Kennedy (No. 905), U.S., département d’État, Foreign Relations of the United States, 1939, General, Vol. I (Washington: 1956), p. 424. 
  35. Les émissions radiophoniques de Hamilton Fish citées ici ont été publié dans le Congressional Record Appendix (Washington) comme suit : (6 janvier 1939) Vol. 84, Part 11, pp. 52-53; (5 mars 1939) idem, pp. 846-47; (5 avril 1939) Vol. 84, Part 12, pp. 1342-43; (21 avril 1939) idem, pp. 1642-43; (26 mai 1939) Vol. 84, Part 13, pp. 2288-89; (8 juillet 1939) idem, pp. 3127-28. 
  36. Wayne S. Cole, Charles A. Lindbergh and the Battle Against American Intervention in World War II (New York: Harcourt Brace Jovanovich, 1974), pp. 128, 136-39. 
  37. Congressional Record Appendix (Washington: 1941), (30 décembre 1940) Vol. 86, Part 18, pp. 7019-25. Voir également : Appendix, Vol. 86, Part 17, pp. 5808-14. 
  38. New York Times, 11 mars 1941, p. 10. 
  39. Lucy Dawidowicz, « American Jews and the Holocaust, » The New York Times Magazine, 18 avril 1982, p. 102. 
  40. « FDR ‘had a Jewish great-grandmother’ » Jewish Chronicle (Londres), 5 février 1982, p. 3. 
  41. Charles A. Lindbergh, The Wartime Journals of Charles A. Lindbergh (New York: Harcourt Brace Jovanovich, 1970), p. 481. 
  42. Koskoff, pp. 282, 212. Le rôle de la presse étasunienne dans l’alimentation de la haine contre l’Allemagne entre 1933 et 1939 est un sujet qui mérite un traitement nettement plus détaillé. Charles Tansill produit des informations dans son ouvrage Back Door to War. L’essai du professeur Hans A. Muenster, « Die Kriegsschuld der Presse der USA », paru dans Kriegsschuld und Presse en 1944 par le Reichsdozentenfuehrung allemand mérite d’être lu. 
  43. Harry Elmer Barnes a écrit un excellent essai, relatant et contrastant les mesures de l’opinion publique étasunienne sur les actions de politique étrangère de Roosevelt en 1939-1941, sous le titre Was Roosevelt Pushed Into War By Popular Demand in 1941 ? (imprimé à titre privé, 1951). Il a été édité de nouveau dans les Selected Revisionist Pamphlets de Barnes. 
  44. Lash, p. 240. 
  45. New York Times, 27 avril 1941, p. 19. 
  46. Harry Elmer Barnes, The Struggle Against the Historical Blackout, 2nd ed. (N.p.: publié à titre privé, ca. 1948), p. 12. Voir également la 9ème édition, finalisée et agrandie (N.p.: publiée à titre privé, ca. 1954), p. 34; ce livret a été reproduit dans Barnes, Selected Revisionist Pamphlets
  47. Harry Elmer Barnes, « Revisionism: A Key to Peace, » Rampart Journal of Individualist Thought Vol. II, No. 1 (printemps 1966), pp. 29-30. Cet article a été republié dans Barnes, Revisionism: A Key to Peace and Other Essays (San Francisco: Cato Institute [Cato Paper No. 12 
  48. Sven Hedin, Amerika im Kampf der Kontinente (Leipzig: F.A. Brockhaus, 1943), p. 54

Source

Source : L’Echelle de Jacob

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