Rififi à la gendarmerie pour une benne volée

Père et frères comparaissaient, hier, pour avoir proféré menaces et insultes à l’encontre des gendarmes de La Meilleraye.

Dans le box des prévenus, au tribunal correctionnel de Nantes, ils font bloc, avec aplomb. Non, ils n’ont pas menacé les gendarmes de La Meilleraye-de-Bretagne, vendredi après-midi, lorsqu’ils ont tenté, en vain, de récupérer un fourgon saisi par les militaires. Non, il n’y avait pas d’arme dans l’étui qu’ils ont sorti du coffre de leur voiture en disant « nous aussi, on a ce qu’il faut ». Tout comme ils n’ont pas voulu entraver la circulation en stationnant leur voiture devant le portail d’entrée de la brigade. Les deux frères, âgés de 25 et 26 ans, domiciliés à Treffieux, déjà connus des gendarmes, reconnaissent s’être « un peu énervés », mais c’est tout. Juré, ils n’ont jamais menacé de s’en prendre au fils du gendarme, ni lancé à la cantonade, qu’ils allaient « prendre la brigade d’assaut ».

L’affaire remonte au 10 décembre, quand les gendarmes saisissent le fourgon d’un des frères. Le véhicule est équipé d’une benne, laquelle aurait été volée dans une entreprise de marbrerie nantaise. Vendredi, avec son frère et son père, le propriétaire du camion entre dans l’enceinte de la gendarmerie, où est stationné l’engin. Trois gendarmes sont présents. Le ton monte. L’un des militaires sort son arme de service de son étui, « canon vers le sol ». Menaces, injures, intimidations. Le lendemain, les trois hommes sont interpellés à leurs domiciles. Trois fusils sont saisis. « Des fusils prêts pour la chasse » se défend l’un des deux frères, effectivement détenteur du permis de chasser.

Au fil des dénégations du trio, l’audience devient confrontation. La parole des prévenus contre celle des gendarmes. L’un des gradés aurait reconnu avoir lancé : « Si tu t’en prends à mon fils, je viendrai brûler vos caravanes. » Phrase « extrême », prononcée par un homme poussé dans ses derniers retranchements, « et qui a réagi en tant que père de famille et non en tant que gendarme », commente le procureur. L’avocat d’un des fils bondit. « Un gendarme assermenté aurait donc le droit de menacer de brûler la caravane d’une famille ? » Pointant les versions différentes des témoins : « Les gendarmes ont le droit d’avoir des versions divergentes, mais pas les prévenus ? » L’avocate du frère enfonce le clou. « Impossible de savoir qui a fait quoi. On ne peut pas fonder des condamnations sur des doutes. »

Le doute s’est invité dans la réflexion des juges, qui ont relaxé totalement le père et condamné les fils à un et deux mois de prison. Les outrages, le transport d’armes et l’entrave à la circulation n’ont pas été retenus.

Source : Ouest-France

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