Rennes. La brigade de gendarmerie qui tchatte en pleine nuit

REN_BRIGADENUMERIQUE-4.JPG_p.crehange

La brigade numérique de la gendarmerie nationale basée à Rennes a été inaugurée en mars 2018. (Photo archives Le Télégramme)

« Bonjour ! Comment pouvons-nous vous aider ? » À Rennes, depuis plus d’un an, une brigade numérique composée de 20 gendarmes répond en direct aux questions les plus diverses par tchat. Une offre qui illustre la transformation numérique des services de l’État.

« Après le lancement du service en février 2018, nous recevions une centaine de sollicitations par jour. Désormais on avoisine les 280. Les usagers se mettent de plus en plus en contact avec nous », se félicite le capitaine Patrice Georget, le commandant de cette brigade de gendarmerie encore unique en France. Dans la salle moderne truffée d’écrans située dans une caserne de Rennes, pas de sonneries de téléphone mais des « bips » réguliers émanant des ordinateurs. À chaque son correspond une demande d’un « usager », comprenez un citoyen.

L’adjudant-chef Ludovic, face à ses trois écrans, a le coup de main rapide avec sa souris. Un homme, disant habiter la Marne, veut déposer une plainte contre une chaîne télévisée car son nom est apparu dans un reportage. Après une brève recherche, l’adjudant lui envoie un lien vers la CNIL. Dans une prose qui prend ses aises avec l’orthographe – « on a besoin parfois de nos lunettes de soleil ! », s’amuse une gendarme -, une dame s’inquiète d’être poursuivie pour délit de fuite alors qu’elle a accepté que la personne prenne une photo de sa plaque avant de partir. L’adjudant lui envoie l’article du Code pénal montrant que le délit ne peut être caractérisé dans ce cas. « On passe du coq à l’âne », résume l’adjudant Ludovic qui doit parfois jongler entre une dizaine de tchats.

De la demande de renseignements au « signalement »

Lancée dans le cadre de la nouvelle Police de sécurité du quotidien (PSQ), cette brigade doit permettre de coller à l’air du temps en complétant « l’offre » de la gendarmerie en plus de l’accueil en brigade et par téléphone. Fini le procès-verbal tapé avec deux index sur un vieil ordinateur, ici, les gendarmes répondent à « l’hyperconnectivité » d’une partie de la population, y compris en pleine nuit. Le quotidien ? Répondre aux demandes formulées sur Facebook, twitter ou par le tchat du site de la gendarmerie nationale, par des citoyens qui se déplacent « en brigade parfois pour rien » et qui s’interrogent sur le recrutement pour être gendarme, sur le Code de la route, ou qui veulent faire un « signalement » concernant un individu.

Pour la gendarmerie, ce service « permet de soulager nos unités et de leur laisser plus de temps sur le terrain », relève Nicolas, une main sur la souris. Seules limites de cette brigade numérique : il ne s’agit pas d’un service d’urgence, elle ne peut recevoir de dépôt de plainte, et elle ne travaille pas non plus sur la cybercriminalité. « On ne sait pas qui se trouve derrière l’écran et on ne peut pas s’assurer de l’identité de l’usager, souligne le capitaine. Quand la situation est suffisamment importante, on fait une démarche auprès de la police ou de la brigade de gendarmerie ». Ce fut par exemple le cas lors du signalement d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et montrant un viol à la sortie d’une discothèque de la région toulousaine.

Les usagers peuvent évaluer le service rendu

Lucie, gendarme de 30 ans, a remarqué que l’activité de la brigade était très dépendante… de l’actualité. « Lors des samedis de manifestations de gilets jaunes, on avait beaucoup de signalements de dégradations ». En mars 2018, après la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame lors d’une prise d’otages commise par un djihadiste à Trèbes (Aude), « on avait été littéralement submergé », se souvient l’adjudant Ludovic.

Preuve du tournant pris par la gendarmerie, cette institution vieille de plusieurs siècles, les « usagers » peuvent laisser un commentaire pour évaluer la qualité du service, un peu comme un commentaire sur un site internet après un dîner au restaurant.
Source :  Le Télégramme

Lire également : Orange-Actu – Tchater avec un gendarme en pleine nuit ? C’est possible mon capitaine !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *