Personne n’a évacué les gens du voyage du Petit-Quevilly, installés à 300 m de l’incendie Lubrizol
Lubrizol. L’aire des gens du voyage au Petit-Quevilly est à 300 mètres de l’usine. Leur cauchemar a été doublé de maltraitance institutionnelle.
Quelques mètres séparent l’aire des gens du voyage du premier barrage policier interdisant l’accès à la route menant à l’usine Lubrizol. Mais c’est un monde qui sépare les gens du voyage, leurs conditions de vie, des autres habitants de la Métropole. Leur terrain est défoncé, jonché à son entrée de montagnes de déchets.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les quelque 100 personnes (trente caravanes) habitant là étaient en première ligne, voyant les flammes, constatant les explosions et subissant un dédain confinant à la maltraitance, selon leur récit.
« On n’a pas eu d’informations, il fallait qu’on aille voir les policiers pour en avoir. À un moment donné trois policiers sont arrivés à l’entrée de l’aire et nous on dit qu’on ne nous évacuerait pas, parce que nous n’étions pas dans une zone habitable. Personne ne nous a donné des masques, personne n’a proposé de nous évacuer », témoigne Vanessa Moreira-Fernades. « Et, depuis, personne n’est venu nous voir. »
« On n’est pas des chiens »
Elle et son amie Violette Caseacch listent les points qui leur ont semblé autant de marques de mépris : absence d’information, possibilité d’évacuer, mais à pied et sans leur caravane, recommandation de se confiner alors qu’une caravane ne le permet guère, policiers dédaignant une demande de secours pour une septuagénaire malade… « On n’est pas des chiens, même les animaux de la SPA sont mieux traités », pestent les habitantes si remontées qu’elles vont déposer plainte. Elles réclament aussi un autre terrain, loin des usines, plus agréable. « On nous dit : vous n’avez qu’à partir avec votre caravane. Mais pour aller où ? Nos enfants sont inscrits dans les écoles ici. Depuis jeudi, on souffre de maux de tête. »
Mais il y a pire : le cas de cet enfant de huit ans, souffrant de troubles respiratoires, dont la mère s’angoisse, demande s’il faut partir, s’il faut faire confiance aux autorités. Et qui ne sait vers qui se tourner. Et puis il y a aussi Évangéline Reynald, dame à l’âge respectable, rongée par le diabète (une jambe et des doigts amputés, trois dialyses par semaine), gisant sur son lit de douleur dans un petit chalet de jardin. Si elle n’a pas, comme les autres habitants de l’aire, trop souffert des fumées et de la suie (c’est passé au loin), elle a une autre difficulté. Depuis jeudi, la personne qui venait faire sa toilette refuse de rester davantage que le temps minimum, juste le temps d’une piqûre, et la laisse sans autres soins. « Je vais mal. En plus, depuis deux ans qu’on m’a coupé la jambe, j’attends toujours une prothèse. »
Coincée entre le tandem Lubrizol-Total, Boréalis (l’ex Grande-Paroisse) et les silos à grains, l’aire est sans doute implantée à l’endroit le plus inhospitalier possible de la Métropole.
Pas de plan de confinement, pas d’évacuation : la situation de ces gens du voyage est hélas banale car nombreuses sont les aires qui sont installées à proximité de sites Seveso en France, comme le souligne le media Lundimatin.
Laisser un commentaire