On a retrouvé l’un des derniers gendarmes de Saint-Tropez (de l’époque mythique)!

Guy Ratier a connu l’âge d’or de la brigade. Entre 1967 et 1971, avec son épouse, il a habité dans les murs de la gendarmerie après son affectation au poste du petit village varois. Le tournage du Gendarme en balade restera gravé dans leurs souvenirs…

varrapxxq124_pha_musee gendarme st tropez.JPG
Le gendarme ‘‘Ratier’’ de Saint-Tropez, et son épouse Huguette, sont venus découvrir le décor de l’ancienne gendarmerie, quelques jours avant l’ouverture officielle du musée du cinéma tropézienLe gendarme ‘‘Ratier’’ de Saint-Tropez, et son épouse Huguette, sont venus découvrir le décor de l’ancienne gendarmerie, quelques jours avant l’ouverture officielle du musée du cinéma tropézien
Photo Philippe Arnassan

Amusés et tout heureux d’être là! Guy et Huguette Ratier, 80 et 78 ans, ne regrettaient pas d’avoir fait le déplacement depuis Toulon pour observer la «nouvelle» ancienne gendarmerie de Saint-Tropez, devenue au fil du temps un lieu de pèlerinage touristique pour les cinéphiles du monde entier.

Seule petite ombre au tableau, ils n’ont pas eu de réponse pour une invitation officielle à l’inauguration du musée. «Ça nous aurait plu de participer à l’inauguration», ose-t-elle franchement.

>> LIRE AUSSI. PHOTOS. Découvrez en avant-première l’extraordinaire Musée tropézien de la gendarmerie 

Lui conserve une certaine réserve… toute militaire. Un impair qui sera certainement dissipé d’ici peu…

En découvrant la toute récente place Blanqui, livrée en fin de semaine dernière, le tandem joue aux inspecteurs des travaux finis: «Tu as vu comme c’est transformé!», s’extasie-t-elle.

La façade, «elle est bien refaite», observe-t-il. Madame, elle, aurait «préféré qu’elle reste grise, comme à l’origine».

Mais la place, «on ne l’a jamais connue comme ça. D’ailleurs, ce n’était pas une place mais un parking».

La chasse aux nudistes…

Les repères sont toujours là: «L’Hôtel de Paris et Prisunic» (sic). Puis, inévitablement et presque simultanément, leurs regards se portent sur l’ancienne gendarmerie.

Là où ils ont vécu. Entre 1967 et 1971. «Au troisième étage, fenêtre du bout, la cuisine donnait du côté de l’hôtel. On rentrait par devant», racontent-ils en chœur.

Les souvenirs sont à portée de main, dans leur cœur. Au tournant des années 70, cinq familles de gendarmes se partageaient le troisième étage de l’édifice. «Les bureaux étaient au second. Les douches étaient au rez-de-chaussée.»

Pour l’occasion – et la photo de presse – Guy a ressorti son képi. ça fait d’ailleurs beaucoup rire son épouse.

Guy Ratier avait 30 ans quand il a été affecté dans le petit port varois, en provenance de Savoie, se souvenant d’une vague escale «dans les années 50 quand j’étais dans la Marine». «J’étais folle heureuse», s’exclame cette Toulonnaise d’origine.

Le couple se replonge avec plaisir dans une époque «où les yachts étaient en bois».

L’ambiance était au rendez-vous: «Je me régalais le soir avec les peintres sur le port, les spectacles dans la rue. On participait», appréciait Huguette.

Mais une brigade où on ne chômait pas. «On disait qu’on prenait les meilleurs gendarmes à Saint-Tropez», car il y avait beaucoup d’activités, témoigne Guy.

La circulation automobile n’avait presque rien à envier à aujourd’hui: «Au Trézain, il y avait tout le temps des accidents».

Dans le film, on montrait de beaux bureaux, mais en vérité, ce n’était pas aussi bien. «On avait énormément de travail, surtout avec les plages.»

La chasse aux nudistes n’était pas qu’une idée de scénaristes. Des coupures de presse de Var-matin en attestent: «Oh, il y en avait pas mal à Pampelonne! C’était un peu sur la droite du Tahiti», se rappelle le militaire retraité, «même si c’était un peu exagéré dans le film».

Gendarmes pas si mythiques?

L’été n’était donc pas de tout repos. «Même la nuit, on tapait à la machine! Quand j’ai été muté à Toulon, j’ai cru que j’étais en vacances!».

A cette époque, deux films de la série ont déjà été portés sur les écrans: Le gendarme à Saint-Tropez et Le gendarme se marie.

Pourtant, au moment du tournage du troisième opus, en 1970, la saga n’a encore pas l’aura qui l’entoure aujourd’hui. «Cela n’était pas du tout mythique. Non, personne ne nous photographiait», assure en souriant Guy, qui constate l’engouement du public devant la façade de l’ancienne gendarmerie.

«Ca fait drôle de voir tous ces gens photographier l’endroit où on a vécu», confie le couple.

Dans quelques jours, le monde entier foulera leurs souvenirs…

«Michel Galabru nous faisait beaucoup rire»

Le tournage du Gendarme en balade restera gravé dans les souvenirs de Guy et Huguette. Pas tout à fait pour les mêmes raisons.

Lui réalisait son travail de militaire au quotidien: même si ce n’est pas tout les jours que l’on a l’occasion de voir un film en gestation avec les acteurs à la mode de l’époque. «On croisait de temps en temps BB, Henri Salvador, Romy Schneider. Mais on ne se serait jamais permis de les déranger», relève son épouse.

Mais pendant la production, le militaire Guy Ratier était souvent chargé «de surveiller les lieux de tournage. On n’apparaissait pas dans le film. D’ailleurs, aucune scène n’a été tournée à l’intérieur de l’ancienne gendarmerie, c’était juste pour le décor, les scènes extérieures bien sûr, à la plage aussi ou sur la route».

Par la force des choses, «on côtoyait les acteurs. Ils étaient tous formidables.Quelque fois, ils nous payaient l’apéro chez Aubour, à l’Hôtel de Paris».

« De Funès ne discutait pas, se souvient son épouse. Pendant les pauses, il avait sa chaise, et quelqu’un lui posait un chapeau sur la tête! Mais c’est moi qui lui ait demandé de faire une photo avec les gendarmes et il a accepté.»

«Michel Galabru, lui, nous racontait des histoires, se remémore Guy Ratier. Un jour, au carrefour de la Croix-de-fer, il a commencé à faire la circulation, habillé en gendarme. Il se débrouillait pas mal. Mais tout le monde riait.»

Huguette, elle, a eu l’opportunité de fréquenter les plateaux. «En tant que femme de gendarmes, on avait demandé s’il n’y avait pas de petits rôles».

Résultat, elle fera de la figuration comme religieuse dans une scène du pensionnat et aussi «dans une 2CV. J’ai participé également sur une scène d’accident où l’on patiente dans les bouchons. Avec ces trois jours de tournage, j’ai pu m’acheter une petite voiture d’occasion».

Au premier plan, à côté de Michel Galabru, Huguette Ratier. Au fond, juste derrière Jean Lefebvre, Guy Ratier dans son «costume de travail». Photo dédicacée par les principaux acteurs du long-métrage.

Source : Nice Matin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *