Liberté d’expression et d’association dans les armées : Le Lt-Colonel Jean-Hugues Matelly sort de sa réserve

La liberté d’expression pour les Gendarmes et pour tous les militaires ? 

Oui je crois que nous serons fixés le 02 octobre 2014.

Depuis le discours du DGGN  lors du congrès de  l’UNPRG tout semble s’accélérer, voire s’emballer.  Armée-Média s’interroge de savoir s’il s’agit d’un signal fort ou d’une manipulation ?

Profession-Gendarme a lu pour vous sur Armée-Média l’article que nous reproduisons ci-dessous et qui donne une partie de la réponse à la question posée précédemment. 

Si « JHM » sort de sa réserve, il faut nous attendre à de sacrés changements dans les prochains jours… En attendant  cela bouge à tous les niveaux au sein de la Gendarmerie…

 

 

Le Lieutenant-Colonel Jean-Hugues Matelly, qui fut membre fondateur puis vice-président de l’association « Forum gendarmes et citoyens » créée pour donner un cadre juridique au forum internet « gendarmes et citoyens » sort de sa réserve.

Rappelez-vous, au lendemain de l’annonce officielle de la création de l’association « forum gendarmes et citoyens », le directeur général de la gendarmerie nationale donna l’ordre à Jean-Hugues Matelly, alors chef d’escadron,  et aux autres gendarmes en activité membres de l’association d’en démissionner immédiatement, estimant que cette dernière présentait les caractéristiques d’un groupement professionnel à caractère syndical interdit par le code de la Défense. Jean-Hugues Matelly obéit et démissionna de l’association le 5 juin 2008, mais exerça un recours devant le Conseil d’Etat. Le 26 février 2010, le recours fut rejeté par le Conseil d’Etat

Jean-Hugues Matelly,  se plaignant d’une ingérence de l’Etat injustifiée et disproportionnée dans l’exercice de sa liberté d’association saisit la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH).

Depuis de longs mois, celui qui était le symbole du combat pour la liberté d’expression dans le milieu gendarmerie ne s’exprimait plus ni en public, ni dans les médias.

Le 2 octobre prochain, la CEDH rendra deux arrêts, l’un statuant sur la requête de l’ADEFDROMIL, et l’autre sur celle de Jean-Hugues Matelly.

Aujourd’hui, Jean-Hugues Matelly sort de sa réserve et publie un communiqué sur sa page facebook, En voici la teneur :

LE JOUR D’APRES-DEMAIN, JEUDI 2 OCTOBRE 2014

Chers camarades, chers amis,

Vous le savez, je suis resté, ces dernières années, tout particulièrement discret, notamment sur la toile. Il s’agissait, pour moi, de préserver la plus grande liberté de manœuvre possible pour le moment opportun.
Ce temps est arrivé.

En effet, saisie, notamment, par mes soins, il y a bientôt cinq ans, la Cour Européenne des Droits de l’Homme aura l’occasion, dans deux arrêts rendus après-demain*, jeudi 2 octobre 2014, de statuer sur la liberté d’association – et donc d’expression collective – des gendarmes et militaires français. Si, pour notre pays précisément, elle jugera de la conformité de certains articles du Code de la défense avec la Convention, ratifiée par la France, elle posera aussi, logiquement, et pour la première fois, des principes valables pour les forces armées de tous les pays du Conseil de l’Europe, soit plus de six millions de soldats, gendarmes, gardes civils, carabiniers… de quarante-sept pays.
Je ne sais rien, à l’heure où je publie ces lignes, du sens des arrêts à venir.

Peut-être ne changeront-t-ils absolument rien, laissant formellement toute marge d’appréciation aux États pour autoriser ou interdire ces libertés publiques, pourtant essentielles, à leurs citoyens que sont gendarmes, soldats et autres militaires. Dont acte, nous en resterons aux instances de concertation, aux forums internet et autres solutions palliatives, dans la longue attente d’une prise de conscience nationale, en espérant qu’elle n’interviendra pas, finalement, bien trop tard, au vu des perspectives historiques de long terme.
Peut-être, ces arrêts ouvriront-t-ils, au contraire, de nouveaux horizons, vastes ou plus mesurés, aux citoyens en uniforme. Je voudrais vous en dire quelques mots.

Ce qui peut advenir, dans les jours prochains, sera un champ nouveau de possibilités, ouvert à tous les militaires, pour tous les militaires. Ce ne sera la victoire de personne, la défaite de personne : les oppositions artificielles – états-majors / terrains, officiers / sous-officiers / militaires du rang, actifs / retraités / réservistes, gendarmerie / armées, pour ne citer que les plus triviales – n’ont aucun sens ici. Contre les apparences, les perspectives nouvelles ne seront pas, en réalité, le résultat d’une confrontation, mais bien l’aboutissement du long et complexe cheminement d’une idée, d’un idéal. Un idéal de liberté pour ceux qui défendent – si nécessaire par la force des armes et au prix de leur vie – la liberté de tous.

Pour mille raisons légitimes, vous avez pu partager et partagez toujours cet idéal, et peut-être ressentirez-vous, dans les moments à venir, joie et espoir. Pour mille autres raisons, tout aussi légitimes, qui tiennent, par exemple, à l’éducation, à la formation reçue, à la tradition, au respect envers les règles préexistantes, serez vous, peut-être, incrédules, déçus ou emplis de doute.

Prenez alors le temps de songer à ce que vous pourriez, voudriez apporter aux changements à venir. Car cet idéal n’est pas porteur d’un système figé, imposé, prédéfini qui viendrait succéder point par point à un système antérieur. Non. Cet idéal est ouvert à tous et il ne prendra corps concrètement que grâce à la participation de tous, en intégrant vos attentes, vos espoirs comme vos déceptions et vos doutes, tout en écartant, évidemment, les excès de l’exaltation ou de la colère.

C’est bien à l’ensemble des militaires d’active, en n’oubliant ni nos familles, ni nos aînés sous les armes, ni ceux qui s’engagent au quotidien avec nous – dans les forces de réserve ou sous le seul mais si beau signe de l’amitié – qu’il appartiendra de bâtir, avec le souci constant de notre responsabilité première envers nos concitoyens, de nouveaux modèles d’expression, participant du débat d’idée absolument nécessaire à toute démocratie digne de ce nom.

A très bientôt, je l’espère, ici ou ailleurs.

Jean-Hugues Matelly

Source : Armée-Média

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