Lettre du poilu restituée : quand les réseaux sociaux aident la police

L’appel lancé sur les réseaux Facebook et Twitter de la police marseillaise a reçu de nombreuses propositions d’aide à l’enquête, notamment des passionnés de généalogie. AFP/BORIS HORVAT

«C’est une histoire magique que cette enquête participative sur fond de Grande Guerre.» Camille Chaize, commissaire chargée des réseaux sociaux, explique comment la police s’appuie sur les internautes pour faire avancer ses enquêtes.

C’est l’intense passion des internautes et des twittos qui a permis à la police marseillaise de retrouver la famille d’un poilu, Jean Soulagnes, dont la lettre d’adieu avait été volée lors d’un cambriolage.

La commissaire Camille Chaize est adjointe au chef du SICOP (Service d’information et de la communication de la police nationale). Elle est notamment en charge des réseaux sociaux, des outils de plus en plus efficaces comme vient de le démontrer cette émouvante affaire. Elle nous explique l’intérêt de ces outils pour les enquêtes.

Le compte Twitter @PoliceNat13 a reçu des milliers de messages de soutiens, mais aussi l’assistance de généalogistes pour retrouver les descendants du poilu Jean Soulagnes. C’est la force des réseaux ?

Camille Chaize. C’est une histoire magique que cette enquête participative, à la fois policière et généalogique, sur fond de Grande Guerre. Tout est parti de l’initiative du policier qui a trouvé cette lettre et qui est un passionné d’Histoire. Le résultat est à la fois le fruit du hasard et du bon sens policier. Il y a d’abord eu un appel lancé sur les réseaux Facebook et Twitter de la police marseillaise qui a suscité spontanément de nombreuses propositions d’aide à l’enquête, qui a mobilisé des passionnés de généalogie. L’aspect historique et l’empathie que l’on peut avoir avec ce poilu qui a écrit cette lettre d’adieu en 1915 ont sans doute aussi joué. Cette affaire montre qu’il n’y a pas que de la haine et de l’inintelligence sur les réseaux, mais aussi beaucoup de gens qui souhaitent aider.

 

Quelle est la stratégie de communication de la police sur les réseaux sociaux ?

1,6 million de personnes nous suivent sur Facebook et nous avons 408 000 followers sur Twitter où la police est présente depuis 2012. Mais cela a pris de l’ampleur depuis les attentats de 2015. Nous y gérons la communication en cas de crise, nous y faisons passer des messages de prévention ou qui montrent l’action de la police nationale. Mais c’est surtout un outil opérationnel pour les appels à témoin ou les avis de recherche. Le plus marquant de ceux que nous avons diffusés est celui de Salah Abdeslam, impliqué dans les attentats de Paris. Il y a des gens qui sont sur la Toile et qui veulent contribuer à aider la police.

C’est un moyen d’être en contact direct avec la population ?

Nous recevons des centaines de posts tous les jours. Les réseaux sociaux sont les moyens d’une proximité moderne, et permettent une plus grande réactivité et un gain de temps très appréciable. Après une série de cambriolages dans le Vaucluse l’an dernier, les enquêteurs avaient mis la main sur plus de 500 objets volés, dont de nombreuses œuvres d’art : dessins, tableaux, sculptures… En lançant un appel à victime sur Twitter, nous avons pu les restituer, après vérification, à soixante et onze propriétaires qui nous avaient contactés. Nous voulons généraliser cette politique en ouvrant progressivement des comptes dans toutes les Directions départementales de Sécurité publique.

Source : Le Parisien

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