Les gestes suicidaires en hausse chez les adolescentes et les jeunes femmes

À l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide, l’Observatoire national du suicide publie son cinquième rapport. Ce dernier revient sur l’impact qu’a eu la pandémie sur la santé mentale et le mal-être des personnes. Si le nombre de suicides est moins important, les situations de détresse psychologique, elles, se renforcent, surtout chez les plus jeunes.

La pandémie de coronavirus a affecté notre quotidien, de nos activités professionnelles à notre vie personnelle. L’isolement généré par les différents confinements imposés, le stress engendré, la précarité dans laquelle se sont retrouvées certaines personnes ont renforcé les situations de mal-être et le sentiment de solitude des plus fragiles.

Dans son cinquième rapport, mené par la Direction de la recherche, des études et des statistiques (DREES), l’Observatoire national du suicide présente les premiers chiffres liés à l’impact qu’a eu la pandémie sur le nombre de suicides en France.

Un premier constat, qui peut sembler paradoxal : les décès par suicide ont baissé respectivement de 20 % et 8 % durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. La baisse est constatée également chez les personnes hospitalisées pour tentatives de suicide sur la même période.

3114, le numéro unique d’écoute de prévention du suicide lancée

La DREES indique que cette tendance baissière du nombre de gestes suicidaires est perceptible dans la plupart des pays aux revenus élevés ou moyens. « Le sentiment de partage d’une épreuve collective, le moindre accès à certains moyens létaux, une surveillance accrue par les proches et une grande adaptation du système de soins psychiatriques peuvent expliquer ce phénomène », explique l’organisation dans son rapport.

Mais cette épreuve collective a laissé des traces. Et les données de la DREES le prouvent : à partir de début 2021, le nombre d’hospitalisations pour des gestes suicidaires augmente gravement. En particulier chez les adolescentes et jeunes femmes de 10 à 24 ans.

Après le deuxième confinement, La Montagne avait recueilli une centaine de témoignages d’étudiants et souvent plus d’étudiantes sur leur situation de mal-être quotidien. Perte de confiance en soi, en l’avenir, stress, isolement, nombre d’entre elles et eux montraient une véritable détresse pouvant mener à des pensées voire des actes suicidaires.

Généralement, les hommes se donnent la mort davantage que les femmes : entre janvier 2020 et mars 2021, la DREES comptabilise 8.415 décès par suicide d’hommes, contre 2.790 chez les femmes. Cependant, le nombre de tentatives de ces dernières, forme d’expression de ce mal-être profond, est presque quatre fois plus fréquent que chez les hommes. L’Observatoire national du suicide l’explique par une « plus grande vulnérabilité psychologique des jeunes face à la crise sanitaire, [qui] a agi comme un facteur de risque supplémentaire à une santé mentale dégradée et aux conduites suicidaires. La crise du Covid-19 a joué un rôle d’accentuation et de révélateur. »

Le poids du vécu renforce les risques suicidaires

Ces situations de détresse sont, d’autre part, renforcées en fonction de la situation socio-démographique des victimes. En fonction de son genre, une femme aura 1,3 fois plus de chance d’avoir des idées suicidaires que les hommes, quand, pour une personne non-binaire, ce risque sera quatre fois plus élevé.

Structures d’accueil et d’écoute des personnes en souffrance adhérentes à l’Union nationale prévention suicide (UNPS).

Ce même ratio s’applique aux personnes ayant des antécédents de suivi psychiatrique. Une qualité de logement faible et, a fortiori, être en situation de précarité, mène à des pensées suicidaires 1,4 fois plus souvent que lorsque la qualité de vie est confortable. Enfin, les personnes qui ne se sentent pas intégrées ont 5 fois plus de chance de tenter de se suicider. L’histoire de Dinah, lycéenne de 14 ans ayant mis fin à ses jours suite à un harcèlement raciste et lesbophobe quotidien de ses camarades, en est un exemple.

« En parler peut tout changer »

L’orientation sexuelle entre aussi en considération : le risque de suicide est aussi quatre fois plus élevé pour une personne lesbienne, gay, bie ou trans. C’est pour cela qu’il est important d’identifier les signes de détresse d’une personne en mal-être pour l’aider au mieux. Des associations comme Dites je suis là apportent des clés pour que l’entourage des personnes en souffrance puisse réagir.

Localement, l’Union nationale prévention suicide rassemble de nombreuses associations adhérentes, répertoriées sur son site internet. Vous trouverez aussi d’autres ressources ci-dessous en cas de besoin :

  • 3114 : numéro gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national, ce numéro permettra d’apporter une réponse aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire ;
  • Suicide Écoute : 01.45.39.40.00 (24h/24, 7j/7) ;
  • SOS Suicide Phénix : 01.40.44.46.45 (24h/24, 7j/7) ;
  • SOS Amitié : 09.72.39.40.50 (24h/24, 7j/7) ;
  • l’association PsyGay·e·s : https://www.psygay.com/contact.

Nicolas Certes

Source : La République du centre

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