Les gendarmes déjà à l’heure du 3.0

Mi-2016, les tablettes connectées sont arrivées dans les unités de gendarmerie d’Indre-et-Loire. De quoi être toujours plus réactif. Et davantage sur le terrain.

D  elta, yankee, 989… L’un des gendarmes de communauté de brigades de Chambray-lès-Tours indique à l’adjudant Romain F… la plaque d’immatriculation qui figure sur la carte grise du véhicule dont le conducteur vient d’être contrôlé, au cœur de Chambray, en ce froid mercredi matin.
Quelques secondes suffisent à l’adjudant pour obtenir un résultat : le nom du propriétaire du véhicule, savoir si ce dernier ou même seulement les plaques d’immatriculation ont été volés…

Depuis plusieurs mois désormais, les militaires du groupement de gendarmerie d’Indre-et-Loire sont équipés de tablettes. A première vue, elles ressemblent en tout point à celle que vous utilisez chez vous pour jouer ou faire vos courses en ligne.
Une petite exploration suffit cependant à comprendre que « Neogend », la tablette tactique du gendarme, permet de disposer n’importe où d’une mini-brigade mobile. Aujourd’hui, chaque unité dispose d’une tablette. Les « PAM », premiers à marcher, l’emportent à chaque mission. Un outil de plus pour travailler mieux, permettre une réactivité opérationnelle et occuper davantage encore le terrain.
Pour cette autre conductrice contrôlée, la tablette lit les informations contenues dans la bande MRZ de sa carte d’identité. Plus la peine de rentrer les données (à l’exception de la ville de naissance).

Plus besoin d’un gros classeur

« Rien au fichier », indique la tablette. Tout va bien. Et l’automobiliste peut repartir. « C’est un gain de temps indéniable pour l’interrogation des fichiers », constate le lieutenant L’Hostis, commandant de la communauté de brigades de Chambray-lès-Tours.
L’adjudant Romain F…, confirme : « C’est assez intuitif, pratique… et transportable. » Une nouvelle étape après des années pendant lesquelles les militaires ont travaillé avec le terminal informatique embarqué (TIE).
Plus la peine, donc, d’appeler le centre opérationnel de la gendarmerie pour interroger tel ou tel fichier. Une nouvelle ère qui, dès le début de l’été prochain, trouvera une autre déclinaison avec le déploiement des téléphones pour chaque gendarme.
« Ce sera la même chose, mais dans la poche ! », précise l’adjudant. Sur un accident, les photos prises par la tablette sont directement intégrées à la procédure.
Quand la couverture de l’opérateur téléphonique est défaillante ou inexistante, la liaison interne à la gendarmerie prend le relais.
En temps réel, les gendarmes (dont 80 % des véhicules en service sont désormais géolocalisés) peuvent agir. De quoi renforcer le service opérationnel. Et l’anticiper. « Dans le cadre d’un Filet bleu, on peut réarticuler le dispositif en deux temps-trois mouvements », expliquele commandant Tanguy Landais, en charge de la compagnie de Tours.
Les cartographies sont aussi déclinées à l’envi. Qu’elles concernent les sites classés Seveso d’un territoire, les aires d’accueil des gens du voyage, les personnes placées sous protection en raison notamment de leur activité professionnelle, etc. La tablette permet, en outre, de dresser des procès-verbaux électroniques (PVE) qui sont directement adressés à Rennes (Ille-et-Vilaine), puisque tout est dématérialisé.
De quoi s’acquitter plus rapidement des tâches chronophages et répétitives.
Les habitués de l’Opération Tranquillité Vacances (OTV) ne le savent peut-être pas mais leur maison apparaît désormais sur l’application « qui révolutionne la vie des patrouilles ».
La tablette sur les genoux, le chef de bord peut valider le passage, enregistrer la fréquence des visites. Il n’y a pas encore si longtemps, les militaires embarquaient avec eux un volumineux classeur papier. Une autre époque.
A terme, les gendarmes pourront rédiger toute la procédure in situ. De quoi imaginer d’autres formes d’accueil dans les gendarmeries ? A suivre.

repères

> Les gendarmes d’Indre-et-Loire sont, depuis le début de l’été 2016, équipés de tablettes. Une par unité. Soit 60 exemplaires en tout (unités et offiiciers de commandement). L’expérimentation avait été menée dans le Nord.
> A la mi-2017, chaque militaire sera doté d’un téléphone aux mêmes possibilités.
> C’est en janvier 2016 que Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur avait, lors du Forum international de la cybersécurité, annoncé la dotation de 60.000 équipements numériques pour les gendarmes et les policiers d’ici la fin de l’année 2017.

Vanina Le Gall

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