LE MONDE D’AVANT

Encore un beau texte, puisse t-il éveiller quelques pro PASS…

De Lola-Jane Brooks trouvé sur sa page Facebook.

A partager un maximum…

LE MONDE D’AVANT

Les 6 millions.

Suite à l’énième discours de notre Petit Père des peuples, mardi 9 novembre dernier, j’ai appris que nous serions 6 millions de Français non-vaccinés, c’est-à-dire 6 millions de personnes de plus de 12 ans à n’avoir reçu aucune dose des vaccins – pourtant tous plus efficaces et dénués d’effets secondaires les uns que les autres – injectés depuis décembre 2020.

Je vous rappelle, comme l’a dit notre gouvernement, qu' »on peut débattre de tout, sauf des chiffres » et que je m’abstiendrai donc de remettre en cause celui-ci. Néanmoins, je suis un peu taquine, et dans la mesure où je lis tous les jours la presse avidement, je me permettrai de noter que tantôt, la France comptait 85% de vaccinés et tantôt 75%. Mais passons sur ce riquiqui point de détail.

Bref, va pour 6 millions.

Depuis décembre 2020, certains Français sévèrement immunodéprimés, ont déjà reçu 4 doses de vaccins anti-covid, plus une dose de vaccin contre la grippe, soit 5 doses en l’espace de moins d’un an. On peut imaginer que les concernés aient reçu une dose d’Astra Zeneca, avant que ce vaccin ne soit rayé de la carte, qu’ils aient enchaîné sur du Moderna, avant qu’il ne soit déconseillé pour les rappels, avant de finir par deux doses de Pfizer. Certains de nos concitoyens se sont donc transformés en cocktail humain au nom de la « science ». Si j’étais vilaine langue, je dirais au nom de la Finance, mais je me contenterai de le penser très fort.

Avant le Covid, il m’arrivait de temps en temps, de faire des cauchemars, et je me réveillais, heureuse de me retrouver dans la réalité. Depuis le Covid, c’est le contraire. Je fais souvent de merveilleux songes dans lesquels je vais chercher des livres à la bibliothèque, et quand je me réveille, je me retrouve toujours dans ce putain de cauchemar, où il m’est interdit de franchir les portes d’un lieu culturel.

C’est quelque chose que les vaccinés, même de la meilleure foi, ne peuvent comprendre. Vous l’aurez sans doute remarqué aussi, quand vous évoquez la situation absurde actuelle, la ségrégation politique à l’œuvre, ils font semblant de ne pas avoir entendu, ils répondent tout à côté, ils éludent la question. Que des amitiés se soient brisées, que des couples se soient séparés, suite au contexte actuel, n’a rien d’une surprise. Quand votre intégrité est attaquée, quand votre citoyenneté est niée, quand vous êtes rabaissée au point de ne plus être rien, si les personnes qui se disent vos amis, vos amours, vos proches, ne s’indignent pas, ne se mobilisent pas pour vous, ne daignent pas vous envoyer des messages de soutien face à une situation absurde et injuste, c’est qu’assurément, vous n’avez jamais rien valu pour eux.

En réalité, ils ne peuvent comprendre car, qu’ils l’utilisent ou non, ils ont leur « pass », soit la récompense pour avoir bien suivi les ordres du gouvernement.

De mon côté, dépourvue de ce précieux sésame de la honte, tout me rappelle que je ne fais plus partie de ce monde, que je suis exclue de mon propre pays. Depuis juillet dernier, c’est simple, je n’ai plus qu’un seul droit, celui d’aller travailler et de faire les magasins. Pour produire et consommer, on me fait la grâce du vaccin, mes miasmes sont tolérés. Je peux même donner mon sang et payer mes impôts. Tout le reste m’est interdit.

Quand je marche dans les rues de ma ville, j’y pense non-stop. Je frôle des terrasses de restos et de cafés, je vois s’installer le marché de Noël sur toutes les places du centre, marché et places qui me seront donc interdits sans pass durant deux mois. Quand je croise des gens, je me dis qu’ils sont probablement vaccinés, que certains d’entre eux sont peut-être piqués trois fois, alors que je n’ai toujours reçu aucune dose. Jamais de toute ma vie, je n’aurais pensé m’intéresser au statut vaccinal d’inconnus croisés sur le trottoir. Ni à celui de mes proches. La santé est une affaire privée. Mais toutes les digues ont sauté.

Depuis le 13 juillet, je me sens comme une dissidente, même si rien ne peut trahir mon statut d’ennemie de la Nation.

Et il faut savoir encaisser cette exclusion d’une violence inouïe, car elle n’est pas le fait uniquement d’un gouvernement inique, mais bien celle de tous ceux qui la soutiennent activement, ou silencieusement.

Mais j’essaie de toujours tirer une leçon même des pires événements. Et je sais que je ne suis pas la plus mal lotie.

Les non-vaccinés ne sont pas les premiers à vivre une discrimination au plein jour. Je pense à mes deux camarades de fac noires, avec qui j’avais monté un vidéoreportage. J’ai vu le racisme à l’œuvre dans toute son horrible banalité tout au long de notre projet. Je m’en veux d’ailleurs encore de n’avoir pas réagi suffisamment fort. J’ai pris le train pendant 4 ans, j’ai vu vers qui les flics et les contrôleurs des douanes se dirigent systématiquement. La ségrégation d’Etat est une réalité de longue date pour beaucoup.

De mon côté aussi, l’exclusion ne m’est pas inconnue et je la vis sans doute mieux que beaucoup. Cela ne me dérange pas de ne pas suivre la masse, de faire mes propres choix. Je préfère me respecter et respecter les valeurs qui m’ont été inculquées : gentillesse, solidarité, refus de l’injustice, respect de la médecine.

Je ne mourrai pas non plus de ne plus pouvoir manger de la nourriture surgelée au resto.

Je pense surtout aux gens malades qui ne peuvent plus se soigner, aux cancéreux, aux dialysés privés de soin car ils ont déjà bien assez de problème de santé pour se permettre de risquer leur vie. Je pense à ma tante au Luxembourg, obligée de revêtir une blouse de couleur en tant que non-vaccinée pour la distinguer de ses collègues vaccinées en blouse blanche, et qui doit se tester tous les jours pour garder son travail. Je pense à ces enfants de 12 ans qui se voient interdits d’entrée dans une médiathèque, dans un musée, dans un cours de sport, je pense à ma cousine montrée du doigt par son prof, parce qu’elle n’est pas piquée. Ces enfants et ces ados pourront-ils surmonter ce traumatisme ?

Grâce à l’Etat, je sais désormais comment se forment les communautarismes, comment se nourrissent les haines. Je sais que quoi qu’il advienne, il n’y aura plus de société apaisée possible, pas de réconciliation envisageable, c’est trop tard et c’est allé trop loin.

Il n’y aura définitivement plus de monde d’avant.

image située sous le texte sur la page FB à l’intention de ceux qui ont apprécié cet écrit

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