Le cirque continue… aux frais des Français
Auteur(s) Xavier Azalbert, France-Soir Publié le 07 octobre 2025 – 10:23

Le cirque continue… aux frais des Français
DR, France-Soir
Résumé pour les pressés : le cirque Macron, épisode Lecornu – toujours plus absurde, toujours à nos frais !
Compatriotes débordés, voilà le dernier tour de piste du « Mozart de la finance » : dimanche 5 octobre 2025, Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre il y a 28 jours par Emmanuel Macron, annonce un gouvernement « partiel » de 20 ministres – quasi identique à celui censuré par l’Assemblée. Résultat ? Lundi 6, à 10h, il démissionne après 14 heures chrono ! Zéro jour travaillé, mais jackpot assuré : grâce à la loi organique de 2013, ces « fidèles » empochent 3 mois de salaire chacun (36 000 € net par tête, près d’1 million au total pour nous, contribuables). Pire, 16 d’entre eux touchent déjà une indemnité similaire du mois dernier – soit 6 mois payés pour 1 mois d’intérim bidon. Du mépris pur : Bruno Le Maire, artisan de nos 1 000 milliards de dette supplémentaire, nommé aux Armées ; Roland Lescure, rescapé des gouvernements haïs Borne et Attal ; et Éric Woerth, « roi du non-lieu », impliqué dans l’affaire Sarkozy (condamné à 5 ans ferme). Heureusement, ça a duré une nanoseconde – évitant deux ministres renvoyés en correctionnelle (avec Rachida Dati en bonus pour 2026).
Mais ne nous y trompons pas : c’est délibéré. Macron joue la montre pour pourrir institutions, économie (Bourse -2 % hier, milliards envolés) et social, visant le chaos qui justifiera l’article 16 et ses pleins pouvoirs. Dissolution bis en vue ? Il acceptera toutes les démissions… sauf la sienne, fidèle à sa devise : dire blanc, faire noir (rappelez-vous son « grand débat » pipeau post-Gilets : « Un vrai désaveu = je pars » ? Ben non).
Seul remède : l’empêchement via le Conseil constitutionnel (comme notre saisine de 2024, retoquée sans examen) ou destitution. Le RN et LFI, en bons collaborateurs masqués, bloqueront. La solution miracle ne viendra pas des pros de la gamelle. À nous, peuple : levez-vous sans violence ! Reprenons notre destin.
PS : Relançons massivement l’empêchement – c’est notre levier ultime. Demande type : constater l’empêchement de Macron ; intérim au Sénat si provisoire ; élections en 20-35 jours si définitif. Agissons, avant que le cirque ne nous enterre !
*** Édito ***
Pas le Pinder, le cirque plein d’air. Le vent en lequel consiste la communication publique de celui que les médias nous ont faussement vendu comme étant « le Mozart de la finance » : Emmanuel Macron, le champion du monde toutes catégories en pipeau, flûte, violon, etc.

Sa spécialité ? Le concerto pour naïfs. Et il vient justement d’en donner un nouveau récital, magnifique, ce week-end, depuis son lieu de concert préféré : le palais de l’Élysée.
En effet, que s’est-il passé ce week-end ? Ce dimanche 5 octobre 2025 après-midi, vers 19 heures, Sébastien Lecornu, le énième nouveau Premier Ministre qu’Emmanuel Macron avait nommé il y a 28 jours (9 septembre 2025), a donné la liste des membres de son gouvernement. Un gouvernement « partiel » (d’autres nominations devaient intervenir) de 20 ministres en comptant les deux ministres délégués qu’il avait formé avec Emmanuel Macron, puisque l’article 8 de la Constitution dit ceci :
« Le Président de la République nomme le Premier ministre. » et « Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. »
Mais ce matin, lundi 6 octobre 2025, vers 10 heures, Sébastien Lecornu a présenté sa démission. Soit 14 heures plus tard. Moins d’un jour, donc. Ainsi, normalement, les membres du gouvernement Lecornu ne devraient pas bénéficier de cet adage populaire : « Ministre un jour, ministre toujours. »
Eh ben si ! Mieux, même. Ils ont inauguré là l’application outrancière au possible de la loi organique n° 2013-906 du 11 octobre 2013 : « Ministre un jour, ministre indemnisé trois mois. »
En effet, cette loi organique détermine que tout membre d’un gouvernement démissionnaire perçoit une indemnité de départ égale à 3 mois du « salaire » (traitement) du poste qu’il occupait. En outre, ces ministres auront « travaillé » zéro jour en fait, puisque l’acceptation de la démission du gouvernement par le Président de la République, est intervenue avant leur prise de fonction matérielle. Mais étant donné que le décret de nomination de ce Gouvernement a été publié hier, dimanche 5 octobre 2025, juridiquement, l’entrée en fonction de ces ministres est intervenue aujourd’hui, lundi 6 octobre 2025, lendemain de la publication dudit décret, à zéro heure. Or, c’est la date de l’entrée en fonction juridiquement qui compte, pour valider le reste, et non pas la prise de fonction matérielle. Et c’est pour ça d’ailleurs que Sébastien Lecornu a pu présenter la démission de son gouvernement : si l’entrée en fonction de ce gouvernement, hier, n’était pas intervenue, la démission de ce gouvernement n’aurait pas pu être présentée. Et c’est aussi pour cette raison-là que Sébastien Lecornu a dû attendre aujourd’hui pour présenter la démission de son gouvernement. L’entrée en fonction d’un gouvernement étant effective seulement le lendemain de la publication du décret portant nomination de ce gouvernement, et non pas le jour même, Sébastien Lecornu ne pouvait pas présenter valablement la démission de son gouvernement hier (date de publication du décret portant nomination) : il pouvait le faire uniquement à compter d’aujourd’hui.
Pourquoi ? Parce que pour le spectacle Macron et ses alliés, cela aurait porté le mépris envers le peuple français à un niveau extrême. Et cela aurait relevé là le curseur du plaisir de cet être « complexe, voire pervers » que le principal acteur de cette mascarade politique à lui-même avoué être).
Certes, c’était au conditionnel. Mais parmi les décisions qu’il a prises depuis 8 ans, nombreuses sont celles qui matérialisent la condition qu’il a donnée lui-même comme étant celle qui, justement, matérialiserait pleinement cet être « complexe, voire pervers » qu’il serait bel et bien, auquel cas.
Et si je me permets de penser que si le spectacle Macron et ses alliés avait pu pousser ce mépris jusqu’à une démission du gouvernement Lecornu opérée le même jour que le jour de sa nomination, ils l’auraient fait, c’est parce qu’avec la composition du gouvernement Lecornu, ce mépris avait déjà été porté à un très haut niveau. À quatre petites exceptions près, la composition du « nouveau » gouvernement, qu’Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu ont nommé hier, était exactement la même que le gouvernement qui a été censuré par l’Assemblée nationale. C’est-à-dire le gouvernement dont l’Assemblée nationale ne voulait plus, et dont, de fait, le peuple français ne voulait plus, puisque les membres de l’Assemblée nationale, officiellement, sont les représentants du peuple français. C’est ainsi que, alors que le peuple français n’en veut plus, d’un gouvernement ainsi composé, qu’ont fait Macron et Lecornu ? Ils ont nommé à la place, quasiment le même gouvernement. Si cela n’est pas une provocation intolérable !?!
Bon, je pense comme vous, Macron et Lecornu n’ont pas poussé ce mépris jusqu’à remettre dans ce « nouveau » gouvernement, les mêmes personnes que dans le précédent ; à savoir en mettant François Bayrou ministre des Armées à la place de Sébastien Lecornu devenu Premier Ministre, et en reconduisant tous les autres ministres aux mêmes postes.
Mais en refaisant de Bruno Le Maire un ministre d’État (ministre des Armées), Macron et Lecornu ont poussé ce mépris quasiment aussi haut que s’ils avaient reconduit les mêmes comme susdit. Voire l’ont-ils poussé encore plus haut ? Car n’oublions pas que dans l’esprit du peuple français, Bruno Le Maire est le ministre de l’Économie et des Finances qui a mis la France en faillite, et qui en plus s’est presque permis d’insulter ouvertement les représentants du peuple français, lorsqu’il a comparu devant la Commission parlementaire, l’interrogeant sur sa gestion des comptes publics pendant les 7 années durant lesquelles il fut ministre de l’Économie et des Finances.
Et aux mille milliards que Bruno Le Maire a ajoutés à la dette publique que le peuple français doit rembourser, s’ajoutent les trois mois de traitement que Bruno Le Maire, ministre démissionnaire, va percevoir en tant qu’indemnité de départ, alors qu’il aura « travaillé » zéro jour, zéro heure, zéro minute, zéro seconde. Comme tous les autres ministres de l’ex-gouvernement Lecornu, Bruno Le Maire va percevoir une somme importante de 36 mille euros net, soit environ 50 mille euros avec les charges patronales, payées, elles aussi, qu’elles sont avec l’argent du contribuable. Et au total c’est donc pas loin d’un million d’euros environ), que coûte au peuple français l’épisode du Gouvernement Lecornu, alors que, je le répète exprès, les ministres de ce Gouvernement n’ont absolument rien fait. Cette gabegie budgétaire, dans un contexte de crise économique persistante, illustre parfaitement l’écart entre les élites et les citoyens.

Pire ! Les 16 ministres sur 20 du gouvernement Bayrou qui ont été reconduits dans le gouvernement Lecornu, cette indemnité de départ de 3 mois de traitement, ils en avaient déjà touché une le mois dernier, quand le gouvernement Bayrou a démissionné. Dès lors, fût-ce en considérant qu’ils ont « travaillé » un mois depuis la démission du gouvernement Bayrou ; à savoir en tant que ministres assurant l’intérim du 9 septembre 2025 (démission du gouvernement Bayrou) au 6 octobre 2025 (démission du gouvernement Lecornu) ; et qu’à ce titre un mois de traitement leur est dû, vu qu’au total (3 mois + 3 mois) ça leur fait une indemnité de départ de six mois de traitement, ils auront bien perçu six mois de traitement alors qu’ils n’ont « travaillé » qu’un seul mois.
N’est-ce pas là une moquerie ouverte envers le peuple français ?
Car en outre, avec le gouvernement Lecornu, Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu ont refait ministres, deux autres individus dont le retour politique à cet endroit s’analyse obligatoirement comme une insulte faite au peuple français : Roland Lescure et Éric Wœrth.
Roland Lescure, ministre de l’Industrie dans le gouvernement Lecornu, fut ministre de l’Industrie dans le gouvernement Borne (gouvernement le plus haï par le peuple français), et reconduit dans le gouvernement Attal (gouvernement démissionnaire écarté par le peuple français via les élections législatives de 2024).
Et Éric Wœrth, ministre de l’Aménagement du territoire, de la Décentralisation et du Logement dans le gouvernement Lecornu, c’est encore plus choquant question mépris du peuple français. En plus d’avoir été trois fois ministre du condamné Nicolas Sarkozy, Monsieur Éric Woerth, alias « le roi du non-lieu », est impliqué dans l’affaire dans laquelle Nicolas Sarkozy vient d’être condamné à 5 ans de prison ferme. Aussi, malgré la relaxe que le tribunal correctionnel de Paris a prononcée pour lui, s’il se trouve que, comme il l’a annoncé, le parquet fait appel, la France, pays qui donne des leçons de probité au reste du monde, se serait retrouvée avec, dans son gouvernement, deux ministres poursuivis en correctionnelle : Éric Wœrth et Rachida Dati. (1)
Heureusement pour l’image du pays à l’international, le gouvernement Lecornu n’existe plus. Mais uniquement pour ce point précis de ne plus avoir au gouvernement deux ministres poursuivis en correctionnelle. Pour le reste, aujourd’hui, la France est encore plus la risée du monde qu’hier, et, c’est couru d’avance, elle le sera encore plus « demain » ; à savoir dans les jours et mois à venir. Cette instabilité chronique érode non seulement la confiance des marchés, mais aussi la souveraineté nationale.
Parce que ne soyons pas dupes. C’est délibérément qu’Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu ont nommé un gouvernement qui était voué à démissionner immédiatement. Obligatoirement voué, même, car d’une composition 100 % inacceptable par tous les partis politiques officiellement opposés à Emmanuel Macron, des partis qui à eux tous sont ultra majoritaires à l’Assemblée nationale, comparés aux partis politiques qui eux soutiennent Emmanuel Macron.
Dès lors, on pourrait dire que Sébastien Lecornu a été censuré par ses pairs, sans avoir eu le temps de tester la censure. Qu’il a vécu une censure de fait. Cependant, étant donné que donner au plus tôt la démission de son gouvernement était la feuille de route qu’Emmanuel Macron lui avait donnée, avec cette censure de fait, Sébastien Lecornu a pleinement accompli la mission pour laquelle Emmanuel Macron l’avait nommé Premier Ministre. À savoir, d’une part, permettre à Emmanuel Macron de continuer à jouer la montre grâce aux 28 jours sans rien qui ne s’est passé de positif pour la France depuis la nomination de Sébastien Lecornu, et d’autre part de pourrir la situation institutionnelle, économique et sociale du pays, puisque la France est toujours dans l’impossibilité d’avoir un gouvernement qui ne soit pas censuré d’office, et que la démission du gouvernement Lecornu a fait chuter la Bourse de Paris de deux points. Ce qui est énorme en un seul jour. Une telle volatilité boursière, équivalente à des milliards d’euros perdus pour l’économie française, souligne l’urgence d’une gouvernance stable.
Ainsi, grâce à Sébastien Lecornu, fidèle parmi ses fidèles, Emmanuel Macron va pouvoir poursuivre ce pourrissement jusqu’à la situation qu’il vise et dont je vous ai fait part avant-hier : le blocage des institutions et le chaos dans la rue lui permettant d’affirmer que les deux conditions factuelles exigées par l’article 16 de la Constitution sont réunies pour qu’il s’octroie les pleins pouvoirs.
Une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale (possible qu’elle est depuis le 9 juin 2025) paraît être la solution la plus appropriée pour la réalisation de ce « Parce que c’est notre projet ! » jupitérien. D’abord parce que la campagne législative et l’installation de la nouvelle assemblée feront tourner l’horloge pendant au minimum deux mois. Et ensuite parce que les résultats des urnes seront au moins autant défavorables à la macronie que lors de la dissolution précédente, et donc Emmanuel Macron pourra nous refaire le coup de nommer exprès, un Premier Ministre qui devra démissionner plus ou moins immédiatement après avoir mis un mois à nommer son gouvernement.
Et ça tombe bien (pour lui, pas pour nous), Emmanuel Macron acceptera toutes les démissions. Exceptée la sienne, bien sûr. Et c’est logique ! Depuis qu’il existe en politique (2014), l’occurrence venue Emmanuel Macron a toujours fait l’inverse de ce qu’il avait dit qu’il ferait si cette occurrence intervenait. Rappelez-vous la déclaration qu’il a faite à ce sujet. Ce fut durant la période du grand débat 100 % pipeau qu’il nous a imposé post mouvement des Gilets Jaunes :
« La réalité ; si on allait au bout de la logique ; le Président de la République ne devrait pas pouvoir rester s’il avait un vrai désaveu en termes de majorité. En tout cas c’est l’idée que je m’en fais, et qui est la seule qui peut accompagner le fait d’assumer les fonctions qui vont avec. »
Pourtant ils sont de plus en plus nombreux, voire la quasi-totalité de la classe politique à appeler à sa démission – 63% des Français en tête.
Seul « l’empêchement ») » en saisissant le Conseil constitutionnel tel que je l’avais fait avec France-Soir en 2024 (2), ou la destitution d’Emmanuel Macron pourraient mettre un terme à tout ce cirque.
Cependant, premièrement, confirmant là son rang de collaborateur principal d’Emmanuel Macron depuis 2017, le RN a dit et répété qu’il ne voterait pas cette motion, et deuxièmement si le Président de la commission des lois de l’Assemblée nationale refuse d’inscrire cette motion à l’ordre du jour, elle ne sera pas mise au vote. Comme cela avait été le cas en 2024.
Or, le Président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Florent Boudié, lui aussi est un fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron. En cela, c’est couru d’avance : il refusera d’inscrire à l’ordre du jour une motion de destitution d’Emmanuel Macron.
La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, autre super collaborateur d’Emmanuel Macron depuis 2017, peut ainsi continuer, lui, à hurler pour de faux au scandale. À vociférer en tant soi-disant qu’opposant numéro 1 à Emmanuel Macron, lui aussi (comme Marine le Pen et Jordan Bardella), et leader de ceux qui demandent sa destitution. À savoir avec comme fausse preuve à l’appui la motion de destitution que LFI a déposée.
Les Français l’ont compris : la solution miracle n’arrivera pas d’un professionnel de la politique. Tous ces rentiers du système vont continuer de faire en sorte que le cirque Macron et ses alliés continue, chacun d’eux interprétant le numéro (cracheur de feu, clown, prestidigitateur, funambule, ventriloque, homme canon, transformiste, dompteur de chatons et autres pourfendeurs de la démocratie) que le maître de cérémonie leur a confié en loge.

Voilà pourquoi je vous réitère ici, l’appel que je lance dans ces colonnes depuis une bonne dizaine d’éditos au moins, sans violence ni haine.
Lève-toi, peuple de France ! Reprends en main ton destin !
1) Rachida Dati doit comparaître devant le Tribunal correctionnel de Paris en septembre 2026.
2) le 3 juillet 2024, avec France-Soir, nous avons saisi le Conseil constitutionnel d’une demande en empêchement d’Emmanuel Macron.
Demande rejetée par le Secrétaire Jean Maïa sans même la soumettre au Conseil constitutionnel ! Il va donc falloir recommencer. La demande d’empêchement étant le seul acte que le peuple peut faire en nombre, étant donné que la dissolution ou la démission sont sur décision du président et que la destitution l’est sur décision des parlementaires. Mobilisons-nous massivement pour cette procédure, car c’est le levier démocratique ultime à notre portée.
En résumé, les requérants demandent au Conseil constitutionnel de :
- « Constater l’empêchement d’Emmanuel Macron à exercer les fonctions de président de la République, »
- Dans l’hypothèse où cet empêchement serait provisoire : « Juger que les fonctions de président de la République seront exercées provisoirement par le président du Sénat, »
- Dans l’hypothèse où cet empêchement serait définitif : « Ordonner la tenue de nouvelles élections présidentielles dans un délai de vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus, après l’ouverture de la vacance ou la déclaration du caractère définitif de l’empêchement. »
Source : France Soir
Lecornu et … biscornu !
Auteur(s) Alain Tranchant pour France-Soir Publié le 07 octobre 2025 – 11:02

Sébastien Lecornu
Mahe / Pool / AFP
En prenant ma plume, en ce dimanche après-midi 5 octobre, je ne pensais certainement pas sous-estimer la situation politique de notre pays en écrivant qu' »avec ce pouvoir, clairement à bout de souffle et qui n’en a d’ailleurs plus que l’apparence, nous aurons donc tout vu et tout entendu ».
Je livre mon texte aux lectrices et aux lecteurs de France Soir, sans y changer une virgule, avant d’y apporter les compléments qu’exige l’affligeant spectacle imposé au peuple français.
Voici donc mon travail dominical.
Nommé Premier ministre le 9 septembre, M. Lecornu – qui n’est très certainement, en l’occurrence, que le porte-voix de son maître élyséen – vient de lancer cette grande idée : le gouvernement renonce à l’un des pouvoirs que lui donne la Constitution du 4 octobre 1958 : l’article 49 alinéa 3.
Convenons qu’il fallait y penser ! Après le « j’y suis, j’y reste » du président de la République censuré par les suffrages du peuple français dans les urnes de 2024, après le « je me barre » théâtral du sieur Bayrou, voici donc le « débrouillez-vous avec le budget » lancé aux députés par l’actuel occupant de Matignon, le 6ᵉ depuis l’élection présidentielle de 2022, le 4ᵉ en moins de deux ans !
Dans les prochaines semaines, le Palais Bourbon va renouer avec les grandes heures des défuntes Républiques et connaître à nouveau son lot quotidien de marchandages en tous genres. Le cirque politique va donc continuer. Tout cela ne peut que mal finir.
En d’autres temps, à propos du projet de Georges Pompidou tendant à ramener la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, en révisant la Constitution par la voie parlementaire et non par référendum, le fils du fondateur de la Vᵉ République, Philippe de Gaulle, m’écrivait le 11 octobre 1973 : « Le réflexe historique de toutes les Assemblées parlementaires du monde va toujours dans le sens d’un amoindrissement de l’Exécutif ».
En cet automne 2025, l’innovation est grande, très grande même. C’est « l’Exécutif » qui organise son propre « amoindrissement ». Et M. Lecornu ose faire cela en se référant à la Vᵉ République. En réalité, c’est un clou supplémentaire sur le cercueil des meilleures institutions qui ont été données à la République depuis sa naissance.
Sur Internet, j’ai contrôlé la définition du mot « biscornu », qui rime si fort avec « Lecornu » : « Qui est de caractère absurde, extravagant : esprit biscornu ».
Le dictionnaire Le Robert abonde dans le même sens : « Compliqué et bizarre. Une idée biscornue ».
Vous avez dit « bizarre », en effet. Soyons-en assurés : si le pouvoir organise son propre amoindrissement, ce n’est sûrement pas sans arrière-pensée. Les députés de la nation seraient bien inspirés d’y réfléchir.
Et voilà maintenant l’analyse des derniers évènements absolument inqualifiables.
Lundi 6 octobre, au petit matin, je découvre la « une » de « Presse-Océan », journal de la Loire-Atlantique : « Un gouvernement pour combien de jours ? »
Bien sûr, il est de notoriété publique que l’arithmétique parlementaire étant ce qu’elle est, le président de la République peut nommer Pierre, Paul ou Jacqueline à l’Hôtel de Matignon, les chances de survie du locataire peuvent aller de 3 mois (Barnier) à 9 mois (Bayrou). C’est ce que les laudateurs du soi-disant « socle commun » appellent la « stabilité », mot-clé de leur langage stéréotypé. On fait ce qu’on peut en ces temps difficiles pour la Macronie. Et on peut peu !
Quelques heures plus tard, je suis en voiture quand j’apprends que M. Lecornu vient de présenter la démission de son gouvernement au prince qui l’avait envoyé à Matignon, il y a quelque 26 jours, en récompense de ses bons et loyaux services depuis 2017.
Je m’étais bel et bien trompé en écrivant la veille que « nous avions tout vu et tout entendu ». Il sera dit que dans l’agonie du pouvoir macronien rien ne sera épargné au peuple français. Record à battre, et plus que difficile à battre : le gouvernement Lecornu aura tenu une nuit ! J’espère au moins que les ministres de ce gouvernement éphémère ne seront pas rémunérés pour cette nuit qui n’a évidemment pas été une nuit de travail …
Mais la journée du lundi 6 octobre n’était pas terminée. En fin d’après-midi, toujours en voiture, j’apprends comme tout un chacun que si l’occupant sans légitimité de l’Élysée a accepté la démission de son zélé serviteur, il l’a néanmoins prié de bien vouloir reprendre ses consultations avec les partis politiques et de lui rendre rapport mercredi soir dernier délai.
Plus biscornu que cela, on meurt ! Il est bien clair que l’on a dépassé les limites de l’extravagance et du bizarre. Et, dans son laïus sur le perron de Matignon, M. Lecornu n’est pas gêné de convoquer comme témoins de son impuissance Michel Debré et le général de Gaulle. Un peu de décence, s’il vous plait !
Gageons que les jours à venir ne vont pas manquer de péripéties et de palinodies en tous genres. C’est évidemment Édouard Philippe qui a raison contre Bruno Retailleau quand il déclare ce mardi matin que le pays a urgemment besoin d’une élection présidentielle anticipée.
Le président des LR, qui clame son « gaullisme » urbi et orbi, en réclamant un gouvernement de « cohabitation » (peut-être sous la coupe d’un certain Gérard Larcher), en méconnaît gravement les codes. Alors qu’un référendum s’impose pour refonder nos institutions et reprendre notre souveraineté, M. Retailleau oublie que le référendum direct de l’article 11 de la Constitution (celui de l’appel au peuple du général de Gaulle) ne peut être organisé que sur proposition du gouvernement au président de la République. M. Macron ne le fera évidemment pas.
Le piège est en train de se refermer sur ceux qui ont pensé la jouer « fine » en courant au gouvernement. C’est parce qu’il avait demandé l’arbitrage du peuple avec la dissolution, et que le peuple lui avait répondu négativement lors du scrutin législatif qui a suivi, que M. Macron devait partir à l’été 2024. Toutes celles et tous ceux qui refusent l’appel à la démission du chef de l’État font comme si une dissolution de l’Assemblée nationale, pour retrouver une majorité parlementaire, n’avait pas eu lieu. Intellectuellement parlant, ce n’est pas très honnête.
Source : France Soir
Laisser un commentaire