L’armée française rend hommage à la Royal Air Force, à l’occasion de son centième anniversaire

2356006-bigthumbnail

Une cérémonie s’est déroulée ce vendredi aux Invalides, à Paris, pour marquer le centième anniversaire de l’armée de l’air britannique, créée durant la Grande guerre, en avril 1918, et un siècle de partenariat et d’engagements côte à côte avec les forces aériennes françaises.

Rafale

En 2017, un pilote britannique aux commandes d’un avion Rafale effectuait une mission de bombardement contre des positions de Daech au Levant tandis qu’un officier français faisait de même à bord d’un Typhoon de la Royal Air Force (1). Et le mois dernier, les avions français et britanniques ont mené, conjointement avec leurs alliés de l’US Air Force, un raid à 3500 kilomètres de leurs bases pour aller frapper en Syrie des installations d’armement chimique. Deux événements illustrant la coopération étroite et continue entre l’armée de l’air et la RAF, créée durant la première guerre mondiale, le 1er avril 1918.

Ce centenaire a été commémoré vendredi aux Invalides, lors d’une cérémonie présidée par le chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), le général André Lanata, et son homologue britannique, l’air chief marshal Sir Stephen Hillier. Pour l’occasion, deux biplans emblématiques de la Grande guerre, un Avro 504 britannique et un Spad VII français, étaient présents dans la cour d’honneur des Invalides.

Des relations «étroites et nourries»

Dans son allocution, le général Lanata a salué la «clairvoyance britannique» qui a consisté à mettre en place, en plein conflit mondial, une force aérienne distincte des autres armées. «Il y a un siècle, nos deux pays et leurs responsables militaires ont compris l’intérêt d’employer l’arme aérienne dans une stratégie d’engagement autonome de maitrise des espaces aériens et d’actions offensives indépendantes plutôt que seulement en appui des engagements terrestres ou navals. Ces principes sont toujours valables aujourd’hui», a constaté le CEMAA. Si la France fut le premier pays à se doter d’avions de combat, dès 1909, l’armée de l’air, elle, ne vit officiellement le jour qu’en 1934.

«Ce niveau de coopération unique constitue l’aboutissement d’une longue histoire aérienne commune, reflétant les combats que le Royaume-Uni et la France ont mené côte à côte»

Le général Lanata

«Peu d’armées de l’air dans le monde entretiennent des relations aussi étroites et nourries», s’est encore félicité le général Lanata, relevant que «ce niveau de coopération unique constitue l’aboutissement d’une longue histoire aérienne commune, reflétant les combats que le Royaume-Uni et la France ont mené côte à côte». Une fraternité d’armes scellée durant la seconde guerre mondiale, alors que les Forces aériennes françaises libres étaient intégrées à la Royal Air Force et que s’illustrèrent des figures comme Roland de la Poype, René Mouchotte ou encore Claude Raoul-Duval, disparu il y a quelques jours. Depuis 1945, Français et Britanniques ont participé ensemble dans les airs à de nombreuses opérations, au sein de coalitions, au Moyen-Orient, en ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan ou en Libye. Dans la nuit du 13 au 14 avril derniers, les deux alliés ont mené avec les Américains une vaste opération contre l’arsenal chimique syrien. Une mission «particulièrement exigeante», a relevé le général Lanata, compte tenu de la densité de la défense antiaérienne et d’une fenêtre limitée à quelques minutes pour délivrer des frappes, notamment depuis des navires situés à plusieurs centaines de kilomètres de l’objectif.

Stratégies de déni d’accès

Au Sahel, l’été prochain, des hélicoptères Chinook de l’escadron 18 britannique seront déployés pour appuyer l’opération militaire française «Barkhane» qui mène le combat contre le djihadisme. Au-delà de la lutte conjointe contre le terrorisme, les deux chefs d’état-majors ont insisté sur le défi majeur du maintien de la liberté de manœuvre dans les espaces aériens face à des stratégies de déni d’accès d’une robustesse inédite depuis le second conflit mondial. «Nous nous tenons côte à côte, confrontés à un climat international de plus en plus sombre, dans lequel les menaces que font peser des États revanchards et leurs alliés ne cessent de grandir aussi bien en nombre qu’en dangerosité», a déclaré Sir Stephen Hillier, en désignant «la Russie et d’autres pays qui contestent le système fondé sur les règles internationales».

«Pour dissuader toute agression […], nous devons nous appuyer sur des structures de coopération et de sécurité militaire comme l’Otan et les partenariats bilatéraux sont extrêmement importants»

Sir Stephen Hillier

Selon l’air chief marshal, «des missiles sol-air longue portée ‘‘double-digit SAMs », extrêmement meurtriers prolifèrent et nos alliés ne sont plus les seuls à utiliser des avions de combat de 5e génération», comme en témoigne le déploiement récent de chasseurs furtifs Su-57 en Syrie. «Pour dissuader toute agression […], nous devons nous appuyer sur des structures de coopération et de sécurité militaire comme l’Otan (et) les partenariats bilatéraux sont aussi extrêmement importants», souligne Sir Stephen Hillier. Dans le contexte d’incertitude ouvert par le Brexit, les deux partenaires peuvent compter sur le cadre des Traités de Lancaster pour poursuivre leurs efforts conjoints en matière de défense. «Face à ces défis, je suis frappé de la grande similitude des constats que nous pouvons faire tant en France qu’au Royaume-Uni», a souligné le général Lanata, en citant notamment la problématique des ressources humaines, des équipements et leur maintien en condition opérationnelle mais aussi les axes prioritaires de la connectivité des systèmes de combat et de l’innovation.

(1)Le Rafale est fabriqué par le groupe Dassault auquel appartient Le Figaro

Source : Le Figaro

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *