Lagny-sur-Marne : devant le jury, le patron, le gros-bras et l’ex- gendarme

Illustration. Le procès devant la cour d’assises doit durer jusqu’à vendredi. Guénaèle Calant

Les accusés comparaissent pour extorsion, séquestration en bande organisée et association de malfaiteurs. Ils comparaissent pour avoir participé à la violente agression de la femme d’un chef d’entreprise de Lagny-sur-Marne, le 28 janvier 2015.

Trois accusés, trois personnalités radicalement différentes, pour une affaire qui aurait dû se dénouer devant… un tribunal de commerce. Et pourtant, c’est bien devant la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun, que trois hommes sont jugés, depuis mardi matin, pour extorsion, séquestration en bande organisée et association de malfaiteurs.

Ils comparaissent pour avoir participé à la violente agression de la femme d’un chef d’entreprise de Lagny-sur-Marne, le 28 janvier 2015. Agression lors de laquelle elle s’est retrouvée avec le canon d’une arme dans la bouche.

Thierry C., 61 ans, ancien chef d’entreprise soupçonné d’avoir commandité l’agression, comparaît détenu. Après une première année d’études de médecine, il s’était lancé dans la récupération de ferraille, avec un seul camion. A force de travail, il avait créé sa société. Avant d’être incarcéré, il travaillait pour son fils, patron dans le bâtiment : « Je me servais de mon carnet d’adresses, en mettant en relation des gens qui travaillent dans la récupération et la démolition »

En prison, Thierry C., qui s’exprime avec aisance, lit beaucoup – philosophie, politique, économie — et évite les autres détenus : « A 60 ans, avec une tête de Gaulois, on vous prend pour un pointeur [NDLR : violeur]. On n’imagine pas que vous êtes là pour une affaire commerciale (sic) ».

 

A ses côtés dans le box : Jackson H., soupçonné d’avoir participé à la séquestration. Cet homme de 32 ans, qui sait tout juste écrire, vendait des chapeaux sur les marchés à 12 ans. Il a exercé le métier de couvreur, il a vendu des voitures aussi. Etreint par l’émotion quand il évoque son père décédé, Jackson H. n’a de cesse de se présenter sous son meilleur jour. Et lorsque le président aborde les onze condamnations de son casier judiciaire, il propose son analyse : « On m’a mis en prison pour trois fois rien ».

Et puis, il y l’ancien gendarme, qui a servi d’homme de main. Morgan B., 52 ans, comparaît libre. Canada, Etats-Unis : lui qui aime les grands espaces est patron d’une salle de billard sur l’île de La Réunion quand il est repéré par la gendarmerie, car il est pilote d’hélicoptère. Il rejoindra la gendarmerie mobile de Versailles-Satory (Yvelines). Son avocate a lu la liste des lettres de félicitations et de décorations qu’il a reçues. De quoi le faire pleurer : « J’ai pas agi comme j’aurais dû le faire. J’aurais dû lui dire [NDLR : à Thierry C.] que c’était pas la bonne solution. Sur vingt ans de carrière, on va retenir ça ».

Et un vicomte entendu comme témoin…

Région d’Evreux (Eure), novembre 2016. Le vicomte Armand Sosthènes de la Rochefoucauld a passé 14 mois en détention provisoire dans le cadre de cette affaire. Il sera entendu comme témoin par la cour d’assises ce mercredi.LP/Guillaume Georges

Cette affaire de racket a coûté cher au vicomte Armand Sosthènes de La Rochefoucauld, placé en détention provisoire, avant de retrouver la liberté en 2016.

L’héritier d’une des plus vieilles familles de la noblesse française, parent du célèbre auteur des « Réflexions ou Sentences et Maximes morales », a en effet passé quatorze mois derrière les barreaux. Pour finalement obtenir un non-lieu pour l’extorsion, la partie « blanchiment de fonds » ayant été « disjointe ».

Pas vraiment une première pour cet aristocrate, qui a écumé les geôles du monde entier pour d’innombrables arnaques bancaires et usurpations d’identité. La cour d’assises a prévu de l’entendre ce mercredi, comme simple témoin.

G.Ca.

Source : Le Parisien

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