L’affaire ukrainienne pour les nuls

par BARDAMU.

Cette impression de crier dans le désert est frustrante, on en vient à se demander si on n’a pas fait fausse route et si Poutine est bien le nouvel Hitler (ding ! vous avez gagné un point Godwin !). Mais en me repassant les faits et les circonstances, en faisant mon examen de conscience, j’en arrive toujours au même point : la Russie n’avait plus d’autre solution que de renverser la table.

Il y a quelques années j’étais pratiquement aussi nul que mes interlocuteurs russophobes. Mais les affaires d’Irak (Epoque à la quelle il existait encore en France des politiciens honorables), de Libye, et surtout de Syrie m’ont ouvert les yeux.

Ce qui surprend toujours, c’est le sens de la justice à deux vitesses qui semble devenu la norme générale, au moins dans les pays occidentaux. On apprend qu’à la demande du gouvernement ukrainien, la Cour Pénale Internationale ouvre un dossier contre la Russie (ou contre Poutine lui-même on ne sait pas). Mais où était cette CPI lorsque des snipers (payés par qui ?) tiraient indifféremment sur les Berkout (équivalent de nos CRS) et sur les manifestants de la place Maïdan ? Où était-elle lorsque les extrémistes du Pravi Sector commettaient des exactions contre les opposants à Maïdan, culminant dans le « barbecue » de la Maison des Syndicats à Odessa où plus de 40 personnes, femmes et enfants compris, furent brûlés vifs, les ukro-nazis armés tirant sur ceux qui essayaient de sortir. Ah, vous n’étiez pas au courant ? Ou vous avez glissé ça sous le tapis de votre mémoire historique ? Où était cette CPI durant les huit ans de bombardements punitifs sur les territoires de Donetsk et Lougansk ?1 On pourrait compléter l’acte d’accusation par les multiples enlèvements, assassinats et tortures pratiqués par les ukro-nazis et le SBD, le terrifiant service secret ukrainien2.

Il est impossible d’avoir une vue suffisamment holistique du problème de l’Ukraine sans revenir à la longue histoire.

Historiquement l’Ukraine a deux origines, l’une scandinave et l’autre slave. Les groupes qui se définissent comme « nationalistes ukrainiens », ne défendent pas l’Ukraine en tant que nation, mais se référent à son origine scandinave contre les Russes.

Passons rapidement sur les débuts avec la Rus de Kiev fondée au 9ième siècle par une tribu viking, les Varègues, convertis au christianisme par la prédication des Saints Cyril et Méthode. La princesse Anne de Kiev viendra au 11ième siècle épouser Henri 1er Roi de France, ce qui en dit long sur l’ampleur des vues de nos anciens monarques. Puis ce sera le long intermède de l’invasion mongole, la Horde d’Or qui dominera la région jusqu’en 1480. Il faudra même attendre la fin du 16ième siècle et le fran]chissement de l’Oural par les chasseurs de fourrures et les affrontements armés qui découleront de l’expansion russe pour que cesse le versement du tribut au Grand Khan3 (3).

Avec l’annexion de la Crimée par la Grande Catherine en 1783, l’empire Russe de l’Ouest prend sa physionomie actuelle, guère modifiée par les quelques annexions de Staline à la fin de la guerre. Les principales modifications sont, le détachement du territoire transformé en république socialiste par Lénine, et le rattachement de la Crimée à la République Socialiste d’Ukraine par Kroutchev : encore des problèmes à retardement pour le futur ! « Le processus a commencé presque immédiatement après la révolution de 1917, et Lénine et ses compagnons d’armes l’ont fait d’une manière très grossière vis-à-vis de la Russie elle-même – par la sécession, en arrachant des parties de ses propres territoires historiques. Personne, bien sûr, n’a demandé quoi que ce soit aux millions de personnes qui y vivaient. »4

Ayant subi de nombreuses invasions par les Tatars qui iront jusqu’à Moscou pour ramener au retour environ 100.000 esclaves (slaves), les Russes en ont gardé un fort ressentiment envers ces alliés de la Sublime Porte. Vers 1850, l’empire russe était en position de n de malheurs. Le pire ayant peut-être été la famine organisée par le pouvoir soviétique pour éradiquer les Koulaks, petits propriétaires terriens. Dans J’ai Choisi la Liberté, Victor Kravchenko, à l’époque fonctionnaire soviétique, et qui l’a vécu de l’intérieur, nous fait une description de cette horreur que l’on connaît maintenant sous le nom d’Holodomor ; au moins 4 millions d’Uprendre Istamboul pour s’assurer ainsi un accès aux mers chaudes par le détroit du Bosphore. C’eût été une promenade de santé, mais la Sublime Porte, ayant déjà une dette importante vis-à-vis des banquiers de la City, demanda l’aide du Royaume Uni et, comme l’expansion Russe déplaisait aussi à la City, un corps expéditionnaire franco-anglais alla faire le siège de Sébastopol.

Mais depuis un siècle, l’histoire de l’Ukraine est une successiokrainiens périront. Cet épisode monstrueux est resté gravé dans la mémoire de nombreux habitants de l’Ukraine. Ceci explique que les armées Allemandes furent ensuite accueillies comme des libérateurs ; mais cela ne durera pas longtemps, d’autant plus que les milices ukro-nazies de Stepan Banderas auront vite fait de dépasser leurs maîtres germains côté crimes de guerre. La guerre de partisans, que tout chrétien doit condamner, n’arrangera pas les choses.

Après la victoire soviétique, qui aura coûté à la Russie (Ukraine comprise) peut-être 25 millions de tués civils et militaires, la République Socialiste Soviétique d’Ukraine se verra augmentée de la Crimée comme rappelé plus haut. Après 50 ans de guerre froide, c’est l’effondrement de l’URSS sur lequel nous ne nous étendrons pas, mais qui accumulera des points de friction sur lesquels s’appuiera la thalassocratie anglo-saxonne pour déstabiliser ” l’Ile Monde ”. Pour tenter de préserver la paix future, la Russie essayera d’obtenir des garanties que l’OTAN – lequel n’a pas été dissout comme le Pacte de Varsovie – n’ira pas plus loin que la ligne Oder-Neisse. Cette garantie fut donnée verbalement, comme en témoignent les déclarations de plusieurs acteurs (Cf Roland Dumas, Gorbatchev…), ainsi que les minutes de la réunion dans les diverses chancelleries, et ce, malgré les dénégations des dirigeants occidentaux. Cette promesse ne cessera d’être violée, jusqu’à ce que le dernier tampon de sécurité de la Russie, l’Ukraine, soit transformée en pitbull russophobe. Des forces politiques se réclamant plus ou moins clairement du nazisme furent financées et instrumentalisées par les services spéciaux anglo-saxons5 pour aboutir, après plusieurs tentatives Orange, à la tragi-comédie du Maïdan.

Ayant connaissance d’un projet anglo-saxon de s’emparer de Sébastopol6, ce qui aurait coincé la marine russe derrière le détroit de Kertch, le gouvernement russe réagit rapidement, d’autant que la population de Crimée, Tatars compris, était largement favorable à un rattachement à la Russie. L’opération se fit sans avoir à tier un coup de fusil.

Réalisant les intentions agressives envers les populations russophones du nouveau gouvernement, les oblast de Donetsk et Louhansk y firent opposition, mais rapidement la situation tourna à l’aigre, et, n’ayant pu maintenir leur ligne de défense à Slaviansk, les deux républiques auto-proclamées durent se replier dans un réduit adossé à la frontière russe, avant qu’une aide matérielle organisée, le Ventorg, ne leur permettent de tenir face à l’assaut des forces kiéviennes, composées principalement des bataillons néo-nazis Aïdar et Azov. Tentant de percer la défense des russophones, ces forces s’engagèrent profondément à Debaltsevo et furent piégées dans un chaudron. En passe d’être totalement anéanties, elles furent sauvées par un cesser le feu et les accords de Minsk.

Ces accords pouvaient aboutir à un statut-quo pacifique, avec une relative autonomie pour les régions russophones, lesquelles sont assez étendues.

Mais, Kiev n’a jamais voulu appliquer ces accords, et a continué durant 8 ans à bombarder les républiques auto-proclamées de façon plus ou moins épisodique.

Après l’affaire Géorgienne réglée assez rapidement par la Russie, on pouvait penser que les provocations atlantistes cesseraient, mais la révolution du Maïdan montra qu’il n’en était rien. Pourtant, à de nombreuses reprises, Vladimir Poutine mettra en garde les USA et leurs alliés ou caniches européens. En dernier lieu, il demandera de façon solennelle des garanties de sécurité juridiquement contraignantes. Les chancelleries occidentales ont opposé pour la plupart une fin de non recevoir à ces demandes. Entretemps, l’OTAN, sans être officiellement présent en Ukraine, ne cessait de fournir des armes et de l’appui sous diverses formes. Plusieurs centaines de militaires, principalement étatsuniens, canadiens ou anglais, formaient les troupes de Kiev.

A la mi février, les forces de Kiev redoublèrent leurs bombardements sur Donetsk et Louhansk tuant un certain nombre de civils, puis tentèrent sans succès une percée du côté de Gorlovka. C’est à peu près à ce moment que le gouvernement russe décida d’attaquer après la reconnaissance des deux républiques.

On pourra compléter ces informations avec l’exposé parfaitement cynique de Friedman sur la doctrine US vis-à-vis de la Russie :

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Source : Reseau International

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