La police et la gendarmerie bientôt privées d’écoutes téléphoniques?

Les quatre sociétés qui fournissent des systèmes d’écoute téléphonique à la police et à la gendarmerie en France menacent de ne plus traiter de nouvelles demandes à partir du 15 novembre si le ministère de la Justice ne leur garantit pas un contrat de 30 mois.
La police et la gendarmerie bientôt privées d'écoutes téléphoniques?

La police pourra-t-elle mettre en oeuvre des écoutes téléphoniques après le 15 novembre? Pas sûr si les sociétés chargées de fournir des systèmes d’écoute aux forces de l’ordre mettent leur menace à exécution.

[EXCLUSIF]Les quatre sociétés (Elektron, Foretec, Midi System et SGME) chargées d’équiper des centaines de centres de police et de gendarmerie en France de leur système d’écoute téléphonique – permettant d’exploiter les données brutes fournies par les opérateurs de télécommunications – menacent de cesser leur activité. En l’occurrence, ne plus traiter les nouvelles demandes dès le 15 novembre. Quant aux réquisitions en cours, elles seront interrompues à la fin de l’année. Raison invoquée par les frondeurs : un manque de visibilité sur leur avenir. « Nous devons remplacer nos ordinateurs pour mener à bien nos opérations, mais les banques refusent de nous financer car nous ne savons toujours pas combien de temps nous travaillerons pour les autorités », plaide Michel Besnier, dirigeant d’Elektron.

Un contrat de 30 mois pour continuer les écoutes

Soucieuse de mettre fin au dispositif actuel, peu contrôlé et de plus en plus onéreux du fait de l’augmentation des écoutes (43 millions d’euros en 2013 contre 30 en 2012), la Chancellerie a décidé, en effet, de créer sa propre plate-forme nationale des interceptions judiciaires (Pnij). Celle-ci est centralisée au siège de Thales, l’entreprise de défense, à Elancourt (Yvelines). Mais elle accuse de nombreux retards, un dépassement de budget important (passé de 17 à 48 millions d’euros), et elle n’est toujours pas entrée en activité à ce jour.

« Nous demandons au ministère de s’engager dans le temps en signant un contrat de trente mois au minimum afin que nous puissions nous organiser », ajoute Michel Besnier. La semaine passée, chacune des quatre sociétés a adressé un courrier de mise en garde à la Chancellerie. Interrogée par L’Express, la Place Vendôme refuse de commenter. Sans réponse de la Garde des Sceaux dans les prochaines semaines, les écoutes cesseront et les forces de l’ordre perdront l’ouïe. Un comble dans le climat actuel d’insécurité.

Source : L’Express

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