La justice décide de maintenir en détention Tariq Ramadan, mis en examen pour viols

La cour d’appel de Paris a estimé, jeudi, que sa détention provisoire n’était pas incompatible avec son état de santé.

Tariq Ramadan, en mars 2016 lors d’une conférence à Bordeaux.
Tariq Ramadan, en mars 2016 lors d’une conférence à Bordeaux. MEHDI FEDOUACH / AFP

La cour d’appel de Paris a décidé, jeudi 22 février, de maintenir en détention Tariq Ramadan, mis en examen pour viols et placé en détention provisoire depuis le 2 février. L’islamologue suisse, qui conteste les accusations portées contre lui par deux femmes, en France, affirme souffrir de deux maladies chroniques, dont une sclérose en plaque, et avait demandé, notamment pour cette raison, à être remis en liberté. Le conférencier ne s’est pas rendu à l’audience.

Après son incarcération, M. Ramadan s’était plaint de douleurs aux jambes et un médecin de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) avait jugé son état de santé « incompatible avec la détention », dans un certificat du 13 février auquel a eu accès l’Agence France presse (AFP). Mais l’expertise médicale demandée par la cour d’appel a conclu au contraire qu’il n’était « pas incompatible » avec son incarcération, lundi 19 février. M. Ramadan a été hospitalisé le 16 février pendant quatre jours.

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Campagne de soutien

Parallèlement, la campagne de soutien organisée par les proches de M. Ramadan sur les réseaux sociaux s’est poursuivie. Kamel Kabtane et Azzedine Gaci, les recteurs des mosquées de Lyon et de Villeurbanne, ont demandé dans un communiqué commun, mercredi, la « libération immédiate » de l’islamologue, victime, selon eux, « d’un lynchage médiatico-politique ».

« Le régime d’exception et la sévérité appliquée à cet intellectuel de renom, reconnu et respecté au sein des musulmans de France, alimentent sans cesse le sentiment d’une justice à double vitesse et nourrit l’idée selon laquelle Tariq Ramadan est plus jugé pour ses idées et ses engagements que pour les faits qui lui sont reprochés, et sur lesquels la justice doit pouvoir travailler en toute sérénité », écrivent-ils.

Sa « libération immédiate au regard de son état de santé alarmant » était aussi réclamée dans une tribune publiée mercredi sur le site de Mediapart et signée d’une soixantaine de personnalités, parmi lesquelles la militante antiraciste Sihame Assbague, la porte-parole du Parti des indigènes de la République Houria Bouteldja, le politologue François Burgat, l’éditeur François Gèze, le journaliste Alain Gresh et l’ancien directeur du CCIF Marwan Muhammad.

Les signataires accusent la justice d’appliquer à Tariq Ramadan « un traitement judiciaire d’exception » et appellent au « respect des droits fondamentaux d’une personne, indépendamment de ses origines, de sa religion et de ses opinions politiques ».

Cette position ne fait cependant pas l’unanimité. Sur le site musulman d’information SaphirNews, un contributeur nommé Saïd Daoui met en garde contre la « très forte polarisation des postures » autour de l’instruction concernant Tariq Ramadan.

« Transformer une question judiciaire en un combat politique engageant toute une « communauté » ou carrément une religion, c’est hystériser la société autour de questions identitaires, écrit-il. Chacun est désormais sommé, surtout si l’individu est musulman, de choisir son camp : pour ou contre Tariq Ramadan, glissant vers un « pour ou contre l’islam (isme) ». (…) Les deux camps ont définitivement lié le sort de la procédure à celui du fait musulman en France. Pari risqué s’il en est tant les conséquences pourraient être désastreuses. »

Source : Le Monde

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