La gendarmerie lutte contre les violences familiales

L'adjudant Pierre-Yves Berriet, référent violences intrafamiliales ; le chef d'escadron Laurent Le Guyader, commandant de la compagnie de Mayenne ; l'adjudante Hélène Gérard, auditrice de mineurs.

L’adjudant Pierre-Yves Berriet, référent violences intrafamiliales ; le chef d’escadron Laurent Le Guyader, commandant de la compagnie de Mayenne ; l’adjudante Hélène Gérard, auditrice de mineurs. |

Dans chaque communauté de brigades, des référents contre les violences intrafamiliales aident et forment leurs collègues à l’accueil des victimes de violences domestiques.

Pour mieux accueillir les victimes de violences dans le couple, la gendarmerie a pris l’initiative en mettant en place des référents VIF, pour violences intrafamiliales, il y a une décennie. Comme 17 autres gendarmes du groupement de gendarmerie de la Mayenne, c’est le rôle de l’adjudant Pierre-Yves Berriet. « Il y a en a dans chaque communauté de brigades, mais tous les gendarmes sont formés » pour faire face aux violences dans le couple, « qui touchent tout le monde », quel que soit l’âge ou le milieu social. « Il y a au moins une intervention sur ce type de violence, chaque nuit, dans le département. Depuis le 1er janvier, il y en a déjà eu 250 »

Dans les brigades, l’accent est mis sur le premier contact avec les victimes, car « la façon de les accueillir la première fois est très importante. C’est déterminant pour la suite. » Cela passe par beaucoup d’observation : il faut repérer les signes de malaise, d’angoisse, de peur ou de nervosité. « Il faut laisser la personne parler librement de son problème en s’isolant avec elle », explique l’adjudante Hélène Gérard, qui est entre autres spécialisée dans l’audition des mineurs, tant victimes qu’auteurs. À ce titre, elle intervient régulièrement dans des affaires de violences familiales.

« Cycle de la violence »

D’autant que quitter un conjoint violent est un véritable processus : « En moyenne, en France, il faut sept interventions ou procédures avant qu’une femme victime parte », décrit l’adjudant Berriet, qui parle d’un « cycle de la violence » qui se répète plusieurs fois : « Cela commence par un climat de tension dans le couple, avec une incapacité à se parler, de la colère. Puis arrive la crise, avec des violences physiques et le premier dépôt de plainte. Mais l’auteur des violences se justifie, demande pardon et culpabilise la victime et la plainte est retirée, avec l’espoir que ce n’est qu’un incident. Vient la lune de miel, où tout va beaucoup mieux, mais très vite, la première phase revient. »

Néanmoins, le retrait d’une plainte ne signifie pas que les forces de l’ordre abandonnent les victimes à leur sort : « L’enquête se poursuit, car on a connaissance d’une situation dangereuse. » Celle-ci peut d’ailleurs se manifester de plusieurs manières : il y a d’abord « les violences verbales qui peuvent rabaisser et blesser la victime ». Mais aussi la violence économique : le conjoint est privé de toute autonomie financière : « ce qui peut l’empêcher de sortir, d’avoir une vie sociale. Le dominant cherche à l’isoler pour renforcer son emprise. » Et il y a les violences physiques, « dont les violences sexuelles, car le viol entre époux est un crime », souligne l’adjudante Gérard.

« La parole se libère »

Que l’on ne s’y trompe pas, ces violences concernent aussi les hommes : « On a une proportion de 85 % de femmes et 15 % d’hommes victimes. Mais les faits constatés par nos services diffèrent de ce qu’il se passe vraiment et qu’on ne peut pas quantifier. D’autant que les hommes ont du mal à parler, car c’est tabou, c’est une remise en cause de la virilité. »

Heureusement, la société change : « Aujourd’hui, les gens vont plus facilement dénoncer les violences et il y a plus d’interventions. Ça ne veut pas dire que les faits augmentent, mais que la parole se libère. » Pour preuve, lundi, d’anciennes victimes de violences au sein de leur couple vont apporter leur témoignage le temps d’une conférence organisée, à Mayenne, par la gendarmerie de la Mayenne et la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité. C’est d’ailleurs une première dans le département.

Lundi 20 juin, de 14 h 30 à 16 h 30, à l’auditorium du Grand-Nord, esplanade François-Mitterand, à Mayenne. Gratuit.

Source : Ouest-France

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