La Gendarmerie française Arrive Au Burkina

Dans la foulée des événements dramatiques de Grand- Bassam, petite station balnéaire prise pour cible par les djihadistes en Côte d’Ivoire, une information très importante pour le Burkina Faso est pourtant passée inaperçue tant dans nos médias, que dans le landernau politique.

La Gendarmerie française Arrive Au Burkina

 

 

 

 

 

 

Et pourtant…

Pour témoigner de sa solidarité à la suite de l’attaque djihadiste qui a fait 18 morts en Cote d’Ivoire, la France a dépêché dans ce pays deux de ses ministres : Jean-Marc Ayrault des Affaires Etrangères et Bernard Cazeneuve de l’Intérieur.

Ce dernier, interrogé sur les mesures à prendre pour lutter contre les attentats terroristes qui secouent l’Afrique de l’Ouest, déclare ceci «  Dans le cadre des opérations Barkhane, et suite aux contacts que j’ai pris avec le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, nous avons décidé de positionner à Ouagadougou des éléments du GIGN « . Rien moins que ça !

Qu’une telle déclaration d’envoi d’une troupe d’élite française au Burkina se fasse depuis la Cote d’Ivoire, dans un contexte diplomatique difficile entre ces deux pays, est pour le moins surprenant. Elle soulève des questions de forme et des questions de fond.

QUESTIONS DE FORME

On peut se demander pour quelles raisons le Ministre Cazeneuve a choisi d’annoncer cette décision aux burkinabè depuis la Cote d’Ivoire et en l’absence d’un représentant burkinabè ?

Pourquoi malgré la présence à ses cotés de Jean Marc Ayrault son collègue des Affaires Etrangères, c’est Bernard Cazeneuve Ministre de l’intérieur qui fait cette déclaration ?

Devons nous comprendre que les affaires concernant le Burkina Faso et l’Afrique de l’Ouest relèvent désormais (ou toujours) du Ministère français de l’Intérieur comme au bon vieux temps de la colonisation ?

Les questions de forme que suscite cette sortie sont nombreuses et il serait fastidieux de les énumérer toutes dans cet écrit. Abstenons nous d’allonger la liste et continuons sur les questions de fond.

Le Ministre Cazeneuve déclare « Dans le cadre des opérations Barkhane, et suite aux contacts que j’ai pris avec le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale… »

Il oublie ou omet volontairement de nous donner des précisions sur cette « Gendarmerie Nationale ». Nous sommes en droit de nous demander s’il s’agit de la gendarmerie française, ou de la gendarmerie ivoirienne, ou de la gendarmerie burkinabè.

A considérer que le Ministre ait pris sa décision avec le Directeur de la gendarmerie française ou ivoirienne, en quoi une telle entente engagerait le Burkina Faso ?
Au cas où il s’agirait de la gendarmerie nationale burkinabè, le Ministre d’un pays étranger, fut-il français et quels que soient par ailleurs les liens qui lient nos deux pays, peut-il se permettre de décider uniquement avec le Directeur Général de la gendarmerie nationale du déploiement de forces étrangères sur le sol burkinabè ?

Et puis, à considérer qu’il y ait eu un accord en haut lieu entre la France et le Burkina Faso, pourquoi cette question n’a t-elle fait l’objet d’aucun débat publique au plan national ?

La montée de l’islamisme radical, matrice nourricière de tous les actes terroristes qui ont ensanglanté l’Afrique de l’ouest ces dernières années demande la mobilisation de toutes les bonnes volontés pour y faire face. Mais cette nécessaire mobilisation ne doit pas servir de mobile pour la mise en application d’agendas cachés. L’inquiétante augmentation des actes terroristes dans notre sous-région est curieusement concomitante avec une augmentation tout aussi inquiétante de forces étrangères dans nos pays.

Pour lever cette dernière inquiétude, le débat public et la transparence sur la présence de ces forces étrangères est une étape nécessaire.

Moussa Edouard OUEDRAOGO
Consultant en communication

Source : Le Faso.net

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