La gendarmerie de Boulay ciblée par la patrouille laïque

Interpellée par la présence de gendarmes à une cérémonie religieuse à l’occasion de la Sainte-Geneviève, leur patronne, la fédération de la libre pensée enjoint le préfet à leur rappeler leur obligation de neutralité.

1520972385Les gendarmes étaient présents en nombre à Carling pour célébrer la Sainte-Geneviève en l’église de Carling. Cette photo, diffusée début décembre dans nos colonnes a interpellé la fédération mosellane de la libre pensée qui a saisi le préfet. Photo archives RL

C’est l’histoire d’une photo. Un simple cliché pris le 3 décembre et diffusé, le lendemain dans nos colonnes. On y aperçoit une vingtaine de gendarmes de la compagnie de Boulay-Moselle, en uniforme. Ils participent à un office religieux en l’église de Carling à l’occasion de la Sainte-Geneviève, leur patronne. Cette image et l’article l’accompagnant ont interpellé la fédération de Moselle de la libre pensée. « Cet acte constitue une rupture de la neutralité qui s’impose aux personnels de l’État. C’est une invitation à reconnaître un culte. En France, majoritairement catholique, cela ne choque peut-être pas mais que serait-il advenu s’ils avaient participé à une cérémonie bouddhiste ou un rite maçonnique ? », s’interroge José Arias, le président de cette association prônant la laïcité.

Une tradition depuis 1963

Il s’en est ému la semaine dernière auprès du préfet de Moselle dans un courrier co-signé avec Jean Bor. La missive l’enjoint à « donner des instructions tendant à rappeler les obligations de neutralité, sans préjudice naturellement du droit de chacun des militaires de pratiquer le culte de son choix en dehors des heures de service ou dans le cadre des aumôneries militaires. » Le courrier y rappelle que les militaires sont soumis à l’article L. 4121-2 du code de défense. Celui-ci stipule que « les opinions ou croyances […] sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression. Elle ne fait pas obstacle au libre exercice des cultes dans les enceintes militaires. » La préfecture va donner suite à ce courrier. Mais elle refuse de communiquer la teneur de sa réponse. La gendarmerie, de son côté, tombe des nues. « La célébration de la Sainte-Geneviève n’est pas propre à la compagnie de Boulay. Elle existe partout en France depuis 1963 à la suite d’une décision du pape Jean XXIII de placer cette corporation sous son patronage », fait savoir l’officier régional de communication. Encore très vivace, cette tradition était jusque-là passée entre les mailles du filet des libres penseurs.

« Cette journée de cohésion et de rassemblement, réunissant actifs, réservistes, retraités et familles, constitue un marqueur fort de notre identité et de notre ancrage territorial puisqu’on y invite aussi les acteurs locaux. La dimension religieuse, conduite par un aumônier militaire, y tient une part minime et les gendarmes sont libres de ne pas y participer », poursuit la gendarmerie. Une polémique que doivent observer avec circonspection les pompiers. Leur Sainte-Barbe n’est, pour l’heure, pas encore passée sous les fourches caudines des libres penseurs…

Philippe MARQUE

Source : Le Républicain Lorrain

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