Gilets jaunes, mort de Steve, G7: Christophe Castaner plus que jamais sous pression
Christophe Castaner, le 30 juillet 2019 à l’Elysée. – Lionel BONAVENTURE / AFP
Depuis huit mois, les appels à la démission du ministère de l’Intérieur se multiplient. De plus en plus critiqué pour ses déclarations hâtives et sa mauvaise gestion du maintien de l’ordre, Christophe Castaner continue d’avoir la confiance de l’exécutif. Jusqu’à quand ?
Combien de temps encore Christopher Castaner peut-il tenir? La question se pose après huit mois de tension sociale durant lesquels le ministre de l’Intérieur a connu plusieurs déconvenues en multipliant les faux pas. Et l’agenda de la rentrée s’annonce à hauts risques pour le locataire de la place Beauvau, avec l’encadrement du G7 à Biarritz et les conclusions de la réflexion lancée sur le maintien de l’ordre attendues pour septembre.
De l’oeil de Jérôme Rodrigues au dos de Geneviève Legay
« Castaner démission! » Au fil des manifestations des gilets jaunes, le ministre de l’Intérieur est devenu l’une des cibles principales des slogans scandés par les cortèges mobilisés chaque samedi. De l’oeil de Jérôme Rodrigues au dos de Geneviève Legay, il est tenu pour responsable des violences policières présumées.
Après le saccage des Champs-Elysées, il répond aux critiques faites sur sa gestion du maintien de l’ordre par le limogeage du préfet de police de Paris Michel Delpuech. Mais une nouvelle polémique en chasse une autre, Christophe Castaner est aperçu au restaurant alors que Paris a été le théâtre quelques heures plus tôt de graves affrontements entre forces de l’ordre et blacks blocs à Paris. C’est sa « vie privée », tente-t-il de balayer.
Déclarations hâtives
Les bourdes ne s’arrêtent pas là. Le 1er mai, il parle « d’attaque » pour évoquer la présence de manifestants dans l’enceinte du l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris:
« Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre, elles sont la fierté de la République », déclare-t-il à la presse.
Cette version est très vite contredite par les vidéos tournées sur place. Il est obligé de revenir sur ses déclarations, en reconnaissant qu’il n’aurait pas dû parler « d’agression » mais plutôt « d’intrusion violente ». Tandis que l’usage des lanceurs de balles de défense est de plus en plus remis en cause, notamment par l’ONU, Christophe Castaner continue de maintenir la même doctrine du maintien de l’ordre. En avril, l’élu est cette fois critiqué par les ONG qui viennent en aide en migrants, en affirmant que ces dernières sont aussi des « complices » de passeurs.
Décorations polémiques
Jusqu’au soir de la Fête de la musique, où onze jeunes sont tombés dans la Loire après une charge policière à Nantes. Steve Maia Caniço meurt noyé ce soir-là et son corps est retrouvé un mois plus tard.
Un épisode qui serait douloureux pour « le premier flic de France », croit savoir Libération, qui cite l’un des membres de son entourage: « Il est très affecté personnellement par cette histoire. »
Mais dans ce contexte ultra-tendu entre policiers et citoyens, Christophe Castaner commet un nouvel impair, selon ses détracteurs: il décore des responsables de police, soupçonnés d’être à l’origine de violences, dont le commissaire divisionnaire à Nantes, Grégoire Chassaing, qui a donné l’ordre du gazage de jeunes le soir du 21 juin ou le capitaine Bruno Félix, intimement lié à l’enquête sur le décès de Zineb Redouane à Marseille, pour laquelle il a été auditionné.
Ministre « totalement dépassé »
Mardi dernier, alors qu’Edouard Philippe rapportait les conclusions du rapport de l’IGPN sur l’intervention de police à Nantes, Christophe Castaner est apparu silencieux, le visage fermé devant les caméras. Un silence qui surprend pour le deuxième homme du gouvernement, mais de courte durée. Deux jours plus tard, il est à nouveau sous le feu des critiques pour avoir parlé « d’attentat » en évoquant les dégradations commises sur des permanences de députés LaREM.
Un ministre « totalement dépassé » selon Christian Jacob (LR), avec « un rapport extrêmement affaibli avec la population » d’après Alexis Corbière (LFI): les appels à la démission se multiplient à gauche comme à droite de l’échiquier politique. Mais ce dernier a toujours le plein soutien d’Edouard Philippe et Emmanuel Macron. Ils le laissent en premier plan pour l’organisation à haut risque du sommet du G7 à Biarritz le 24 au 26 août, où la présence de militants altermondialistes est fortement redoutés.
À la rentrée, il devra également présenter les conclusions du séminaire sur le schéma national du maintien de l’ordre lancé en juin. Deux dossiers sur lesquels Christophe Castaner sera de nouveau en première ligne.
Source : BFMTV
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